Larousse Médical 2006Éd. 2006
S

séton

Faisceau de crins introduit sous la peau, traversant une cavité à drainer (abcès, hématome) et ressortant par un autre orifice cutané.

   Par extension, on appelle « plaie en séton » une plaie faite par une balle ou par une arme blanche, entrée puis ressortie sans léser les tissus profonds. Malgré la bénignité apparente d'une plaie de ce type, une fois son trajet superficiel vérifié, la prévention d'une éventuelle infection (nettoyage par application d'antiseptiques), voire du tétanos (sérothérapie, vaccination), est indispensable.

seuil

Niveau d'intensité ou de concentration d'un élément, nécessaire à la production d'un effet donné.

— Le seuil d'excitation, ou seuil d'excitabilité, d'une fibre nerveuse est l'intensité minimale de la stimulation nécessaire pour la faire passer du repos à l'activité. Le seuil d'excitation d'une fibre nerveuse varie en fonction de l'activité de cette dernière. Après l'excitation, ce seuil devient très élevé, et la fibre ne répond plus à de nouvelles excitations (période réfractaire).

— Le seuil d'élimination, ou seuil rénal, d'une substance est la concentration minimale nécessaire de cette substance dans le plasma pour que celle-ci passe dans l'urine. Par exemple, le seuil rénal du glucose est de 1,6 gramme par litre, c'est-à-dire que tout le glucose filtré par le glomérule est réabsorbé par le tube contourné proximal jusqu'au seuil de 1,6 gramme par litre ; au-delà, la réabsorption n'est plus totale et du glucose apparaît dans l'urine.

sevrage (syndrome de)

Ensemble des troubles organiques sévères dont souffre un sujet toxicomane en état de dépendance physique quand il est privé de sa drogue ou d'un médicament dont il fait un usage abusif.

   Le syndrome de sevrage s'observe essentiellement avec les opiacés (ou morphiniques), les hypnotiques, les anxiolytiques (barbituriques, carbamates, benzodiazépines), les antidépresseurs et l'alcool.
— Avec les opiacés, le syndrome de sevrage débute par une sudation, un larmoiement, un écoulement nasal ; puis apparaissent des crampes intenses, un tremblement, des nausées, des vomissements, une diarrhée, des hallucinations.
— Avec les hypnotiques, les anxiolytiques et l'alcool, il se produit une anxiété, des contractions musculaires involontaires, un tremblement, parfois des convulsions, des hallucinations et une fièvre. Dans le cas de l'alcool, on parle de delirium tremens.

TRAITEMENT

Il existe des protocoles rigoureux et valides qui sont à mettre en application avec l'accord de la personne.

— Avec les opiacés, un produit de substitution, la méthadone, peut être utilisé à doses dégressives.

— Avec les hypnotiques, les anxiolytiques, les antidépresseurs et l'alcool, l'administration de substances neuroleptiques (antipsychotiques) peut être utile. En cas de surdosage des benzodiazépines, un antidote peut être administré, en même temps que des mesures de désintoxication (lavage d'estomac, notamment) sont entreprises.

sevrage du nourrisson

Passage de l'allaitement au sein à l'allaitement au biberon.

   Le sevrage du nourrisson devrait, dans l'idéal, intervenir au moment qui apparaît aux parents comme le plus favorable, aussi bien pour eux-mêmes que pour le nourrisson : la mère peut avoir envie de vivre un nouveau mode de relation, moins fusionnel, avec son enfant ; elle peut aussi percevoir que celui-ci est prêt à renoncer au plaisir du sein en faveur d'autres expériences nutritives. Dans les faits, le moment du sevrage, qui intervient souvent avant l'âge de 3 mois, répond le plus souvent à des impératifs économiques (reprise du travail de la mère) ou à la diminution de la quantité de lait maternel (par suite de surmenage ou d'angoisse, notamment).

   Le passage au biberon doit s'effectuer progressivement, au rythme de la mère et de l'enfant. Il est conseillé de remplacer une tétée – de préférence la moins abondante – par un biberon de lait premier âge. Dès que le nourrisson commence à s'habituer au biberon, on peut introduire un deuxième biberon par jour et ainsi de suite jusqu'au complet remplacement des tétées au sein par les repas au biberon. Le sevrage peut s'étendre sur une semaine ou plus. Ainsi la mère diminue progressivement sa sécrétion lactée et l'enfant s'habitue à ce nouveau mode de relation, plus autonome.

sevrage d'un toxique

Arrêt progressif ou immédiat de la consommation d'une substance toxique dont le sujet est dépendant.

   Quelle que soit cette substance (alcool, tabac), le sevrage ne peut être programmé qu'en accord avec la personne concernée, en choisissant la ou les méthodes les plus adaptées à son cas. Il se pratique dans des centres de cure, hospitaliers ou non. Les associations d'anciens usagers de toxiques et les campagnes publiques d'information contribuent à en favoriser l'entreprise, souvent longue et pénible.

Sevrage de l'alcool

Le traitement n'est possible que si le sujet est motivé. La prise en charge peut nécessiter une hospitalisation pour lutter contre les divers symptômes de manque : agitation, agressivité, insomnie, delirium tremens. Un contrôle biologique et un soutien psychiatrique sont généralement nécessaires, associés à une réhydratation et à la prise de tranquillisants, d'antidépresseurs, de vitamines du groupe B (B1 et B6), ces dernières afin d'éviter les polynévrites (atteintes des nerfs périphériques, surtout ceux des membres inférieurs). À long terme, on utilise aussi, avec l'accord du patient, certains médicaments, dits dissuasifs, comme le disulfirame, qui provoque des nausées et des vomissements à la moindre absorption d'alcool, induisant ainsi, par conditionnement, une aversion pour ce toxique.

   Cette prise en charge, qui peut durer plusieurs mois, voire plusieurs années, nécessite un suivi très régulier. Un besoin intense d'alcool peut en effet apparaître brutalement, longtemps après le sevrage (phénomène appelé craving en anglais), qui risque d'entraîner une récidive de l'alcoolisme. Les rechutes, fréquentes, ne doivent pas être stigmatisées.

Sevrage d'une drogue

Le sevrage se déroule en deux phases consécutives, mais très intriquées : le sevrage physique, qui met en jeu l'abstinence et ses conséquences psycho-organiques (douleurs viscérales, malaises, angoisse intense, « impatiences » dans les jambes), et évolue en quelques jours ; le sevrage psychologique (affranchissement de tout besoin de toxique), long, pénible, qui marque la fin de la toxicomanie. La méthode de sevrage diffère peu selon la drogue utilisée. À la réduction progressive des doses, on préfère aujourd'hui soit un sevrage brutal, avec le soutien d'anxiolytiques, d'analgésiques ou d'antidépresseurs, soit un sevrage progressif, mené à l'aide d'une substance de remplacement telle que la méthadone ou la buprénorphine. Le sevrage s'effectue le plus souvent en milieu hospitalier, mais il est parfois possible d'éviter l'hospitalisation, ce qui nécessite alors une adhésion totale du sujet et des soins plus vigilants. Les récidives sont nombreuses, souvent suivies de nouvelles demandes thérapeutiques, qui doivent à chaque fois être considérées avec le même sérieux.

   Un nouveau-né dont la mère est toxicomane nécessite lui aussi un sevrage. Celui-ci ne met pas sa vie en jeu, mais peut perturber son développement psychomoteur.

Sevrage du tabac

La motivation au sevrage du fumeur nécessite souvent une lente maturation et parfois plusieurs années de réflexion. Des tentatives d'arrêt sont souvent l'indice d'une forte motivation et précèdent souvent un arrêt définitif. Une aide appropriée et spécifique, par un médecin ou par un tabacologue, visant à apporter un soutien au fumeur et à renforcer sa motivation, peut être indispensable. Cette aide consiste à aider le fumeur à prendre conscience des inconvénients du tabagisme et de ses comportements de fumeur, sans culpabilisation. Les thérapies comportementales et cognitives peuvent ainsi renforcer la motivation et sont très utiles dans l'aide au sevrage tabagique. En cas de manque nicotinique lors du sevrage, des substituts contenant de la nicotine (gomme à mâcher, timbre transdermique) ont une efficacité démontrée chez les fumeurs ayant une dépendance physique, en atténuant les symptômes du manque (nervosité, agressivité, insomnie). D'autres médicaments comme le bupropion et, plus récemment, la varénicline ont une efficacité similaire aux substituts nicotiniques dans l'aide au sevrage tabagique.

   L'arrêt du tabac peut entraîner une prise de poids, contre laquelle l'ancien fumeur devra être prévenu et aidé (diététique), et peut démasquer un syndrome anxiodépressif qui devra être systématiquement recherché et pris en compte sous peine de reprise du tabagisme.

En cas d'échec à l'arrêt complet, une stratégie de réduction progressive du tabagisme à l'aide de substituts nicotiniques par gommes peut être une première étape vers un sevrage définitif.

Voir : alcoolisme, tabagisme, toxicomanie.