Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
A

Arvernes,

peuple gaulois qui occupait à peu près l'Auvergne actuelle, à laquelle il a laissé son nom.

Les Arvernes sont signalés par les historiens grecs et latins dès la fin du IIIe siècle avant J.-C., lorsqu'ils aident les troupes du Carthaginois Hasdrubal Barca à traverser le Languedoc pour prendre les Romains à revers. Ces historiens décrivent aussi les fastes du roi arverne Luerr, offrant à son peuple des fêtes de plusieurs jours durant lesquels le vin coule à flots, ou jetant du haut de son char des poignées de pièces d'or. De fait, les Arvernes semblent avoir très anciennement adopté l'usage de monnaies, dont les premiers exemplaires sont copiés sur des statères d'or de Philippe de Macédoine, sans doute parvenus jusque-là à la faveur d'équipées guerrières. Lors de la conquête de la Provence et du Languedoc, qui deviendront la province romaine de Narbonnaise en 121 avant J.-C., les Romains doivent d'abord affronter les Arvernes et leur roi, Bituit, fils de Luerr. Vaincu, celui-ci est emmené prisonnier à Rome. Ainsi s'achève l'hégémonie arverne sur le midi de la France.

Mais, à partir de 58 avant J.-C., lorsque César soumet la Gaule, les Arvernes restent les derniers à résister (jusqu'en - 53). Ce n'est donc pas un hasard si c'est un jeune aristocrate arverne, Vercingétorix, qui prend la tête d'une coalition comprenant une bonne partie des peuples gaulois déjà soumis. Après de premiers revers, marqués par les prises de Cenabum (Orléans) et d'Avaricum (Bourges), Vercingétorix parvient cependant à défaire César devant Gergovie, la capitale arverne, entraînant avec lui le reste des peuples gaulois - et notamment les Éduens, alliés de Rome et traditionnels rivaux des Arvernes. Mais Vercingétorix est à son tour assiégé dans Alésia, contraint à la reddition, puis exécuté. Après cette victoire définitive, César aura néanmoins l'habileté de dispenser les Arvernes de payer tribut, préparant le ralliement à Rome de leurs responsables, dont le notable proromain Epasnactos fournit l'exemple type.

L'archéologie a révélé en pays arverne un peuplement dense, mais éparpillé en une poussière de hameaux aux IIIe et IIe siècles avant J.-C. C'est seulement au début du Ier siècle avant J.-C. qu'apparaissent les premières organisations urbaines, comme, dans la plaine de Clermont-Ferrand, les oppidums successifs de Corent, Gondole et enfin Gergovie, la capitale, remplacée à l'époque romaine par Augustonemetum - l'actuelle Clermont-Ferrand.

asile (droit d'),

dans l'Antiquité et au Moyen Âge, droit pour celui qui est poursuivi, que ce soit par des ennemis personnels ou par la force publique, de se réfugier dans un lieu sacré.

La tradition en est très ancienne, puisqu'on se réfugiait déjà dans les temples des dieux romains, mais cette coutume ne fut reconnue par une constitution impériale qu'en 419. Le développement du droit d'asile dans les églises chrétiennes est lié à celui du culte des saints et au mouvement de la Paix de Dieu, qui lui donne son plus grand essor : tous les conciles du XIe siècle renouvellent le canon qui protège la personne ayant trouvé refuge dans une église contre toute forme de violence. Le deuxième concile du Latran (1139) étend ce privilège à tous les lieux sacrés et à leurs dépendances. Cette idée de l'inviolabilité de certains lieux est à l'origine des villages du Sud-Ouest dénommés « sauveté » et créés par des seigneurs ecclésiastiques. Le droit d'asile n'a cependant pas pour effet de soustraire le criminel à la justice : celui qui est reconnu coupable ne peut espérer qu'un adoucissement de la peine prévue, après l'intervention de l'Église auprès du juge. En outre, à partir du XIIIe siècle, le pape dresse une liste des exceptions, c'est-à-dire des types de crimes et délits pour lesquels on ne peut bénéficier en aucun cas du droit d'asile, liste qui ne cessera de s'allonger. Quand l'édit de Villers-Cotterêts (1539) abolit l'asile en matière civile et criminelle, il ne fait qu'entériner la disparition de ce droit dans la pratique.

Assemblée du 10 juillet 1940,

réunion des deux Chambres pour le vote des pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Faire table rase de la IIIe République, tenue pour responsable de la défaite, constitue sans nul doute le premier objectif du maréchal Pétain et de ses proches au cours de l'été 1940.

Après avoir projeté de mettre le Parlement en vacances pour une durée indéterminée, l'entourage de Philippe Pétain, gagné aux idées de Laval et de Raphaël Alibert, souhaite obtenir du Parlement qu'il se saborde, puis élabore une nouvelle Constitution.

Le 9 juillet 1940, les deux Chambres, réunies séparément à Vichy, où s'est réfugié le gouvernement, votent à une écrasante majorité l'article unique d'un projet de loi annonçant qu'« il y a lieu de réviser les lois constitutionnelles ». Les menaces de mort proférées contre certains parlementaires, notamment Pierre Cot et Henri de Kérillis, l'absence des dirigeants traditionnels - Jean Zay, Édouard Daladier, Georges Mandel ou Pierre Mendès France sont partis sur le Massilia vers Casablanca, où ils sont assignés à résidence -, en d'autres termes, un climat général de peur, d'aveuglement et d'ambitions personnelles explique le vote des pleins pouvoirs constituants en faveur du maréchal Pétain le 10 juillet. L'adhésion des parlementaires présents est massive : aux 569 voix favorables au nouveau régime (dont la plupart des socialistes et des radicaux) ne s'opposent que 80 voix (en majorité de la SFIO et du Parti radical), et l'on dénombre 20 abstentions. À partir de ce moment, comme le précise le rapporteur du projet, « le gouvernement du maréchal Pétain reçoit les pleins pouvoirs exécutif et législatif [...] sans restriction, de la façon la plus étendue ». Seule limite, à la date du 10 juillet, interdiction est faite à Philippe Pétain de déclarer la guerre sans l'assentiment des Chambres.

Par la suite, la légalité du vote du 10 juillet 1940 sera contestée, notamment par les gaullistes. Le non-respect de la procédure ou l'amendement d'août 1884 interdisant de remettre en cause la forme républicaine du régime sont les principaux arguments avancés. On ne saurait, pour autant, sous-estimer le mélange de résignation et de consentement des parlementaires présents à Vichy, qui furent, ce jour-là, plus conscients de brader la République que victimes d'un traquenard. Et même si l'armistice signé à Rethondes le 22 juin a constitué, somme toute, une rupture plus importante, le vote du 10 juillet 1940 n'en a pas moins facilité l'installation du régime pétainiste en lui donnant l'apparence de la légalité.