Larousse Médical 2006Éd. 2006
M

maladie professionnelle

Altération de la santé d'une personne consécutive à l'exercice ou aux conditions d'exercice de certains métiers.

   Selon un comité d'experts de l'O.M.S., « on peut considérer comme maladie professionnelle toute manifestation morbide liée, d'une manière ou d'une autre, à la profession ou aux conditions de travail » (O.M.S., Epidémiologie des maladies et des accidents liés à la profession). Les maladies professionnelles, une fois reconnues, font l'objet d'une protection légale dans les pays développés. Selon l'O.M.S., les deux tiers environ des personnes qui, dans le monde, exercent une activité professionnelle travaillent dans des conditions inférieures aux normes minimales fixées par l'O.M.S.

DIFFÉRENTS TYPES DE MALADIES PROFESSIONNELLES

Des enquêtes de l'O.M.S. ont permis de recenser et de classer les principales maladies professionnelles.

— Les baisses de l'acuité auditive affectent de très nombreuses professions exposées au bruit, particulièrement les secteurs de la métallurgie et du textile.

— Les cancers sont, par exemple, les cancers de la plèvre causés par l'amiante.

— Les dermatoses sont représentées par le rossignol des tanneurs, dû à l'action caustique du chrome, et par la gale du ciment.

— Les maladies infectieuses et parasitaires, comme les rickettsioses ou les amibiases, concernent les personnes travaillant au contact d'animaux.

— Les maladies respiratoires, comme les pneumoconioses (par exemple, la silicose, due à l'inhalation de particules contenant de la silice, ou l'asbestose liée à l'inhalation de particules d'amiante), touchent particulièrement les mineurs (mines de charbon) et les travailleurs utilisant de l'amiante.

— Les troubles musculosquelettiques (tendinites du genou, par exemple), dus à la répétition plusieurs milliers de fois par jour de gestes identiques, touchent surtout les manutentionnaires.

— Les troubles neurologiques dus à des agents chimiques à toxicité neurologique concernent notamment les personnes travaillant dans les industries chimiques.

maladie psychosomatique

Maladie caractérisée par la transformation d'un trouble psychologique, ne pouvant pas s'exprimer en tant que tel, en un trouble somatique (organique).

   Le terme de maladie psychosomatique est issu des travaux et notamment des hypothèses formulées par le psychiatre allemand Georg Groddeck (1866-1934) et le psychanalyste américain Franz Alexander (1891-1964).

   Certains sujets présentent une prédisposition constitutionnelle aux maladies psychosomatiques avec une sensibilité accrue à certains stress. La maladie apparaît à la suite d'un conflit ou d'un traumatisme souvent inconscient ; elle est due à un manque de moyens psychiques de défense contre l'angoisse (fantasmes, rêves, sublimation). Les maladies psychosomatiques peuvent toucher tous les appareils de l'organisme : systèmes digestif (ulcère, colite), endocrinien (hyperthyroïdie, diabète), génito-urinaire (impuissance, énurésie), cardiovasculaire (infarctus du myocarde), respiratoire (asthme, tuberculose pulmonaire), peau (eczéma), etc.

   Les maladies psychosomatiques sont à différencier des troubles dit de conversion que l'on rencontre lors de l'hystérie où les troubles physiques ne correspondent à aucune maladie. Dans ce cas, les symptômes comme l'aphonie, les paralysies, les troubles neurovégétatifs ou les cécités ne font pas la preuve de leur existence, sont variables et disparaissent spontanément.

TRAITEMENT

Le traitement d'une maladie psychosomatique passe d'abord par celui du trouble physique. Ensuite, la psychothérapie développe et raffermit les mécanismes de régulation du moi afin d'aider le patient à mieux utiliser ses ressources mentales face à ses problèmes : enrichissement de la vie imaginaire, épanouissement émotionnel et affectif, meilleur rapport au corps. Cependant, une surveillance médicale doit rester associée, surtout en cas de « balancement somatopsychique » (alternance de manifestations psychiques et organiques).

maladie rare

Maladie dont la fréquence est inférieure à 1 pour 2 000 dans la population générale.

Synonyme : maladie orpheline.

   Le terme de maladie orpheline est médiatique, mais est peu utilisé par les scientifiques.

   En France (plus de 60 millions d'habitants), une maladie est dite rare si elle concerne moins de 30 000 personnes. Cependant, on dénombre près de 7 000 maladies rares en France, dont 80 % d'origine génétique, et, chaque année, de nouvelles maladies sont décrites. Le problème est important car on estime que l'ensemble des maladies rares concerne 3 à 4 millions de personnes en France, 25 millions en Europe.

   Certaines de ces maladies sont en fait relativement bien connues et prises en charge par des spécialistes d'organe. C'est le cas, par exemple, de la maladie d'Addison (connue et soignée par les endocrinologues) ou de la maladie de Crohn, bien connue des gastro-entérologues. D'autres, beaucoup plus rares, posent des problèmes plus difficiles. Les médecins ont du mal à les identifier, faute d'en connaître les signes. Et, quand le diagnostic est posé, les praticiens n'ont pas suffisamment d'expérience pour la stratégie du traitement. Face à cette multitude de maladies et aux publications qui s'y réfèrent, nul médecin ne peut mémoriser un tel nombre d'informations. La solution du problème réside dans une stratégie spécifique d'information.

Les sources d'information

— Sites gouvernementaux. Les autorités sanitaires ont mis au point une politique de gestion des maladies rares. Il existe des sources d'information écrites et surtout des sites internet qui permettent de se documenter. La maladie peut être recherchée par son nom, par ses symptômes, par les organes affectés. Ces sites sont également ouverts au dialogue. Des informations pratiques y sont fournies sur les mesures d'aide sociale et de soutien auxquelles ont droit les patients dans certaines situations (prise en charge de prothèses, de matériel spécifique, intervention d'une tierce personne). Médecins, professions paramédicales et grand public peuvent s'adresser aux sites http://www.sante.gouv.fr/htm/dossiers/maladies_rares et http://www.orpha.net.

— Associations de malades. Les sites officiels donnent l'adresse des associations de malades qu'il convient de ne pas négliger. Un très grand nombre d'associations fournissent des renseignements médicaux de grande qualité, des conseils pratiques utiles, un support moral souvent très efficace en raison du dévouement de leurs membres.

— Centres de référence. Il a été créé, à travers la France, un maillage de centres médicaux de référence, situés au sein des hôpitaux universitaires, auxquels on peut s'adresser, que l'on soit médecin, patient ou proche d'un malade. Ces centres sont choisis en fonction de leurs expertises spécifiques dans les maladies en cause. Il existe par exemple des centres spécialisés dans les vascularites (périartérite noueuse, maladie de Wegener), le lupus, etc. La liste des centres de référence est revue périodiquement en fonction de l'évolution des compétences.

   Une fois le diagnostic établi, se pose le problème de la prise en charge thérapeutique. Lorsqu'ils existent, les traitements sont complexes et parfois non dénués de risques. Ils doivent être soit entièrement pris en charge, soit supervisés par les centres.

La recherche

La recherche en matière de maladies rares est également spécifique. La génétique, la biochimie, tout comme les recherches cliniques (signes des maladies, efficacité des traitements) ne peuvent être menées dans des centres isolés, aussi compétents soient-ils.

— Cohésion internationale. Pour obtenir des résultats de valeur, la réunion d'un grand nombre de cas est nécessaire. À l'occasion de réunions internationales sont établis des protocoles communs de recherche qui sont appliqués dans un grand nombre d'unités médicales. Ainsi peut-on obtenir, malgré la rareté des cas, des statistiques sur un nombre suffisant de malades dont l'étude permet des conclusions pertinentes. De cette manière, les patients ont l'assurance de bénéficier partout des thérapeutiques les plus récentes et les plus adaptées à leur maladie.

— Médicaments orphelins. Le traitement d'un grand nombre de maladies rares requiert des médicaments complexes et coûteux. Par exemple, certains déficits enzymatiques nécessitent que l'enzyme manquante, difficile à produire, soit régulièrement injectée au malade. Les recherches requièrent des activités qui engagent des dépenses importantes. Les produits obtenus sont chers et les firmes pharmaceutiques, du fait du petit nombre de malades, ne peuvent amortir le fruit de leurs recherches. Ainsi certains médicaments ne pourraient-ils pas être fabriqués (d'où le qualificatif d'orphelins) sans aide. Les pouvoirs publics de plusieurs pays ont mis au point des programmes d'aide à l'industrie pharmaceutique pour la recherche et la production de médicaments destinés aux maladies rares.