Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
G

Garnier (Marie Joseph François, dit Francis), (suite)

Francis Garnier figure parmi les promoteurs de l'action coloniale de la France. Si l'origine de ses expéditions tient au souci de l'Amirauté d'ouvrir des voies de commerce vers la Chine, lui-même, dans les relations qu'il fait de ses voyages, met en avant la mission civilisatrice du pays. Avec les milieux gambettistes, auxquels il est lié, il participe ainsi à la définition d'un esprit colonial qui trouvera son épanouissement dans la politique de Jules Ferry.

Garnier-Pagès (Louis),

homme politique (Marseille 1803 - Paris 1878).

Il est courtier de commerce à Paris depuis 1825 ; mais il vend sa charge en 1841, quand son frère aîné Étienne - l'un des chefs du mouvement républicain - meurt, et s'engage alors dans la vie politique. Il met son expérience de gestionnaire et ses compétences financières au service du parti républicain, qui compte surtout des avocats ou des journalistes parmi ses dirigeants. Député de l'Eure à partir de 1842, piètre orateur mais combattant tenace, il défend l'idée libérale auprès des républicains, s'opposant aux tenants du socialisme, et œuvre à l'unification des oppositions de gauche face au régime de Juillet. Il représente une voie moyenne entre Ledru-Rollin et Odilon Barrot. Il devient maire de Paris au lendemain de la révolution de février 1848, puis rejoint le Gouvernement provisoire en tant que ministre des Finances. Impuissant face à la crise économique qui secoue alors la France, il se tourne vers des fonctions plus politiques à l'Assemblée constituante et à la Commission exécutive. L'accession au pouvoir de Louis Napoléon Bonaparte le rejette dans l'opposition. Représentant respecté de la génération des républicains quarante-huitards, toujours modéré dans ses idées mais propagandiste infatigable, il est élu au Corps législatif en 1864 contre l'ouvrier Tolain. Il entre au gouvernement de la Défense nationale en septembre 1870, mais son échec aux élections législatives de février 1871 met un terme à sa longue carrière politique.

Gascogne,

région comprise entre la Garonne et les Pyrénées, demeurée longtemps indépendante ou disputée entre la France et l'Angleterre.

Le terme Vasconia, ou « Gascogne », apparaît vers la fin du VIe siècle pour désigner l'ancienne province romaine de Novempopulanie, désormais dominée par le peuple basque, qui reconnaît en 602 la souveraineté franque.

Mais cette soumission demeure théorique, et la Gascogne reste indépendante aux VIIe et VIIIe siècles, en dépit de la création d'un duché (635), puis d'un comté (812), chargés d'intégrer la région au royaume franc. Le destin de la Gascogne est alors davantage lié à celui de la Navarre ou de l'Aragon, du fait de leur proximité géographique et culturelle, qu'à celui des régions plus septentrionales. Aux IXe et Xe siècles, à l'occasion des invasions normandes et du déclin de l'Empire carolingien, les comtes de Grande Gascogne parviennent à imposer leur suprématie sur l'ensemble de la région. En 977, le comte Guillaume Sanche reprend le titre de duc des Gascons. La région participe alors aux entreprises de reconquista dans la péninsule Ibérique, et bénéficie de l'essor du pèlerinage de Compostelle. Cependant, à partir de 1058, la Gascogne est intégrée au duché d'Aquitaine. En 1152, à la suite du mariage d'Aliénor d'Aquitaine avec Henri II d'Angleterre, elle s'agrège aux possessions des Plantagenêts. Du XIIIe au XVe siècle, ses barons profitent toutefois de la rivalité entre les rois d'Angleterre et les rois de France, et de leur situation frontalière, pour conserver une assez large autonomie.

En dépit de son intégration au royaume de France au milieu du XVe siècle, la Gascogne conserve de nombreux particularismes. Au XVIe siècle, l'influence de la maison de Navarre favorise ainsi la diffusion de la Réforme dans la moyenne Garonne. D'autre part, à la fin du XVIe siècle et au XVIIe siècle, la présence, en nombre, dans les armées royales, d'une petite noblesse batailleuse, au verbe méridional, donne naissance, dès le milieu du XVIIe siècle, au type littéraire du Gascon fanfaron, qu'incarnent pour nous les figures de d'Artagnan ou de Cyrano de Bergerac.

gauche

Comme son antonyme « droite », le mot « gauche » acquiert une signification politique durant l'été 1789, lorsque les « patriotes » prennent l'habitude de siéger à gauche du président de l'Assemblée constituante.

L'appellation est devenue courante au XIXe siècle - la « gauche dynastique » sous Louis-Philippe, la « gauche républicaine » de Jules Ferry, dans les années 1870 - et reste revendiquée, au XXe siècle, en France mais aussi dans la plus grande partie du monde, par ceux qui, face à la droite, estiment représenter le changement, le mouvement, la lutte pour un monde meilleur. Cependant, comme la droite, la gauche a toujours été -  et est encore - plurielle. Longtemps, la gauche française s'est définie, en priorité, par l'attachement aux principes de 1789 - les libéraux mettant plutôt l'accent sur la liberté, et les radicaux sur l'égalité - et par la méfiance à l'égard de l'Église catholique, jugée foncièrement hostile à la société moderne. Depuis le milieu du XIXe siècle, toutefois, la « question sociale », liée à la révolution industrielle, a favorisé l'apparition et le développement de nouvelles forces de gauche qui contestent le système capitaliste : le courant socialiste, d'ailleurs très divers, autoritaire ou libertaire, révolutionnaire ou réformiste.

La gauche libérale

Elle est l'héritière des Lumières et de la majorité des « patriotes » de 1789, qui ont voulu régénérer la France en y établissant solidement les libertés, l'égalité des droits et la souveraineté nationale, dans le cadre d'une monarchie constitutionnelle. Dans un premier temps, l'expérience a échoué : opposition du roi et des « aristocrates », radicalisation de la Révolution due à la guerre étrangère et civile, vaines tentatives de stabilisation sous le Directoire, dictature napoléonienne. Hostiles à celle-ci, les libéraux s'opposent ensuite très vite à la Restauration, au nom de la liberté de la presse, de la liberté religieuse (menacée par le « parti prêtre »), de l'égalité des droits (mise en cause par certains ultras) et, finalement, des droits du Parlement (bafoués par Charles X en juillet 1830). Ils peuvent s'appuyer sur la fraction éclairée de la noblesse et sur la plus grande partie de la bourgeoisie, et sont soutenus, lors des Trois Glorieuses, par le peuple de Paris et la majorité de l'opinion. Comme une quarantaine d'années plus tôt, ils se retrouvent alors aux prises avec l'agitation démocratique. Alors que le parti de la Résistance, formé d'ardents défenseurs de l'Ordre, tels Casimir Perier ou Guizot, s'emploie à la réprimer, le libéralisme de gauche (le parti du Mouvement, incluant la « gauche dynastique ») préconise l'élargissement d'un corps électoral étroitement censitaire, ainsi que d'autres concessions visant à écarter le danger d'une révolution nouvelle. Cependant, celle-ci éclate en février 1848 : le parti républicain modéré opère alors une première synthèse entre le libéralisme et la démocratie, symbolisée par l'instauration du suffrage universel masculin. Vouée à l'échec dans la conjoncture troublée du milieu du siècle, cette politique sera consacrée par l'installation et l'ancrage, dans les années 1870 et 1880, de la IIIe République. Gambetta, Jules Ferry et les opportunistes garantissent solidement les principales libertés (de la presse, de réunion, des syndicats), la laïcité de l'enseignement face à l'influence d'un clergé traditionaliste, et souhaitent réaliser l'union sociale grâce à la promotion par l'école.