Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
I

Indochine française, (suite)

Vers la première guerre d'Indochine.

• En septembre-octobre 1945, les troupes françaises commandées par le général Leclerc reprennent pied à Saigon dans la foulée des troupes britanniques. Le Nord demeure occupé par les Chinois, et le gouvernement du Viêt-minh reste en place à Hanoi. À Paris, le Gouvernement provisoire envisage la création d'une fédération indochinoise indépendante au sein de l' Union française (déclaration du général de Gaulle du 24 mars 1945). En vertu d'un accord conclu le 6 mars 1946 entre Hô Chi Minh et le délégué français Jean Sainteny, la France reconnaît la République du Viêt Nam, État libre au sein de l'Union française, et les troupes du général Leclerc peuvent entrer dans Hanoi deux semaines plus tard. Mais la mauvaise foi du haut-commissaire Thierry d'Argenlieu, qui fomente une sécession de la Cochinchine, érigée en République autonome séparée du Viêt Nam, tout comme l'intransigeance de certains communistes, vont ruiner cet accord. Certes, la Constitution d'octobre 1946 reconnaît aux trois États d'Indochine le statut d'États associés, en principe indépendants dans le cadre de l'Union française, mais, déjà, l'épreuve de force paraît inéluctable.

indulgence,

dans la religion catholique, rémission des pénitences accordée par l'Église au fidèle auquel les péchés d'âme ont été pardonnés pour une durée déterminée ou indéterminée.

L'indulgence est plénière lorsque la totalité de la remise des peines a été consentie. Elle demeure partielle lorsque le quart ou la moitié de la pénitence reste à effectuer au terme de la remise octroyée en années, en semaines ou en jours.

La pratique des indulgences remonte aux premiers temps chrétiens, mais ne se généralise pas avant le milieu du XIe siècle. Leur obtention demande alors de satisfaire à des conditions contraignantes : pèlerinages, aumônes, etc. Peu à peu, les indulgences sont concédées à tous ceux qui fournissent des subsides (indulgence plénière accordée lors de la croisade de 1215, par exemple). Ainsi, progressivement tarifées puis achetées, ces remises de peine prennent une valeur abstraite et se multiplient. À la fin du Moyen Âge, elles sont devenues l'objet d'un trafic monétaire si intense qu'elles provoquent la réaction de nombreux hommes d'Église.

La concession de l'indulgence papale de 1515 aux « mécènes » ayant versé des dons pour permettre l'achèvement de la basilique Saint-Pierre de Rome donne à Luther l'occasion d'attaquer le principe même. La pratique des indulgences n'en disparaît pas pour autant... Le concile de Vatican II (1962-1965) a souligné la valeur spirituelle de l'indulgence liée à la conversion intérieure des âmes, en même temps qu'il en a décrété une réforme importante. La pratique des indulgences - dont les principales restent celles accordées aux mourants - n'en demeure pas moins aujourd'hui une croyance quasiment tombée en désuétude.

indulgents,

membres de l'opposition politique modérée qui, à la suite de Danton, combat, entre décembre 1793 et mars 1794, la Terreur et la dictature de « salut public » conduite par les robespierristes, ainsi que le mouvement populaire et le Club des cordeliers dominé par les hébertistes.

Avec l'instauration de la Terreur et du Gouvernement révolutionnaire (septembre-décembre 1793), Danton, qui plaide pour la conciliation et pour un pouvoir exécutif unique et indépendant de l'Assemblée nationale, est relayé à la Convention par plusieurs députés. Sans cohésion, c'est en ordre dispersé que ceux-ci attaquent les comités de gouvernement, principalement le Comité de salut public, dénonçant la conduite de la guerre et les ultrarévolutionnaires. Ils ont nom Bourdon de l'Oise, Merlin de Thionville, Legendre, Chabot ou Thuriot, le noyau principal étant composé de Danton, Fabre d'Églantine, Philippeaux et Camille Desmoulins. Ce dernier, qui n'est pas député mais est un redoutable pamphlétaire, seconde efficacement l'offensive indulgente dans son journal, le Vieux Cordelier, qui paraît pour la première fois le 5 décembre 1793. Virulent contre la déchristianisation et les partisans d'Hébert - dont l'anarchie et l'outrance font, dit-il, le jeu de l'étranger -, dénonçant le despotisme du Comité de salut public, Desmoulins réclame le retour de la liberté, c'est-à-dire la conclusion d'une paix rapide - malgré l'invasion étrangère -, la liberté de la presse et la constitution d'un « comité de clémence », soit l'indulgence pour les « suspects ». En complète opposition avec le principe du Gouvernement révolutionnaire - dictature jusqu'à la paix et la victoire totale sur la Contre-Révolution -, les positions des indulgents, qui jugent que la Révolution doit finir, déchirent le parti montagnard. Dès février 1794, Robespierre, qui dénonce la faiblesse coupable des indulgents et voit dans la lutte acharnée des « factions » (dantonistes contre hébertistes) un danger susceptible de ruiner la Révolution, les mêle dans un même « complot de l'étranger ».

Après l'élimination des hébertistes, guillotinés le 24 mars, Danton, Desmoulins et Philippeaux sont arrêtés le 30 mars, puis jugés avec leurs encombrants amis, députés compromis dans l'affaire de la liquidation de la Compagnie des Indes (Chabot, Basire, Fabre d'Églantine, Delaunay d'Angers), les banquiers Frey et Guzman, Hérault de Séchelles et le général Westermann. Ils sont guillotinés le 5 avril 1794 (16 germinal an II), au terme d'un procès mettant les accusés « hors des débats ». Les dantonistes qui échappent à la proscription seront des animateurs de premier plan de la réaction thermidorienne.

infanterie.

Principal corps d'armée dans l'Antiquité, l'infanterie connaît une éclipse au haut Moyen Âge. En effet, le système féodal accordant la primauté à la cavalerie, le fantassin se trouve dès lors ravalé à un rôle subalterne de valet d'armes et ne bénéficie d'aucune considération. Il en est de même des milices communales.

Réhabilitation progressive.

• Au début de la guerre de Cent Ans, l'efficacité de l'armée anglaise repose sur l'association entre cavaliers et fantassins armés du grand arc en bois d'if, une association qui est à l'origine des grandes victoires de Crécy, Poitiers et Azincourt. À la fin du siècle suivant, les piquiers des cantons suisses démontrent leur supériorité face à la cavalerie de Charles le Téméraire lors des batailles de Granson et de Morat en 1476. Aussi Charles VIII décide-t-il de réhabiliter l'infanterie par le rétablissement des francs archers, qui sont exempts du paiement de la taille. Le système repose sur un tirage au sort d'un homme par cinquante feux. Ces fantassins sont armés d'une épée, d'une dague et, surtout, d'un arc ou d'une arbalète. L'expérience se révèle décevante. Insuffisamment instruits, manquant de cohésion, les francs archers sont facilement sujets à la panique comme on le constate lors de la bataille de Guinegatte, livrée en 1513 contre les Anglais et les Impériaux. Les rois de France ont alors tendance à recruter des étrangers - Suisses, Piémontais, Allemands -, sans négliger cependant d'engager des troupes nationales constituées de « bandes » composées de Picards ou de Gascons, et chargées de la défense des frontières. L'armement associe pique, épée et arquebuse. Après 1569, Philippe Stozzi, colonel général de l'infanterie, organise cette arme en quatre régiments qui prendront le nom des « quatre vieux », Picardie, Piémont, Navarre et Champagne, sans oublier la création des gardes-françaises dès 1563.