Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
J

Juillet (monarchie de). (suite)

La crise du régime s'amorce, dès les années 1840, avec l'émergence d'une opposition catholique (Montalembert, Lacordaire, Veuillot), qui est favorable à la liberté de l'enseignement, et le réveil d'une opinion démocratique qui réclame l'extension du suffrage aux « capacités » et bientôt, le suffrage universel (masculin). La crise économique de 1846, inaugurée par de mauvaises récoltes (la maladie de la pomme de terre, qui est au cœur de la dramatique apparition mariale de La Salette, le 19 septembre 1846), détermine, dans une France encore rurale, une crise industrielle, bancaire et commerciale qui débouche sur des affrontements sociaux. Ainsi, à Buzançais (Indre), trois émeutiers sont condamnés à mort. L'agitation politique est relancée à travers la campagne des banquets conduite par Lamartine et Ledru-Rollin pour l'extension du suffrage électoral, que Guizot refuse obstinément. Le 22 février 1848, le ministre interdit la tenue d'un banquet prévu à Paris. L'émeute éclate. Le roi renvoie Guizot. Des barricades sont dressées dans les quartiers populaires. L'armée tire. Paris se soulève. Le 24 février, Louis-Philippe abdique en faveur de son petit-fils, le comte de Paris ; mais, dans la nuit, la République est proclamée à l'Hôtel de Ville. Ainsi s'effondre, en quelques jours, le régime qui avait tenté de concilier, dix-huit années durant, ordre social et libertés publiques, monarchie et révolution.

juillet 1830 (journées des 27, 28 et 29),

dites aussi Trois Glorieuses, révolution parisienne qui met un terme au règne de Charles X et conduit à l'avènement de Louis-Philippe Ier.

Les ferments d'une révolution.

• Dans un contexte de dépression économique marqué par une animosité grandissante à l'égard d'une politique de plus en plus réactionnaire, Charles X et le prince de Polignac entrent en conflit ouvert avec la Chambre des députés au printemps 1830. Pour donner un coup d'arrêt à la progression de l'opposition parlementaire, quatre ordonnances - dont l'une porte atteinte à la liberté de la presse, et une autre modifie le système électoral - sont signées le 25 juillet. Leur parution le lendemain dans le Moniteur universel est aussitôt suivie d'une protestation vigoureuse de la part de députés et de journalistes libéraux : Thiers fait publier dans le National un texte affirmant que « l'obéissance cesse d'être un devoir ». Dans les rues de la capitale se forment des attroupements constitués, notamment, d'ouvriers imprimeurs et d'étudiants. Les premières échauffourées sérieuses éclatent dans la journée du 27, aux environs du Palais-Royal et de la rue Saint-Honoré. Les presses des journaux d'opposition sont saisies ; l'état de siège est proclamé, tandis que les quartiers populaires entrent en ébullition. Le 28 juillet, le centre et l'est de Paris sont couverts de barricades.

La chute du régime.

• Désigné le 27 juillet pour réprimer les troubles, le maréchal Auguste de Marmont décide de dégager la capitale en mobilisant quelques colonnes armées. Cette tactique se révèle désastreuse face à un ennemi insaisissable. Les barricades éventrées par la troupe se reforment après son passage. Du haut des immeubles pleuvent les projectiles. Devant la menace d'un encerclement, l'armée doit battre en retraite vers les Tuileries et le Louvre. Depuis Saint-Cloud, le roi promet qu'il accordera son pardon aux insurgés repentants. Peine perdue : les fleurs de lys qui ornent les monuments ou les plaques des diligences sont brisées, et des drapeaux tricolores sont hissés au sommet de Notre-Dame et sur l'Hôtel de Ville. Le 29 juillet, plusieurs régiments font défection ; le Louvre est envahi ; les troupes fidèles à Charles X se retirent de Paris. Les combats font au total près d'un millier de morts. Un groupe de députés libéraux, réunis autour de Jacques Laffitte, comprend que le pouvoir est à sa portée, à condition de prendre de vitesse les républicains, qui, au même moment, s'organisent sous la direction de Bastide et de Godefroy Cavaignac. Les députés désignent les cinq membres d'une commission municipale (Laffitte, Perier, de Schonen, Lobau, Audry de Puyraveau) ; La Fayette reçoit le commandement de la Garde nationale. Lorsque Charles X se résout à retirer les ordonnances et à se séparer de Polignac, il est déjà trop tard.

La solution orléaniste.

• Après de multiples tractations, et sous l'influence de Thiers, journalistes et députés décident de faire appel au duc d'Orléans. Celui-ci, pensent-ils, protègera la France d'un retour à l'Ancien Régime et du danger républicain. Le 31 juillet, le duc d'Orléans accepte la charge de lieutenant général du royaume, et obtient le soutien décisif de La Fayette : les deux hommes apparaissent au balcon de l'Hôtel-de-Ville et se donnent l'accolade dans les plis d'un drapeau tricolore. Le 7 août, les Chambres réunies proposent la couronne au duc d'Orléans, et lui soumettent une Charte révisée. Le règne de Louis-Philippe Ier, roi selon la Charte, roi des Français, commence officiellement le 9 août.

Les Trois Glorieuses permettent à la France de connaître pour la première fois de son histoire une véritable monarchie parlementaire, et le champ des libertés individuelles s'élargit. La victoire face à Charles X ne s'accompagne pourtant pas des changements sociaux espérés par une bonne partie des combattants des barricades. Dès les premiers mois de son existence, cette nouvelle monarchie née d'une révolution doit affronter les conséquences de cette légitimité incertaine. (Voir illustrations page 1093.)

Juin (Alphonse),

maréchal de France (Bône, aujourd'hui Annaba, Algérie, 1888 - Paris 1967).

Sorti major de Saint-Cyr, il sert au Maroc (1912-1914), puis participe à la Première Guerre mondiale. Après avoir pris part à la guerre du Rif (1925) et exercé les fonctions de chef du cabinet militaire du résident général à Rabat, il est nommé général de brigade en 1938. En 1940, il commande la 15e division motorisée et couvre la retraite de la Ire armée vers Dunkerque. Fait prisonnier par les Allemands (30 mai), il est libéré à la demande du gouvernement de Vichy (juin 1941) et remplace bientôt Weygand comme commandant en chef des forces d'Afrique du Nord. À la suite du débarquement allié (novembre 1942), il se rallie à Giraud (il est alors général d'armée). Dirigeant les forces françaises en Tunisie, il entre dans Tunis, puis forme le corps expéditionnaire français d'Italie : les victoires de Cassino et de Garigliano, en mai 1944, ouvrent la route de Rome aux Alliés (juin). Résident général au Maroc (1947-1951), il s'oppose aux partisans de l'indépendance, puis occupe un haut poste de commandement au sein de l'OTAN (1951-1956). Il est élevé à la dignité de maréchal de France en 1952. Toutefois, attaché à l'Algérie française, il exprime son hostilité à la politique d'autodétermination, ce qui lui vaut d'être mis à la retraite par le général de Gaulle en 1962.