Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
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presse (suite)

Depuis une quarantaine d'années, ces phénomènes ont eu tendance à s'accentuer. Les puissants groupes financiers se sont imposés à la presse. La crise des quotidiens parisiens à vocation nationale s'est accentuée ; de tous les titres fondés depuis 1968, seul Libération (créé en 1973) est parvenu à traverser le temps. Les coûts de fabrication, la concurrence sur le marché publicitaire, les retards pris dans la modernisation des entreprises, les difficultés à proposer au public une information originale face aux appétits des médias audiovisuels, expliquent en grande partie ce recul permanent.

L'évolution des quotidiens régionaux est plus nuancée : certains, parvenus à un stade de quasi-monopole, affichent une belle réussite, tel Ouest-France, premier quotidien français, avec près de 800 000 exemplaires. Les hebdomadaires politiques, transformés sous l'influence anglo-saxonne en news magazines, conservent un certain dynamisme. Mais le phénomène nouveau apparu dans la presse française est la percée des publications spécialisées, quotidiennes (l'Équipe, la Tribune), hebdomadaires (magazines de télévision), ou mensuelles. De nos jours, plus du tiers des journalistes travaillent pour un périodique spécialisé, technique ou professionnel, destiné au grand public.

À l'aube du XXIe siècle, la presse écrite se trouve confrontée à un triple défi : l'adaptation technologique - processus déjà largement amorcé -, l'émergence des journaux gratuits et la reconquête d'une opinion dont les sondages indiquent qu'elle n'accorde plus qu'une confiance parcimonieuse aux journaux.

prêtres-ouvriers,

prêtres catholiques qui partagent la vie des travailleurs afin de rechristianiser les milieux ouvriers.

Dans l'entre-deux-guerres, un débat - étayé par de nombreuses enquêtes - s'ouvre dans les milieux ecclésiastiques portant sur l'ampleur du détachement religieux des populations. Or, durant la Seconde Guerre mondiale, des prêtres sont mobilisés, et nombre d'entre eux font l'expérience de la captivité ou du service du travail obligatoire (STO). Ils exercent leur ministère en étant immergés « dans la masse » et constatent combien l'indifférence religieuse y est un sentiment répandu, malgré l'apostolat très actif mené, depuis les années 1920, par différents mouvements laïcs, telles la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) ou la Jeunesse agricole chrétienne (JAC). Avec le choc de la guerre, l'image d'une France terre de mission s'impose donc peu à peu. Une enquête est d'ailleurs publiée par les abbés Godin et Daniel en 1943 sous le titre la France, pays de mission ?.

Sous l'égide du cardinal Suhard, archevêque de Paris, le haut clergé crée la Mission de France (1941), puis la Mission de Paris (1943), dont l'objectif est de former des prêtres pour reconquérir les milieux déchristianisés. Persuadé que l'action ne sera efficace qu'au contact direct des travailleurs, Suhard autorise ses missionnaires à se faire embaucher dans les usines : les prêtres-ouvriers sont nés. En 1949, la mission compte 19 communautés rurales, 16 communautés urbaines et 17 prêtres-ouvriers.

Ce partage de la vie ouvrière n'est pas sans conséquence : travailleur parmi d'autres, le prêtre perd son statut ; il participe peu ou prou aux luttes syndicales ou politiques. Cet engagement temporel est critiqué par les milieux conservateurs de l'Église, et dénoncé par Pie XII qui, en 1953, ordonne de rappeler les prêtres-ouvriers. Les évêques de France tentent de concilier l'obéissance au pontife et la poursuite de la mission, en autorisant le travail des prêtres à temps partiel et en créant la Mission ouvrière (1955), chargée de coordonner et d'encadrer les actions. Mais, en 1959, le pape Jean XXIII renouvelle l'interdiction. L'issue de la crise viendra du concile Vatican II, qui permet un nouveau départ ; le nombre de prêtres ouvriers augmente alors nettement, avant que ne s'engage un nouveau mouvement à la baisse. Ils étaient environ 540 en France en 1997.

Prévost-Paradol (Lucien Anatole),

publiciste et homme politique (Paris 1829 - Washington 1870).

Il est le fils de Mme Paradol, une actrice de la Comédie-Française ; il poursuit des études brillantes : en 1849, il est admis à l'École normale supérieure, où il se lie avec Taine. Professeur à Aix-en-Provence en 1855, il démissionne l'année suivante pour retourner à Paris et se consacrer au journalisme, assurant rapidement la rédaction du bulletin politique du Journal des débats. En 1860, la publication d'un pamphlet hostile à l'Empire, « les Anciens Partis », lui coûte un mois de prison mais le rend très populaire. Il est en effet, dès lors, l'une des figures marquantes du monde littéraire et de l'opposition libérale. Collaborateur du Courrier du dimanche, il est élu en 1865, à l'âge de 35 ans, à l'Académie française, qui regroupe alors l'élite intellectuelle opposée au régime.

Prévost-Paradol publie, en 1868, la France nouvelle, qui résume son programme politique en faveur d'un gouvernement à l'anglaise, garantissant les libertés fondamentales. Deux fois candidat malheureux au Corps législatif (1863 et 1869), il finit par se rallier, par lassitude, à Napoléon III, qui le nomme, en juin 1870, ambassadeur à Washington. Mais, le 20 juillet, il se suicide, démoralisé par la déclaration de guerre à la Prusse - guerre dont il juge le régime responsable -, et miné par les attaques personnelles que son ralliement tardif a provoquées.

L'œuvre et la pensée de Prévost-Paradol apparaissent vite comme prophétiques : d'une part, son libéralisme politique - qui peut, selon lui, s'incarner tout aussi bien dans une république modérée ou dans une monarchie constitutionnelle - inspirera les promoteurs des institutions de la IIIe République ; d'autre part, ses projets d'expansion outre-mer, destinés à lutter contre le « déclin de la France », se retrouveront dans la politique coloniale des gouvernements « opportunistes ».

prévôt des marchands,

au Moyen Âge, chef de la hanse des marchands de l'eau de Paris. Cette ville, qui a été la capitale du royaume au VIe siècle, ne retrouve ce statut qu'à la fin du XIIe siècle.