Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
L

Louisiane,

colonie française de 1682 à 1763. Le 9 avril 1682, Cavelier de La Salle, qui a descendu le Mississippi, prend possession d'un nouveau territoire qu'il baptise « Louisiane », au nom du roi de France.

Revenu à Versailles, il est nommé gouverneur du nouvel établissement le 14 août 1684. Regagnant la Louisiane à la tête d'une petite expédition, il rencontrera mille difficultés et sera finalement tué par ses compagnons.

La colonie n'est peuplée de façon permanente qu'avec l'arrivée de Lemoyne d'Iberville et la fondation du comptoir de Biloxi, en 1699. Créée par Antoine Crozat en 1712, la Compagnie de Louisiane fait de mauvaises affaires et, dès 1717, cède ses droits à la Compagnie d'Occident, de Law. De 1719 à 1731, le monopole du commerce est confié à la Compagnie des Indes. L'administration de la Louisiane est séparée de celle du Canada en 1717, et le district des Illinois, rattaché à la nouvelle colonie en 1719, en devient la région la plus prospère. Fondée en 1718, la Nouvelle-Orléans devient le chef-lieu de la colonie en 1722. L'installation de grands aristocrates (Marigny, de Poincy, d'Imécourt) et le développement des plantations ne modifient pas la faible rentabilité du territoire : les débuts du peuplement sont très lents ; les colons sont mal choisis ; un essai de « colonisation pénale » se solde par un échec. Il n'y a que 7 000 habitants vers 1760, dont 2 000 esclaves, le Code noir de 1685 étant rigoureusement appliqué. La guerre contre les Indiens Natchez (1729-1731) impose de lourdes charges, et la Compagnie cède le territoire au domaine royal. Au cours des années 1760, le Trésor doit dépenser 500 000 livres par an pour la Louisiane, si bien que les ministres songent à s'en défaire : la rive droite du fleuve est cédée à l'Espagne (traité de Fontainebleau de 1762), alors que la rive gauche l'est à l'Angleterre (traité de Paris de 1763). Une révolte des colons contre l'autorité espagnole sera durement réprimée. Des Acadiens (Cajuns) viendront néanmoins renforcer le peuplement français. Par le traité de San Ildefonso (octobre 1800), Bonaparte, Premier consul, obtient de l'Espagne la rétrocession de la Louisiane et songe à en reprendre possession, mais James Monroe, émissaire du président Thomas Jefferson, lui fait de pressantes offres d'achat, brandissant la menace d'une invasion américaine, voire d'une possible alliance anglo-américaine. Conscient du fait que la colonie est indéfendable, Bonaparte préfère négocier, et la Louisiane est ainsi cédée aux États-Unis en 1803 pour la somme de 15 millions de dollars (80 millions de francs).

Louis-Marie Grignion de Montfort,

saint, canonisé en 1947 (Montfort-sur-Meu, Bretagne, 1673 - Saint-Laurent-sur-Sèvre, Poitou, 1716).

Le destin de Grignion de Montfort est celui d'un anticonformiste. Le succès populaire qu'il remporte lors de ses missions, notamment dans les diocèses de Nantes et de La Rochelle, est égal à l'hostilité des notables et de la hiérarchie ecclésiastique.

Fils d'un avocat, il suit la formation d'un prêtre réformé au collège jésuite de Rennes, puis au séminaire de Saint-Sulpice, où il est ordonné en 1700. Fondateur de la congrégation des Filles de la sagesse (1703) et de celle des prêtres missionnaires de la Compagnie de Marie (1705), il poursuit dans l'ouest de la France son action, jalonnée de cinq interdictions épiscopales de prêcher, malgré la qualité de « missionnaire apostolique » que lui décerne le pape Clément XI en 1706. Ses méthodes ne sont pourtant pas nouvelles : catéchèse centrée sur le culte de Marie et sur le respect des sacrements, accent mis sur la peur de l'Enfer, et pédagogie proche des fidèles (cantiques issus de chants profanes). Mais son style « populiste » (Alain Croix) choque les élites. Durant l'aumône aux nécessiteux, le prédicateur n'hésite pas à dénoncer les assistants aux perruques poudrées, quand il ne brise à coups de pied les jeux des joueurs. En outre, il obtient la participation des simples durant des processions spectaculaires ou lors des fondations de calvaires (Pontchâteau ). À la fin du « siècle des saints », la religion de ce « fou de Montfort » est contraire à la pratique de l'Église, qui cultive l'écart avec le monde laïc et dont les missions deviennent routinières.

Louis-Philippe Ier,

roi des Français de 1830 à 1848 (Paris 1773 - Claremont, Royaume-Uni, 1850).

En apparence, la personnalité du dernier roi de l'histoire nationale manque singulièrement d'éclat. Un visage rond et peu expressif encadré par d'épais favoris, un caractère égal et affable, un esprit raisonnable et calculateur, une ambition sans panache : ses contemporains décèlent en lui les travers, les ridicules et les petitesses de son époque. Lui-même ne désavoue pas l'épithète, pourtant peu flatteuse, de « bourgeois » ; cette réputation patiemment forgée lui donne, il le sait, les moyens de tenter, à son heure, l'expérience de la monarchie constitutionnelle.

Les aventures de jeunesse et l'exil.

• Fils aîné de Louis-Philippe Joseph d'Orléans, duc de Chartres en 1785, il n'a pas 20 ans lorsque débute la Révolution française. Il s'y engage avec fougue, comme son père, et fréquente le Club des jacobins. Il rejoint ensuite l'armée : il prouve sa valeur et ses qualités de commandement à Valmy, puis à Jemmapes, sous les ordres de Dumouriez (novembre 1792). Lorsque ce dernier choisit de renverser la Convention et de rejoindre le camp autrichien en avril 1793, il le suit et déserte, sans pour autant s'engager dans les armées contre-révolutionnaires ; pour cet homme tout jeune encore, duc d'Orléans à la mort de son père, commencent alors vingt années d'un exil mouvementé. Les républicains l'ont proscrit comme traître à la patrie, et les émigrés rejettent ce fils de régicide. Il parcourt d'abord l'Europe sous diverses identités, puis gagne le continent américain, avant de se fixer provisoirement au Royaume-Uni (1800). En 1809, à Palerme, il épouse Marie-Amélie, fille du roi Ferdinand IV de Naples. Le retour des Bourbons en 1814 et la Restauration ne signifient pas la fin de sa disgrâce : Louis XVIII, défiant, le tient à distance de la cour. À son retour en France, il s'emploie à reconstituer l'immense fortune familiale et il reçoit au Palais-Royal les ténors de la bourgeoisie d'affaires libérale - Jacques Laffitte, Casimir Perier. Le nouveau roi, Charles X, lui accorde le titre d'altesse, mais il reste loin du pouvoir. Il attend son heure.