Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
T

Tène (La),

site archéologique des bords du lac de Neuchâtel, en Suisse, qui a donné son nom au second âge du fer (vers 480 avant J.-C.-vers 50 avant J.-C.).

Un site, une culture.

• Le site même de La Tène, découvert en 1857 sur la commune de Marin-Épagnier, semble avoir revêtu un caractère cultuel. Plus de 2 500 objets - dont un grand nombre d'armes -, datant pour l'essentiel des IIIe et IIe siècles avant J.-C., ainsi que des squelettes d'animaux et d'humains ont été mis au jour dans ce lieu marécageux auquel on accédait par deux ponts de bois. Le nom de « La Tène » a été par la suite employé pour désigner l'ensemble du second âge du fer. Toutefois, il caractérise plus spécifiquement une civilisation particulière du second âge du fer, qui s'étend au nord des Alpes depuis le Bassin parisien jusqu'à la Bohême, et qu'on estime généralement être celles des Celtes historiques. De ce point de vue, la culture ou civilisation de La Tène fait suite, sans rupture, à la culture de Hallstatt. Le passage de l'une à l'autre est marqué par un événement historique et social : l'effondrement des « résidences princières », et la disparition de l'artisanat et du commerce somptuaires qui leur étaient liés.

Expansion et migrations.

• La culture de La Tène est traditionnellement divisée en trois périodes, qui ont reçu des dénominations diverses. Le début de la première, ou période de La Tène ancienne (dite aussi « A-B » ou « I »), est marqué par un retour à des formes sociales plus simples, dont témoignent les faibles différences observées dans le mobilier funéraire. Vers la fin du Ve siècle avant J.-C., néanmoins, de riches tombes apparaissent de nouveau, caractérisées dans l'est de la France par la déposition d'un char de guerre et par la présence d'objets d'artisanat de luxe, notamment vaisselle en bronze et ornements des chars et des chevaux. C'est au début du IVe siècle que les populations celtiques, confinées à l'origine dans le même territoire que celui de la culture de Hallstatt (soit la moitié orientale du Bassin parisien, l'Allemagne du Sud, la Suisse et la Bohême), entreprennent des migrations dans différentes directions. Ces migrations sont bien attestées par les auteurs antiques lorsqu'ils évoquent le fameux siège de Rome par les Gaulois, les menaces sur Delphes (Grèce), ou l'installation des Galates en Turquie. Elles sont confirmées par l'archéologie, qui constate dans de nombreuses régions du sud et de l'est de l'Europe la présence d'objets laténiens ou celtiques traditionnels. Seule reste discutée l'importance démographique de ces déplacements selon les régions, en particulier le midi de la France et les îles Britanniques. Un art celtique s'épanouit à cette époque, qui s'exprime dans la production d'objets de prestige et de parures caractérisés par une ornementation géométrique curviligne.

Stabilisation et déclin.

• Vers le milieu du IIIe siècle avant J.-C., les mouvements de population sont stabilisés, voire refluent dans certaines régions, tel le nord de l'Italie : c'est le début de la deuxième période de La Tène, ou La Tène moyenne (« C » ou « II »). Faute de territoires d'expansion, les sociétés laténiennes se réorganisent. Émergent alors des centres proto-urbains (les oppidums), qui conduisent à la constitution de véritables États. Ce processus est plus net encore dans le Midi, qui subit la forte influence des colonies grecques installées sur le littoral et du commerce d'origine grecque ou italique. Les premières monnaies - un support supplémentaire de l'art celtique - font leur apparition.

La dernière période de La Tène, ou La Tène finale (« D » ou « III »), s'étend de la fin du IIe siècle au troisième quart du Ier siècle avant J.-C. Les États celtiques constitués connaissent des tensions internes et doivent faire face également à la pression des peuples germaniques au nord, mais surtout à l'expansionnisme romain. Ces tensions débouchent sur la conquête de la Gaule par César, entre 58 et 51 avant J.-C.

Terray (Joseph Marie, dit l'abbé),

ecclésiastique et homme politique, contrôleur général des Finances de 1769 à 1774 (Boën, Loire, 1715 - Paris 1778).

Cadet d'un fermier général directeur des gabelles de Lyon anobli en 1720, il est destiné à la cléricature, et rejoint à Paris son oncle, François Terray, médecin et conseiller au parlement de Paris, auquel il succède comme conseiller-clerc (1736). Il devient, après 1756, le rapporteur de la cour pour les affaires financières, et joue un rôle dans l'expulsion des jésuites (1764), recevant, en récompense, le bénéfice de l'abbaye de Molesme. Proche de Maupeou, premier président au parlement de Paris devenu chancelier en 1768, il est nommé contrôleur général des Finances (décembre 1769) puis ministre d'État (février 1770). Il est aussi secrétaire d'État de la Marine par intérim (1770-1771), directeur général des Bâtiments du roi (1773-1774), et secrétaire-commandeur des Ordres du roi (1770-1774). Avec Maupeou et le duc d'Aiguillon, il forme une sorte de « triumvirat », qui domine le Conseil royal de 1771 jusqu'à la mort de Louis XV (mai 1774). En fournissant les fonds nécessaires au rachat des offices judiciaires et à la rémunération des magistrats des nouvelles cours de justice, il soutient le « coup de majesté » qui, en 1771-1772, balaie l'institution parlementaire en organisant une administration judiciaire.

L'« abbé vide-gousset » - comme on le surnomme - renfloue fermement un Trésor grevé des dépenses de la guerre de Sept Ans. Parallèlement à l'emprunt (le premier lancé officiellement à l'étranger), il recourt aux expédients traditionnels : réduction de pensions et de rentes, suspension de l'amortissement des dettes, nouvelles taxes sur divers produits, imposition des bénéfices de la Ferme générale (il augmente son bail lors du renouvellement de 1774), prorogation des deux vingtièmes. Après l'élimination des parlements, il révise les rôles des vingtièmes (1771), établit une taille tarifée (proportionnelle aux revenus) dans la généralité de Paris (1772). En revanche, la cour s'oppose à la conversion de la corvée royale en taxe et à la réduction du nombre de parties prenantes au bail de la Ferme générale. De mauvaises récoltes le font revenir, en 1770-1771, sur les dispositions qui avaient instauré la libre circulation des grains en 1763-1764 ; il constitue des stocks, destinés, grâce à une régie des blés, à réguler le marché en cas de disette : ses adversaires dénoncent alors calomnieusement un « pacte de famine », faisant croire à l'organisation d'un monopole du commerce des grains censé renflouer le Trésor au détriment de la population.