Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
F
F

Fabre d'Églantine (Philippe François Nazaire Fabre, dit),

auteur dramatique et homme politique (Carcassonne, Aude, 1750 - Paris 1794).

Poète et comédien, auteur de la romance Il pleut, il pleut, bergère, Fabre d'Eglantine mène longtemps une vie d'artiste sur les routes de France, avant de s'établir à Paris en 1787. Si les pièces de théâtre de ce séduisant aventurier ne rencontrent de succès que sous la Révolution (le Philinte de Molière, 1790), il doit surtout sa célébrité aux noms des mois et des jours du calendrier républicain dont il est l'auteur.

Ami de Danton, un temps secrétaire du ministre de la Justice, puis député à la Convention en 1792, il ne joue guère de rôle politique. En octobre 1793, stigmatisant l'agiotage, il présente à la Convention, qui l'adopte, un projet de liquidation de la Compagnie des Indes. En fait, il ne s'agit de sa part que d'une manœuvre destinée à faire baisser les actions de la société afin de les racheter à bas prix, Fabre falsifiant le texte de liquidation, qui maintient en définitive la compagnie. Cette retentissante affaire, qui lui vaut d'être arrêté en janvier 1794, permet de discréditer Danton lors du procès des indulgents, auquel comparaissent également Fabre et ses complices. Condamné à mort, Fabre d'Églantine est guillotiné le 5 avril 1794.

fabrique,

groupement de laïcs chargé, au Moyen Âge et à l'époque moderne, de la gestion financière d'une paroisse, d'un chapitre ou d'une œuvre de construction religieuse.

À un niveau modeste - celui d'une fabrique de village -, les fabriciens (que l'on appelle parfois des marguilliers) s'occupent du mobilier et du luminaire de l'église ; mais ils peuvent également décider, financer et mettre en œuvre sa construction. Le cas est fréquent au XIIIe siècle, où la fabrique fait souvent figure de modèle pour la mise en place d'institutions communautaires et participe ainsi à la « paix au village ».

Ce phénomène prend une tout autre ampleur en ville, en particulier lors de la construction de cathédrales. Celles-ci sont, par définition, les églises des évêques et de leur chapitre. Mais elles exigent, dès le XIIIe siècle, la mise en place d'administrations complexes chargées à la fois de collecter les recettes et de financer le chantier : les fabriques des cathédrales sont parmi les plus importantes des entreprises de l'économie médiévale. Leur puissance financière en fait un enjeu important des concurrences politiques entre l'évêque, le chapitre et la communauté urbaine. Il n'est pas rare, à partir du XIVe siècle, que les élites urbaines parviennent à contrôler les fabriques. Ainsi, celle de la cathédrale de Strasbourg est-elle intégrée dans les institutions municipales à la fin du XVe siècle ; elle y jouit, aujourd'hui encore, d'un statut particulier (défini en 1803) qui garantit ses responsabilités en matière d'entretien et de restauration, ainsi que ses revenus et propriétés, telle cette « maison de l'œuvre » construite à la fin du XIIIe siècle non loin de la cathédrale, et qui accueille désormais son musée.

Fachoda (incident de),

incident colonial survenu au Soudan, qui oppose la France et l'Angleterre, et est à l'origine d'une grave crise diplomatique entre les deux pays (septembre 1898-mars 1899).

C'est au début des années 1880 que les puissances coloniales européennes commencent à s'intéresser à la zone du Sahara et du Soudan : tandis que la France espère unifier ses colonies en un seul vaste bloc territorial étendu d'ouest en est, l'Angleterre souhaite établir une voie nord-sud reliant ses possessions africaines ; en outre, pour assurer la sécurité de son protectorat d'Égypte, elle entend contrôler la haute vallée du Nil. Elle est repoussée une première fois du Soudan en 1883-1884 par l'offensive des religieux musulmans mahdistes. En 1896, elle en décide la reconquête, après la défaite italienne à Adoua contre les Éthiopiens, et à la suite de la multiplication des missions françaises d'exploration en direction du Nil supérieur. La France, en effet, n'a toujours pas accepté la mainmise de l'Angleterre sur l'Égypte, et elle n'entend pas lui laisser élargir sa zone d'influence dans ce pays sans contrepartie. Aussi laisse-t-elle ses expéditions « scientifiques » en Afrique centrale se prolonger jusqu'au Soudan, dans l'espoir de se saisir d'un gage.

En juillet 1898, la mission du capitaine Jean-Baptiste Marchand, partie du Gabon, atteint Fachoda, sur la rive gauche du haut Nil, et y construit un fortin sous pavillon français. Au mois de septembre, les troupes anglo-égyptiennes de lord Kitchener, qui ont entrepris de reconquérir le Soudan en remontant le Nil, y installent un détachement. Marchand refuse de quitter les lieux, et l'incident se transforme en crise diplomatique. Delcassé, ministre des Affaires étrangères, lord Salisbury, en charge du Foreign Office, échangent ultimatums et mises en garde, tandis que les journaux se déchaînent. Finalement, le gouvernement français, conscient qu'une guerre avec l'Angleterre, sans appui extérieur, risque d'être désastreuse, cède. Le 3 novembre 1898, il ordonne l'évacuation de Fachoda. Un accord franco-britannique, signé en mars 1899, vient clore la crise, accordant à l'Angleterre la vallée du haut Nil.

L'incident de Fachoda reste l'un des moments de tension les plus aigus entre les deux puissances au tournant du XXe siècle ; né d'une rivalité coloniale, il a provoqué une montée du nationalisme parmi les opinions publiques française et anglaise, qui exprimeront un fort ressentiment réciproque, avant que l'apaisement diplomatique ne conduise à la conclusion de l'Entente cordiale, en 1904.

faide royale,

expression tirant son origine du terme germanique faida, et qui désigne, dans la société franque, la vengeance privée exercée par le clan familial en vertu des liens du sang.

Elle fait référence à la guerre civile qui oppose les petits-fils de Clovis, et qui déchire la famille royale mérovingienne entre 570 et 613.

Les origines de la faide.

• En 561, le royaume franc est partagé entre les petits-fils de Clovis, Charibert, Gontran et Sigebert Ier, et leur demi-frère Chilpéric Ier. Dès 567, la mort de Charibert et la répartition de son héritage suscitent des tensions entre Chilpéric Ier, roi de Neustrie, et Sigebert Ier, roi d'Austrasie. Ces derniers se sont mariés avec les deux filles du roi de l'Espagne wisigothique, Galswinthe et Brunehaut. En 570, Chilpéric confisque la dot de sa femme Galswinthe, et fait assassiner celle-ci pour épouser son ancienne concubine, Frédégonde. Sigebert et Brunehaut, respectivement beau-frère et sœur de la victime, décident alors de laver l'affront qui leur a été fait et guerroient contre Chilpéric. Plusieurs campagnes militaires jalonnent les années 570-575, mais, en 575, Sigebert est assassiné par des hommes de Chilpéric ; il laisse une veuve et un fils, proclamé roi d'Austrasie sous le nom de Childebert II, tous deux déterminés à venger Sigebert. La rivalité entre les deux demi-frères, dont l'enjeu était d'abord territorial, s'est donc transformée en guerre fratricide, entretenue par le cycle sans fin de la faide.