Larousse Médical 2006Éd. 2006
H

hormone de croissance

somathormone

hormonothérapie

Utilisation des hormones pour compenser un défaut de sécrétion endocrinienne ou modifier une fonction de l'organisme.

COMPENSATION D'UN DÉFICIT HORMONAL

Les hormones sont sécrétées par les glandes à sécrétion interne, dites endocrines, dont les principales sont l'hypophyse, la thyroïde, les parathyroïdes, les glandes surrénales, les glandes génitales (ovaires et testicules) et le pancréas. Les hormones utilisées pour compenser une insuffisance de sécrétion sont soit naturelles, soit obtenues par synthèse chimique ou par génie génétique.

— Le déficit en insuline, hormone dont la déficience entraîne un diabète sucré, est le plus fréquent. Il se traduit par un trouble du métabolisme des sucres. L'injection sous-cutanée d'insuline, obtenue par génie génétique, corrige ce trouble. Il s'agit d'un traitement substitutif vital.

— Le déficit en hormone thyroïdienne entraîne une hypothyroïdie marquée par une fatigue, une faiblesse musculaire, une perte des cheveux, une sécheresse de la peau et une bouffissure du visage. Chez l'enfant, il provoque des troubles de la croissance. L'administration orale de thyroxine, obtenue par synthèse, corrige ces troubles. Il s'agit d'un traitement substitutif vital.

— Le déficit en hormones surrénaliennes provoque une asthénie et une hypotension artérielle. L'hormonothérapie, en apportant les hormones manquantes (hydrocortisone et 9-alpha-fluorohydrocortisone), corrige les manifestations de cette insuffisance. Il s'agit d'un traitement substitutif vital.

— Le déficit testiculaire, qui entraîne chez l'homme une absence de puberté, une ostéoporose, un manque d'appétit sexuel et une absence de masculinisation de l'apparence physique, est corrigé par l'administration d'hormone mâle, la testostérone. Les injections de gonadotrophines stimulent la spermatogenèse si l'origine du déficit est hypophysaire.

— Le déficit ovarien, physiologique après la ménopause mais responsable chez la jeune fille et la femme en période d'activité génitale d'une aménorrhée avec stérilité, d'un déficit de féminisation et d'appétit sexuel, peut être dû à une insuffisance de développement des ovaires ou à une défaillance de la stimulation hypophysaire. Dans le premier cas, la prise d'œstrogènes et de progestérone remplace la sécrétion ovarienne et, dans le second, la prise de gonadotrophines la déclenche.

— Le déficit en hormone de croissance entraîne un nanisme harmonieux chez l'enfant, et des troubles métaboliques chez l'adulte. Il est corrigé par l'administration d'hormone de croissance recombinante.

MODIFICATION D'UNE FONCTION DE L'ORGANISME

— Dans le cadre d'une contraception, la pilule (association d'œstrogènes et de progestérone) ou les progestatifs inhibent l'ovulation.

— Dans le traitement de la stérilité, les méthodes d'induction de l'ovulation et de la spermatogenèse font appel aux gonadotrophines hypophysaires.

— En cas de maladie hormonodépendante, on utilise des antagonistes de la stimulation hypophysaire, des œstrogènes ou des androgènes, seuls ou en association pour bloquer l'effet ou la sécrétion des hormones.

— Dans le traitement de la ménopause, l'hormonothérapie de substitution, qui consiste à remplacer la sécrétion ovarienne, réduit certains troubles causés par le déficit en œstrogènes (bouffées de chaleur, sécheresse vaginale, ostéoporose), mais doit être limitée dans sa durée en raison d'effets indésirables.

hormonothérapie anticancéreuse

Traitement hormonal du cancer.

   L'hormonothérapie anticancéreuse exploite l'effet, sur les cancers dits hormonodépendants ou hormonosensibles, de certaines hormones stéroïdiennes. Ainsi, les œstrogènes naturels, sécrétés par l'ovaire, ont une influence sur les cancers du sein et de l'utérus, et les androgènes, sécrétés par le testicule, sur le cancer de la prostate. En effet, les cellules cancéreuses possèdent des récepteurs sensibles aux hormones. Ceux-ci réagissent aux messages hormonaux en déclenchant des divisions cellulaires, donc la croissance de la tumeur. L'hormonothérapie a pour but de bloquer le signal de prolifération donné par les hormones aux cellules cancéreuses.

DIFFÉRENTS TYPES D'HORMONOTHÉRAPIE

L'action de l'hormonothérapie peut s'exercer à plusieurs niveaux.

— La suppression de la source des hormones en cause par la chirurgie ou la radiothérapie des glandes endocrines stoppe définitivement le message hormonal : les ovaires sont retirés chirurgicalement (ovariectomie) ou détruits par radiothérapie pour le cancer du sein et, pour le cancer de la prostate, on pratique l'ablation des testicules (orchidectomie).

— L'administration d'une substance analogue à l'hormone hypothalamique libérant l'hormone hypophysaire lutéinisante entraîne un blocage de la sécrétion de celle-ci, donc une réduction de la synthèse des œstrogènes et des androgènes. Une « castration chimique » s'ensuit.

— La substitution aux œstrogènes et aux androgènes naturels d'antiœstrogènes ou d'antiandrogènes, qui se fixent à leur place sur les récepteurs cellulaires, empêche la transmission du message de division cellulaire.

— L'administration d'hormones naturelles inhibe la prolifération tumorale : œstrogènes dans le cancer de la prostate, progestérone à fortes doses dans le cancer du sein ou du corps utérin.

— Les médicaments antiaromatase, en s'opposant à une enzyme, l'aromatase, nécessaire à la synthèse des androgènes par les glandes surrénales et à la conversion des androgènes en œstrogènes dans le tissu adipeux et musculaire de la femme ménopausée et dans les cellules cancéreuses mammaires, permettent une inhibition plus complète de la synthèse des œstrogènes.

INDICATIONS ET RÉSULTATS

L'hormonothérapie est prescrite seule ou associée à la chimiothérapie et à la radiothérapie anticancéreuses. Elle peut constituer le traitement d'un cancer primitif ou lutter contre les métastases.

— Dans le cancer du sein, le degré d'hormonodépendance est établi par un dosage des récepteurs pour les œstrogènes et la progestérone. La moitié de ces cancers possède les deux types de récepteurs, et 30 % d'entre eux sont sensibles à l'hormonothérapie, leur sensibilité étant d'autant plus grande que leur taux de récepteurs est plus élevé. Ce taux croît progressivement après la ménopause. Le traitement repose sur la prise orale d'antiœstrogènes (tamoxifène) et d'antiaromatases qui bloquent la synthèse d'œstrogènes.

— Dans le cancer du corps utérin, les médicaments progestatifs à forte dose sont efficaces dans 20 % des cas.

— Dans le cancer de la prostate, le traitement hormonal par les antiandrogènes ou par les analogues de la gonadolibérine, hormone hypothalamique, permet, par suppression de l'activité des androgènes, de réduire le volume de la tumeur dans 75 % des cas. Les œstrogènes sont très efficaces, mais leur emploi est limité par le risque cardiovasculaire (phlébite, insuffisance coronarienne).

— Dans les cancers des organes lymphoïdes (ganglions lymphatiques, par exemple), l'hormonothérapie fait appel aux corticostéroïdes (médicaments anti-inflammatoires).

— Dans les tumeurs neuroendocrines du tube digestif et de ses glandes annexes (cas rares), l'hormonothérapie fait appel à la somatostatine, qui bloque la sécrétion de l'hormone de croissance par l'hypophyse, s'opposant ainsi à son action sur les cellules tumorales.