Dictionnaire de l'Histoire de France 2005Éd. 2005
C

Catalogne, (suite)

Mais la mort du comte-roi Pierre II, à la bataille de Muret, en 1213, face aux croisés français, met fin à la domination catalane sur le Midi français et resserre les liens entre la Catalogne et le royaume d'Aragon. Au début du XIIIe siècle, à la suite de l'implantation française en Languedoc, les prétentions du roi de France sur la Catalogne resurgissent. Cependant, en 1258, le traité de Corbeil entre le roi de France Louis IX et le roi d'Aragon Jacques Ier met un terme aux hostilités entre les deux royaumes et règle définitivement la question de la souveraineté sur la Catalogne : le roi de France renonce à tous ses droits sur la Catalogne et le Roussillon, ainsi que sur la seigneurie de Montpellier, acquise par les comtes-rois en 1205 ; en contrepartie, le roi d'Aragon renonce à ses droits sur le Gévaudan, le Razès et le Carcassonnais. Désormais, l'expansion catalane se fait dans la péninsule Ibérique et en direction des îles de la Méditerranée occidentale.

Cateau-Cambrésis (traités du),

traités signés les 2 et 3 avril 1559, mettant fin à soixante années de guerres entre les Valois et la maison d'Espagne, puis les Habsbourg.

L'enjeu du conflit, d'abord limité à l'Italie, est vite devenu celui de l'hégémonie sur l'Europe. En 1559, les rivaux sont à court d'argent, et les souverains catholiques s'inquiètent des progrès de la Réforme. Henri II décide donc d'accepter la paix, d'abord avec l'Angleterre (qui lui rétrocède Calais) et, surtout, avec le roi d'Espagne Philippe II. De longues négociations s'achèvent au début du mois d'avril. Henri II renonce à toute prétention sur l'Italie, et abandonne ses conquêtes (Savoie, Piémont - à l'exception de quelques places fortes - et Corse). En échange, la frontière du Nord est stabilisée et, implicitement, la possession des Trois- Évêchés de l'Est (Metz, Toul et Verdun) est assurée. Deux mariages scellent la paix, la fille et la sœur du roi étant promises respectivement au roi d'Espagne et au duc de Savoie. Catherine de Médicis, les protestants et, surtout, la noblesse d'épée (Guise, Monluc, Cossé-Brissac) critiquent le traité. Pour eux, il est malaisé de comprendre que les sacrifices consentis pour prendre pied en Italie et y faire pièce à l'influence espagnole soient négligés au profit de considérations financières. La noblesse de robe et le peuple, pour leur part, se font entendre pour applaudir la paix. Nul ne devine encore que la fin des guerres étrangères contribue à rendre possibles ces guerres de Religion qui vont durer, en France, jusqu'à la fin du siècle.

catéchisme,

enseignement de la doctrine chrétienne, et manuel destiné à cet effet.

Une tradition existait en France dès le Moyen Âge : le curé devait expliquer brièvement les principales vérités de la foi lors du prône, au cours de la messe. Mais c'est au XVIe siècle, marqué par la division des confessions catholique et protestante, qu'apparaît le catéchisme proprement dit.

L'élan novateur de la Réforme et de la Réforme catholique.

• En 1541, Calvin rédige le Formulaire, petit ouvrage destiné à l'enseignement de la « doctrine » aux enfants, dans lequel l'explication est donnée sous forme de questions et réponses. Très rapidement, le Formulaire se répand dans les milieux réformés. En reprenant la forme dialoguée, mais pour le réfuter, le jésuite Edmond Auger fait paraître, en 1563, son Catéchisme et sommaire de la doctrine chrétienne. Parallèlement sont connues et diffusées en France des œuvres d'origine étrangère : le Catéchisme du concile de Trente à l'intention des curés (1566), et surtout la Summa doctrinae christianae de Pierre Canisius (1554). Dans l'espace catholique, ces manuels constituent d'abord des résumés théologiques à l'usage des enseignants et des curés. Par la suite, ils sont adaptés à différents publics. Ainsi, le Catéchisme de Canisius est proposé sous trois versions, selon qu'il s'adresse aux adultes, aux adolescents ou aux enfants. Il est largement diffusé en France par le réseau des collèges jésuites. Des congrégations nouvelles, tels les Frères de la Doctrine chrétienne ou les Ursulines, ont pour mission première l'enseignement du catéchisme aux jeunes. Dans les paroisses, les curés doivent faire le catéchisme aux enfants chaque dimanche, mais la majorité d'entre eux se contente de l'enseigner durant l'avent et le carême. En effet, cette catéchèse se heurte à de nombreux obstacles : manque de formation des curés avant la généralisation des séminaires ; parfois aussi, mauvaise volonté des fidèles, en particulier à cause de la concurrence des travaux agricoles. Certains catéchismes sont destinés plus spécifiquement à aider les curés en leur fournissant des leçons types illustrées par des anecdotes moralisantes. Ils contribuent à renforcer l'instruction de la morale au détriment du dogme. Le plus célèbre de ces ouvrages est le Pédagogue chrétien (1622), de Philippe d'Outreman, longtemps en usage, et que Voltaire qualifiera d'« excellent livre pour les sots ».

Un enseignement généralisé.

• Dans les villes, où le clergé est généralement plus nombreux et mieux formé, le catéchisme est souvent mieux assuré. À Paris, dans la première moitié du XVIIe siècle, de nouvelles formes d'enseignement sont mises au point dans la paroisse de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, autour de Bourdoise, puis sont reprises ensuite par Charles Démia à Lyon : filles et garçons sont séparés, le maître dirige le dialogue entre les enfants, répartis par niveaux - les uns questionnent, les autres répondent. Surtout, la pédagogie repose sur un recours systématique aux images liées aux grands moments de l'année liturgique : l'Avent, le Carême et les principales fêtes religieuses. À partir de 1670, le catéchisme est enseigné à peu près régulièrement dans toutes les paroisses. Cet effort s'accompagne de la généralisation des catéchismes diocésains. Chaque évêque compose lui-même, ou approuve, un manuel destiné à être enseigné dans son diocèse : ainsi, en 1676, le Catéchisme des trois Henri est publié par les évêques de La Rochelle, Luçon et Angers. Lors des visites pastorales effectuées par les évêques, les questions posées aux curés et aux fidèles soulignent l'attention portée par l'épiscopat à l'enseignement du catéchisme. Il arrive aussi que ce dernier soit le reflet des luttes doctrinales, mais de façon moins marquée qu'au XVIe siècle : par exemple, le catéchisme de Montpellier (1702), qui est approuvé par l'évêque Joachim Colbert, révèle des opinions jansénistes. Au XVIIIe siècle, le catéchisme est généralisé : le système de questions et réponses et la mémorisation resteront ses caractéristiques principales jusqu'au milieu du XXe siècle.