Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
F

franco-allemande (guerre), (suite)

L'armistice et la perte de l'Alsace-Lorraine.

• Pour mettre fin à un siège qui dure depuis cent trente-deux jours, et malgré la volonté de Gambetta de poursuivre la « guerre à outrance », le gouvernement se résigne à négocier avec l'Allemagne. Un armistice de 21 jours renouvelable est signé le 28 janvier 1871. Une Assemblée nationale, élue le 8 février, se réunit à Bordeaux : elle confie à Adolphe Thiers les fonctions de chef de l'exécutif provisoire, et le mandate pour négocier des préliminaires de paix avec Bismarck. Ceux-ci sont conclus le 26 février à Versailles, puis ratifiés par l'Assemblée, imposant à la France des clauses territoriales très dures : perte de l'Alsace et d'une partie de la Lorraine, dont Metz. Le traité de Francfort, signé le 10 mai 1871 par le ministre des Affaires étrangères Jules Favre, confirme les clauses des préliminaires. Néanmoins, seule concession de Bismarck, la France conserve Belfort, en échange de 12 communes supplémentaires, en Lorraine. La France se voit aussi imposer une indemnité de guerre de 5 milliards de francs or et l'occupation de plusieurs départements de l'Est jusqu'au paiement de cette indemnité. Elle s'en acquitte rapidement, et l'évacuation de la totalité du territoire national est réalisée en septembre 1873.

Ce conflit, qui se prolonge en France par une guerre civile - la Commune -, modifie l'équilibre européen en faveur du nouvel Empire allemand, proclamé dans la Galerie des glaces du château de Versailles le 18 janvier 1871, et consacre le statut d'homme d'État de Bismarck. Les souvenirs de l'« année terrible » et l'annexion de l'Alsace-Lorraine (les « provinces perdues ») nourriront un profond et durable antagonisme franco-allemand.

François de Sales (saint),

évêque de Genève (château de Sales, près d'Annecy, Savoie, 1567 - Lyon 1622).

Né dans une famille aristocratique du duché de Savoie - indépendant de la France -, François de Sales fait ses classes d'humanités et de philosophie à Paris, au collège de Clermont, dirigé par les Jésuites, puis étudie la théologie et le droit à l'université de Padoue. Il s'inscrit au barreau de Chambéry en 1592, mais sa vocation est l'Église. Prêtre en 1593, il est envoyé pendant quatre ans comme missionnaire dans le Chablais pour la reconquête de cette région protestante. En 1602, il succède à l'évêque de Genève dont il était le coadjuteur : pendant vingt ans, sans pouvoir occuper son siège épiscopal - Genève est la métropole du calvinisme -, il sera évêque réformateur, dans la ligne du concile de Trente et de saint Charles Borromée, assidu à parcourir son diocèse, prêcher, catéchiser, confesser, former un clergé de valeur. Avec Jeanne de Chantal, il fonde en 1610, à Annecy, l'Institut de la Visitation, qui devient un ordre cloîtré en 1618, et qui connaît alors une étonnante expansion (87 monastères à la mort de sa fondatrice, en 1641).

Malgré son peu de loisirs, François de Sales est également un écrivain fécond : son Introduction à la vie dévote (1608), composée de courts chapitres au propos très concret et au style fleuri, fait sortir la perfection des couvents et la donne en idéal aux chrétiens vivant dans le monde. Ce livre constituera, pour au moins trois siècles, le bréviaire des laïcs (400 éditions sont recensées à la fin du XIXe siècle). Aux âmes déjà avancées et à vocation contemplative, l'évêque adresse son Traité de l'amour de Dieu (1616), qui trace un itinéraire mystique, de l'oraison de quiétude à la vision divine dans le face-à-face éternel.

Après un triomphal voyage à Paris (1618-1619), où il prêche de nombreux sermons et fonde un monastère de la Visitation - mais décline l'honneur d'être nommé coadjuteur de l'archevêque -, il regagne Annecy, espérant pouvoir se retirer en l'ermitage de Saint-Germain de Talloires. Ce souhait ne sera pas exaucé, et c'est en pasteur toujours actif, pourtant épuisé, qu'il se rend à Lyon à la fin de 1622 : il y meurt le 28 décembre. Par son charisme de la douceur et son optimisme théologique, François de Sales est une figure emblématique de l'humanisme chrétien. Il sera canonisé en 1665, et proclamé docteur de l'Église par Pie IX en 1877.

François Ier.

Roi-chevalier ou mécène éclairé et père de la Renaissance française, libertin insouciant ou monarque autoritaire, ancêtre d'un pouvoir absolu et centralisé ou dernier souverain attaché à des relations féodales voire claniques, protecteur tolérant des lettrés évangélistes ou persécuteur des premiers réformés : il est bien difficile de tracer de François Ier un portrait univoque.

Ce roi, né en 1494, souvent présenté comme éternellement jeune, régna en fait durant plus de trente ans, de 1515 à 1547. Il fut moins l'artisan d'un grand dessein monarchique cohérent qu'un souverain qui se vit dans l'obligation de mettre en place de nouvelles formes de gouvernement, plus rationnelles, souples et pragmatiques, afin de mieux adapter le royaume aux aléas de l'histoire.

L'esquisse d'un destin (1494-1515)

Né le 12 septembre 1494 à Cognac, François d'Angoulême ne semble pas destiné à monter sur le trône : issu de l'union de Charles d'Angoulême et de Louise de Savoie, il est certes lié à la maison royale par son appartenance à la famille des Orléans, mais il n'est que membre d'une branche cadette, et sa place dans la ligne de succession ne lui laisse guère d'espoirs. Il en va différemment après les morts du dauphin Charles-Orland et du roi Charles VIII, et avec l'avènement de Louis XII en 1498 : déjà âgé et sans descendance, ce dernier est vite contraint de voir un successeur potentiel en cet enfant, dont il est d'ailleurs le tuteur légal depuis la mort de son père, le 1er janvier 1496.

Mais Louise de Savoie veille jalousement sur son seul fils, et n'entend pas qu'on le précipite trop vite au milieu des intrigues de la cour. Au fil des ans croît d'ailleurs sa conviction que son « César » sera tôt ou tard appelé à régner, par une providence qui a marqué sa préférence à son égard, au vu d'une multitude de signes que l'entourage de l'enfant se plaît à décrypter. François demeure au château d'Amboise, élevé au milieu d'un groupe de jeunes nobles qui resteront pendant toute sa vie ses compagnons les plus proches (Robert de La Marck, seigneur de Florange, Philippe Chabot de Brion, Anne de Montmorency, Guillaume de Gouffier, sire de Bonnivet). Il reçoit une éducation soignée : jeux et exercices physiques alternent avec l'apprentissage des humanités.