Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
G

Guillaumin (Émile), (suite)

Littéraire et militante, l'œuvre de Guillaumin - qui ne cachait pas sa sensibilité socialiste - est, aux yeux des sociologues et des historiens, non seulement un témoignage fécond mais aussi un aiguillon qui a pu avoir un impact dans l'évolution des mentalités paysannes et de leur représentation au XXe siècle.

guillotine,

instrument de décapitation des condamnés à mort, en usage de 1792 à 1981.

La guillotine, conçue sous la Révolution, devient vite un symbole monstrueux et fantastique, bien éloigné de sa vocation « humanitaire » première : c'est en effet dans le but d'abréger les souffrances des condamnés que, le 1er décembre 1789, Joseph Ignace Guillotin, médecin et député de Paris, propose à la Constituante d'utiliser une machine à décapiter alliant précision et rapidité. Il s'agit de mettre fin aux supplices d'Ancien Régime, de substituer aux horreurs de la roue ou du bûcher, mais aussi au privilège de la peu fiable décapitation à l'épée - réservée à la noblesse - et à l'infamie de la pendaison, un mode d'exécution conforme à « l'âge de la Raison et de l'Égalité ». Toutefois, nombreux sont ceux qui contestent, dès sa création, l'instantanéité de la mort par guillotine. En mars 1792, c'est le docteur Antoine Louis, membre de l'Académie de chirurgie, qui conçoit l'appareil. Contacté par la Législative après le vote du Code pénal, en septembre 1791, celui-ci s'inspire de dispositifs qui existaient en Europe dès le XIIe siècle, et perfectionne le système utilisé en Écosse (maiden).

La première exécution par décapitation mécanique - celle d'un voleur nommé Pelletier - a lieu le 25 avril 1792 à Paris, et la première « guillotinade » politique, le 21 août suivant, au lendemain de la chute de la monarchie. Cependant, la brièveté de l'exécution et le manque de visibilité appauvrissant le caractère démonstratif et réparateur du châtiment réservé aux ennemis de la Révolution, les révolutionnaires inventent pour le « glaive de la liberté » un rituel théâtral (exposition permanente de l'échafaud, lent parcours en charrette, exhibition de la tête coupée). Avec les exécutions en série - les fournées - de la Grande Terreur (juin 1794), le « rasoir national », la « Sainte Guillotine », qui produit des flots de sang et provoque la superstition et la férocité des spectateurs, devient ce monstre froid et infernal dénoncé après Thermidor, image barbare et réductrice de la Terreur, de la Révolution elle-même, voire de la République. Aussi la guillotine n'est-elle plus dressée au centre de la capitale (place de la Révolution, actuelle place de la Concorde) dès juin 1794.

Par la suite, devenue un instrument non plus politique mais social, « la veuve » est peu à peu soustraite aux yeux du public. Elle est placée aux portes des villes en 1832, puis devant l'entrée des prisons en 1851 ; l'échafaud sur lequel elle était juchée est supprimé en 1872 ; elle ne fonctionne plus qu'à l'intérieur des lieux de détention à partir de 1939, la peine de mort perdant alors en grande partie le caractère exemplaire que revendiquent ses partisans.

Guinegatte (bataille de),

bataille qui oppose l'armée de Louis XI à celle de Maximilien de Habsbourg, le 7 août 1479, près de Saint-Omer, et dont l'enjeu est le contrôle des États bourguignons.

Après la mort du duc de Bourgogne Charles le Téméraire, devant Nancy, le 5 janvier 1477, Louis XI fait occuper la plupart des États du duc, c'est-à-dire le duché et le comté de Bourgogne, la Picardie, l'Artois, le Hainaut et le Luxembourg. Les prétentions territoriales de Louis XI n'ont toutefois aucune légitimité juridique, puisque le roi rejette l'idée d'un mariage entre la fille héritière du défunt duc, Marie de Bourgogne, et son propre fils, le dauphin Charles. En effet, seule cette union pourrait fonder en droit l'annexion de l'héritage bourguignon. Le 19 août 1477, Marie épouse Maximilien de Habsbourg, fils de l'empereur germanique Frédéric III, qui prend à son compte les intérêts bourguignons et bénéficie du soutien de la noblesse et de plusieurs villes, telles que Arras ou Dijon. La guerre se déroule alors en Picardie et en Artois.

Le 7 août 1479, à Guinegatte, l'armée de Maximilien contraint les Français à la retraite ; mais, épuisée par le combat, elle ne peut exploiter sa demi-victoire. Maximilien doit finalement négocier, en raison du décès accidentel de Marie de Bour-gogne (27 mars 1482), de ses difficultés financières et de l'hostilité de la Flandre à sa politique. Par le traité d'Arras (23 décembre 1482), Louis XI obtient le duché de Bourgogne et la Picardie, et consent au futur mariage du dauphin avec Marguerite d'Autriche, fille de Marie et de Maximilien, dont la dot sera constituée de l'Artois et du comté de Bourgogne - les noces ne seront toutefois jamais célébrées. En dépit de l'échec militaire de Guinegatte, Louis XI est parvenu à s'emparer d'une grande partie de l'héritage bourguignon. Mais le mariage de Marie avec Maximilien ayant permis aux Habsbourg de s'implanter aux Pays-Bas, la bataille de Guinegatte inaugure le long conflit qui opposera cette dynastie à celle des Valois.

Guise (François Ier

de), deuxième duc de Guise (Bar-le-Duc 1519 - Saint-Mesmin 1563), fils de Claude Ier de Lorraine et d'Antoinette de Bourbon.

Il se distingue très vite par ses faits d'armes, qui lui valent une réputation européenne. Contre les forces impériales de Charles Quint, il défend vaillamment, en 1552, la ville de Metz annexée par Henri II. En 1556, il prend la direction des troupes envoyées en Italie au secours de Paul III, dont les États viennent d'être envahis par les troupes du duc d'Albe ; mais il échoue dans la conquête du royaume de Naples. Rappelé en France en 1557, après la défaite du connétable de Montmorency à Saint-Quentin, face aux Espagnols, il est nommé lieutenant général du royaume. Il parvient à redresser la situation militaire et, au terme d'un siège de six jours, prend la ville de Calais, sous domination anglaise depuis 1347.

Après la mort d'Henri II, l'accession au trône de François II, son neveu par alliance, donne à François de Guise ainsi qu'à son frère Charles, cardinal de Lorraine (1524-1574), l'occasion de contrôler la politique royale ; le jeune roi, malade, n'exerce, pendant les quelques mois de son règne, qu'une autorité nominale. Poursuivant une politique de persécution du protestantisme amorcée par Henri II, les deux frères punissent cruellement les conjurés d'Amboise (1560) et font condamner à mort Louis de Condé, chef du parti huguenot ; celui-ci ne doit son salut, à la fin de l'année 1560, qu'à la disparition brutale de François II.