Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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OAS (Organisation armée secrète),

organisation clandestine créée en 1961 rassemblant les partisans les plus extrémistes de l'Algérie française.

Fondée à Madrid au mois de janvier 1961 par Pierre Lagaillarde et Jean-Jacques Susini, tous deux inculpés lors du « procès des barricades » et en fuite, l'OAS est d'abord dirigée depuis Alger par le général Salan. Alors que la marche de l'Algérie vers l'indépendance semble inéluctable, la naissance de l'OAS consacre l'union des civils et des militaires hostiles à ce processus. Ses deux principaux ennemis sont le général de Gaulle, qu'elle considère comme un traître depuis qu'il a reconnu le droit à l'autodétermination du peuple algérien, et le Front de libération nationale (FLN), dont elle entend pourtant copier les méthodes. Ainsi, l'OAS mène à la fois une action de propagande auprès des Français d'Algérie et un combat militaire et terroriste contre ses adversaires. Au fur et à mesure de la progression des négociations entre le gouvernement français et le FLN, l'OAS multiplie les attentats meurtriers, dont certains visent des soldats du contingent. Mais l'insurrection décrétée par le général Salan après les accords d'Évian (mars 1962) est un échec, et l'OAS, dont les principaux responsables ont été arrêtés, choisit alors la politique de la terre brûlée. Vaincue en Algérie, l'organisation, qui se recompose autour de Georges Bidault et de Jacques Soustelle, tente d'assassiner le général de Gaulle le 22 août 1962 : c'est l'attentat manqué du Petit-Clamart. Massivement condamnés par l'opinion en métropole, les excès de l'OAS ont été, par ailleurs, l'une des causes qui ont contribué à accélérer le départ des Français d'Algérie.

Oberkampf (Christophe Philippe),

fondateur en 1760, à Jouy, près de Versailles, d'une célèbre fabrique de toiles peintes, dites « indiennes de Jouy » (Wiesenbach, aujourd'hui en Bavière, 1738 - Jouy-en-Josas 1815).

Fils d'un teinturier wurtembergeois installé en Suisse, il arrive à Paris en 1758. Mettant opportunément à profit la déréglementation de la production des indiennes, il devient en France l'un des symboles du capitalisme industriel naissant : l'importance du capital-argent nécessaire à la valorisation du capital-technique exige l'association avec plusieurs entrepreneurs (d'abord avec Guerne de Tavannes, puis avec Levasseur et Sarrasin-Demaraise) ; la fabrique, où les contremaîtres surveillent les cadences de travail d'une main-d'œuvre concentrée, est installée à proximité des lieux de consommation (Paris et Versailles), et les produits finis sont peu onéreux. Les toiles de coton (en provenance de Normandie, puis importées d'Angleterre) sont imprimées à Jouy par des cylindres mécaniques - la chimie et l'industrie mécanique sont ainsi mises à contribution -, tandis que des dessinateurs créent des motifs rapidement renouvelables qui font ou suivent la mode.

Marié en 1767 (son épouse tient les écritures de la société), naturalisé français en 1770, l'entrepreneur est anobli en 1787. Deux ans plus tard, il devient seul propriétaire de sa manufacture : d'un capital de 9 millions de livres, elle emploie alors 800 ouvriers et produit 30 000 pièces par an. Les révolutionnaires reconnaissent son utilité, la politique napoléonienne lui est favorable et l'Empereur décore Oberkampf de la Légion d'honneur en 1806. Innovateur au fait des techniques anglaises, il fonde une filature de coton à Essonnes en 1810. Pourtant, la paix de 1815, qui ouvre à nouveau le continent à la puissante industrie textile britannique, met son entreprise en difficulté.

Occupation

De 1940 à 1944, la France subit l'occupation de son territoire par l'armée allemande.

Des précédents historiques existent : de 1815 à 1818, puis en 1870-1873, la France a déjà connu l'humiliation de la défaite et la présence sur son sol des forces qui l'ont vaincue. Mais, pendant la Seconde Guerre mondiale, l'Occupation revêt un caractère particulier par sa durée, sa rigueur, et par son extension géographique, l'ensemble du territoire étant sous le joug allemand à partir de novembre 1942. En outre, elle est marquée par une situation politique inédite, avec la présence d'un gouvernement français qui prétend conduire une politique de collaboration avec l'occupant.

Le cadre de l'Occupation

L'armistice conclu le 22 juin 1940 entre la France et l'Allemagne détermine le cadre juridique de l'Occupation, qui sera néanmoins rapidement dépassé par les Allemands. Au total, le traitement infligé à la France ne sera pas fondamentalement différent de celui imposé à d'autres pays occupés n'ayant pas signé d'armistice (Belgique, Pays-Bas, Norvège).

La France divisée en deux zones.

• L'armistice scinde le territoire métropolitain en une « zone occupée » et une « zone non occupée » (surnommée « zone sud », ou encore « zone nono », par les Français), que sépare une ligne de démarcation. Celle-ci part de la frontière espagnole, remonte vers Angoulême, passe à l'est de Poitiers, oblique vers Tours, Bourges et Moulins, et contourne Dole et Nantua, pour aboutir au lac Léman. La zone occupée couvre donc la façade atlantique depuis Biarritz, le Poitou, le grand Ouest et la totalité du tiers nord-est de la France, c'est-à-dire la partie la plus riche, la plus urbanisée et la plus industrialisée du pays. La zone non occupée quant à elle, correspond à un gros tiers sud-est du pays, du Lyonnais à la Provence et du Limousin aux Alpes. Dans cette portion du territoire, l'armistice laisse subsister un gouvernement français qui est officiellement libre et souverain.

En zone occupée, l'article 3 de la convention d'armistice donne aux Allemands « tous les droits de la puissance occupante ». L'exercice de ces pouvoirs est confié à un gouverneur militaire allemand, qui est installé à Paris. Un représentant (qui n'a pas rang d'ambassadeur) du ministère allemand des Affaires étrangères, Otto Abetz, siégeant lui aussi à Paris, est chargé des relations politiques avec le gouvernement français de Vichy. Ce dernier est autorisé à nommer à Paris un « délégué général », le journaliste proallemand Fernand de Brinon. Mais, en dépit de ses demandes répétées, le gouvernement de Pétain n'obtient pas le droit de s'installer à Paris, et ses fonctionnaires, même de haut rang, sont contraints de solliciter et d'attendre le précieux Ausweis (laissez-passer) pour se rendre en zone occupée et négocier avec les Allemands. Très rares sont les personnalités, tel Laval, qui disposent d'un Ausweis permanent pour franchir la ligne de démarcation. En zone nord, les pouvoirs de l'occupant sont donc quasi illimités. L'administration française (y compris la police et la gendarmerie) est placée sous contrôle allemand, et chacun de ses actes doit être approuvé. Les mesures édictées par le régime de Vichy en zone sud ne sont pas systématiquement appliquées en zone occupée. Ainsi, les Chantiers de la jeunesse ou la Légion française des combattants, derrière lesquels les Allemands soupçonnent des entreprises de reconstruction clandestine de l'armée française, n'y sont pas autorisés. Les Allemands poussent le zèle tatillon jusqu'à interdire les marches chantées des enfants des écoles, qui sont assimilées à des « manifestations politiques ». Dès l'automne 1940, ils imposent, en zone nord, une réglementation antisémite : « aryanisation » d'entreprises détenues par des juifs, interdiction de certains lieux publics, mention distinctive sur les papiers d'identité. Ces mesures sont plus répressives que celles adoptées en zone sud - de son propre chef - par le gouvernement de Vichy (premier statut des juifs en octobre 1940). La censure allemande (Propaganda Abteilung), dépendant du ministère allemand de l'Information (Goebbels), règne en maître sur la presse (écrite et radiodiffusée), l'édition, le cinéma. Marque ultime de leur domination, les Allemands imposent l'heure allemande en France.