Larousse Médical 2006Éd. 2006
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prothèse (suite)

TECHNIQUE

L'appareillage, élaboré en laboratoire spécialisé, nécessite la prise d'empreintes des arcades dentaires ; ces empreintes doivent être le plus précises possible (elles nécessitent entre 6 et 12 séances, en général), de façon que la prothèse soit parfaitement adaptée à la morphologie du patient. Les matériaux utilisés sont des résines acryliques, des alliages métalliques (précieux ou non), des matériaux dits esthétiques, comme la céramique ou la porcelaine. Lorsqu'on doit extraire une dent chez un malade portant une prothèse, celle-ci est adaptée le jour même de l'intervention, de manière à faciliter la cicatrisation.

Prothèse oculaire

Cette prothèse, couramment appelée œil de verre, est fabriquée en matériau synthétique et remplace un œil énucléé ou atrophique. Il en existe différents types.

INDICATIONS ET TECHNIQUE

Les plus courantes des prothèses oculaires sont mises en place après ablation totale (énucléation) ou partielle (éviscération) du globe oculaire et pose d'un implant sur lequel les muscles sont suturés pour permettre une bonne mobilité de la prothèse. La paroi postérieure de cette dernière est concave et épouse la forme de l'implant intraorbitaire.

   La fabrication et l'adaptation de la prothèse sont confiées à un oculariste, qui mesure la cavité orbitaire et détermine les coloris et le matériau les mieux adaptés. La prothèse est mise en place de 20 à 30 jours après l'intervention chirurgicale, selon la cicatrisation et la résorption des phénomènes inflammatoires.

   Le cristallin artificiel, ou implant cristallinien, est considéré comme une prothèse dans les textes législatifs français.

ENTRETIEN

Il se fait avec une périodicité variable selon les cas, en enlevant la prothèse (au besoin à l'aide d'une petite ventouse) et en nettoyant celle-ci avec des produits utilisés pour l'entretien des lentilles de contact, mais jamais avec de l'alcool à 90°, de l'éther ou de l'eau. Avant la remise en place de la prothèse, la cavité orbitaire est nettoyée avec un antiseptique. Cette manipulation est indolore et peut être faite, après un certain temps, par le patient lui-même. Le port d'une prothèse oculaire impose une visite régulière chez l'ophtalmologiste.

Prothèse orthopédique

C'est une pièce de remplacement d'une articulation ou d'un membre.

INDICATIONS

On distingue les prothèses internes et les prothèses externes.

— Les prothèses externes permettent la reprise de la marche et la station debout des personnes amputées d'un membre inférieur. Il existe également des prothèses pour les membres supérieurs, dont le rôle est plus esthétique que fonctionnel ; des recherches sont actuellement menées sur des prothèses permettant la préhension des objets.

— Les prothèses internes remplacent une articulation malade ou détruite et permettent de lui restituer sa mobilité (arthroplastie de la hanche, du genou, de l'épaule). La prothèse peut être unipolaire (ne remplaçant que l'un des pôles de l'articulation) ou totale (remplaçant les deux surfaces articulaires).

TECHNIQUES

Les connaissances acquises sur les matériaux et la mécanique articulaire permettent de fabriquer des prothèses internes capables de reproduire le fonctionnement presque normal d'une articulation ; le problème le plus important demeure celui de l'usure des composants. Les prothèses sont fabriquées en divers matériaux – l'acier, le titane, la céramique ou le polyéthylène –, entre lesquels un choix est possible. Les prothèses les plus fiables et d'une tenue prolongée sont celles de la hanche et du genou. D'autres prothèses articulaires (doigt, coude, poignet, disque intervertébral) sont jusqu'à présent moins fiables.

Prothèse pénienne

Encore appelée implant pénien, c'est une prothèse en silicone permettant, en cas d'impuissance totale et définitive, d'obtenir de façon artificielle une érection rendant les rapports sexuels possibles. Elle est surtout proposée à des sujets jeunes ayant la possibilité de rapports sexuels réguliers.

DIFFÉRENTS TYPES DE PROTHÈSE PÉNIENNE

Il en existe deux types.

— Les prothèses rigides ou semi-rigides sont des cylindres de silicone qui entraînent une érection artificielle permanente.

— Les prothèses gonflables, plus perfectionnées, sont constituées de deux cylindres gonflables introduits dans les corps caverneux de la verge et reliés à un réservoir-pompe placé sous la peau abdominale ou dans le scrotum. Le patient active lui-même la pompe, entraînant l'érection.

   Les prothèses péniennes sont de plus en plus délaissées au profit de la technique d'auto-injection intracaverneuse de papavérine ou d'un autre vasodilatateur, qui présente l'avantage d'éviter une intervention chirurgicale irréversible.

Prothèse sphinctérienne

C'est une prothèse en silicone utilisée en cas d'incontinence urinaire totale et rebelle à tout traitement.

TECHNIQUE

Un manchon gonflable cylindrique, relié à une pompe, est placé chirurgicalement autour de l'urètre. La pompe est placée soit dans le scrotum chez l'homme, soit sous la peau au-dessus du pubis chez l'homme et la femme ; elle est actionnée par le patient. Quand le manchon est gonflé, il comprime l'urètre et empêche l'incontinence. Dès que la vessie est pleine, le patient dégonfle le manchon et l'urine peut s'écouler.

   Un sphincter artificiel permet de mener une vie normale. Les complications liées à son implantation (infections) affectent moins de 10 % des patients et sont dans leur majorité traitables.

Prothèse testiculaire

C'est une boule de silicone destinée à remplacer le testicule après orchidectomie (ablation du testicule). Sa fonction est purement esthétique.

Prothèse urétérale

C'est une prothèse dérivative permettant l'écoulement normal de l'urine du rein vers la vessie. Elle est également appelée sonde JJ ou double J du fait de la forme en hameçon de ses extrémités. Un tel dispositif est utilisé lorsque l'uretère est obstrué par une tumeur ou par un calcul. La prothèse, constituée par une sonde de fin calibre multiperforée, est mise en place dans l'uretère par voie endoscopique et peut y être laissée de façon définitive (traitement palliatif d'une tumeur) ou temporaire. Il est nécessaire de procéder à son changement tous les deux à trois mois.

   Une prothèse urétérale peut entraîner des douleurs à la miction, dues à l'irritation de la vessie par la sonde. On administre dans ce cas des analgésiques au patient.

Voir : arthroplastie, mammoplastie, valvuloplastie, plastie, protonthérapie.