Larousse Médical 2006Éd. 2006
B

bactériémie

Présence d'un germe pathogène dans le sang, authentifié par les hémocultures.

   La bactériémie est définie par la présence de bactéries dans le sang et confirmée par l'isolement d'un ou plusieurs germes dans la ou les hémocultures (mise en culture du sang prélevé chez le patient, de préférence avant la prise de tout antibiotique et à plusieurs reprises). Une bactériémie peut survenir à différentes occasions : foyer infectieux, manipulation d'un abcès, perfusion contaminée, infection urinaire, toxi-infection alimentaire, soins dentaires, etc.

   La bactériémie peut, dans de rares cas, passer inaperçue. Le plus souvent, elle s'accompagne de fièvre et de frissons. Le risque principal est celui de la survenue d'un choc septique, ou choc infectieux : baisse de la pression artérielle, marbrures, cyanose, tachycardie, etc.

   Elle peut se compliquer de localisations secondaires : dans l'os (ostéite) ou l'articulation (arthrite), le cœur (endocardite), la peau, les viscères, le cerveau.

   La présence d'une bactériémie répétée doit conduire à la mise en route d'un traitement antibiotique qui sera adapté dans un deuxième temps au germe en cause. Elle doit par ailleurs faire rechercher le point de départ de l'infection qui sera traitée.

bactériologie

Discipline consacrée à l'étude des bactéries.

   La bactériologie a pour objet l'identification des bactéries, leur classification, leurs interactions avec le milieu extérieur, l'homme et les animaux.

   La bactériologie médicale s'attache à mettre en évidence la ou les différentes souches bactériennes responsables des infections humaines.

TECHNIQUE

L'examen bactériologique requiert un échantillon de liquide (pus, sang, urine, épanchement, biopsie) prélevé sur le malade. Ce prélèvement est d'abord directement examiné au microscope après une coloration permettant d'identifier les cellules réactionnelles (différents types de globules blancs) et la forme des bactéries. Une coloration spécifique, appelée coloration de Gram, permet d'établir une distinction entre bactéries à Gram positif (apparaissant violettes après coloration) et bactéries à Gram négatif (perdant leur teinte violette après traitement) et, ainsi, d'apporter un premier élément de classification, permettant de préjuger de l'efficacité de certains antibiotiques. Les bactéries sont alors mises en culture, isolées et identifiées ; enfin la sensibilité ou la résistance de la souche aux différents antibiotiques est testée par la réalisation d'un antibiogramme afin de choisir le traitement le mieux adapté.

bactériolyse

Destruction de la cellule bactérienne.

   La bactériolyse est le fait de certains anticorps qui se fixent sur la paroi des bactéries et qui sont susceptibles de provoquer la lyse (destruction) de celles-ci au contact d'un ensemble spécifique de protéines plasmatiques, appelé complément. Dans l'organisme, ce phénomène joue un rôle sans doute très important dans la lutte naturelle contre les infections par des bactéries du genre Hæmophilus ou par des méningocoques.

   La bactériolyse peut aussi être causée par un traitement antibiotique bactéricide, qui agit très rapidement sur un grand nombre de bactéries, entraînant la libération, dans l'organisme, de constituants de la cellule bactérienne éventuellement toxiques pour l'homme (endotoxines).

bactériophage

Virus infectant exclusivement les bactéries.

Synonyme : phage.

   Les bactériophages pénètrent dans les bactéries grâce à des récepteurs spécifiques situés dans la paroi bactérienne.

PHAGES VIRULENTS

Certains bactériophages, dits virulents, entraînent en se multipliant l'éclatement de la bactérie, et les phages libérés vont contaminer les bactéries voisines. En culture bactériologique, l'action de ces phages virulents se traduit par des zones dépourvues de bactéries, appelées plages de lyse et visibles à l'œil nu. Du fait de leur spécificité, ils sont utilisés en bactériologie et en épidémiologie pour typer les bactéries (lysotypie).

PHAGES TEMPÉRÉS

D'autres phages, dits tempérés, sont capables d'intégrer leur acide nucléique dans le chromosome de la bactérie hôte. Cette intégration peut faire acquérir à la bactérie de nouveaux caractères génétiques. Certains bactériophages, enfin, sont capables, en changeant successivement d'hôte, de transporter des gènes d'une bactérie à une autre (phénomène de transduction).

bactériostase

Arrêt de la multiplication des bactéries.

   Dans les infections de moyenne gravité, cet arrêt momentané de la multiplication des bactéries, provoqué par un traitement antibiotique bactériostatique, permet aux défenses de l'organisme de circonscrire le foyer infectieux et d'assurer la guérison.

bactériostatique

Se dit de tout phénomène ou de toute substance, notamment antibiotique (tétracyclines, chloramphénicol, macrolides), capable d'inhiber la multiplication des bactéries sans les tuer.

   L'effet bactériostatique d'un antibiotique est déterminé par la mesure de sa concentration minimale inhibitrice (C.M.I.), c'est-à-dire la plus petite concentration de l'antibiotique considéré requise pour inhiber in vitro la croissance d'une souche bactérienne.

bactériurie

Présence de bactéries dans l'urine.

   Bien que l'urine soit normalement stérile, une bactériurie n'est pas toujours synonyme d'infection des voies urinaires. En effet, l'urine peut avoir été souillée au moment de son émission ou de son prélèvement : on parle alors de bactériurie non « significative ». Pour qu'une bactériurie soit considérée comme pathologique, c'est-à-dire qu'elle témoigne d'une infection basse (de la vessie) ou haute (des reins), des critères très stricts sont requis, notamment un nombre de bactéries supérieur à 100 000 par millilitre d'urine.

   La présence de germes dans l'urine du malade est, dans un premier temps, dépistée à l'aide de bandelettes urinaires, utilisables en consultation ou au domicile du malade. La recherche est ensuite réalisée en laboratoire par un examen cytobactériologique des urines (E.C.B.U.), qui comporte une numération des globules rouges et globules blancs et une numération des germes après culture. Les bactériuries les plus fréquentes sont le fait de bactéries appartenant à la famille des entérobactéries, dont l'espèce la plus répandue, Escherichia coli, ou colibacille, est responsable d'au moins 60 % des infections urinaires.

   La découverte d'une bactériurie doit faire rechercher le ou les facteurs ayant pu favoriser l'infection : calcul, malformation des voies urinaires, tumeur, etc.

   Un traitement antibiotique n'est indiqué que si la bactériurie s'accompagne d'autres signes infectieux (fièvre et douleurs essentiellement).