Larousse Médical 2006Éd. 2006
I

incongruence

Manque d'adaptation entre deux surfaces articulaires en contact.

   L'incongruence peut être naturelle. C'est parfois le cas des articulations de l'épaule ou du genou : les ménisques au genou et le bourrelet à l'épaule rétablissent alors la congruence. Il semble qu'un certain degré d'incongruence soit favorable à une bonne lubrification articulaire : le liquide passe mieux entre les surfaces. Une congruence totale pourrait entraîner une arthrose.

   D'autre part, l'incongruence peut être due à une fracture articulaire mal réduite (incongruence post-traumatique). Dans ce cas, il existe aussi une possibilité d'arthrose.

   Ce terme définit également la qualité de l'affrontement entre deux fragments fracturés.

inconscient

En psychologie et psychanalyse, ensemble des contenus de la pensée qui échappent à la conscience.

   L'utilisation du mot inconscient dans la vie psychique est ancienne pour manifester l'existence de situations qui échappent à la vie consciente de tous les jours comme les lapsus, les rêves, les impressions de déjà-vu. La vulgarisation de « l'inconscient » s'est produite à la fin du XXe siècle à la suite des travaux du psychanalyste Sigmund Freud.

   La question du refoulement et de la mise à l'écart de certaines pensées ou de certains actes de la vie courante, comme les actes ou les idées sexuelles, a nécessité la formulation d'une première théorie de la pensée. La proposition a été faite selon la formule « inconscient-préconscient-conscient ». L'inconscient est l'instance où se trouvent, entre autres, les éléments refoulés ; le préconscient, l'instance rassemblant les éléments qui peuvent devenir conscients en fonction des circonstances de vie ; le conscient représente la pensée de tous les jours qui donne l'impression d'être maîtrisée. Cette première classification a été suivie de plusieurs autres ayant pour but de favoriser les propositions thérapeutiques, psychothérapiques et psychanalytiques.

   Le mot « inconscient » est d'un usage courant actuellement. Il fait toujours référence à la pensée, aux éléments affectifs et à la partie plus ou moins cachée de soi.

incontinence fécale

Perte de contrôle du sphincter anal, incapable de retenir les selles.

   L'incontinence fécale peut avoir des causes très diverses, certaines mécaniques (destruction du sphincter anal par une infection, une tumeur, une blessure), d'autres nerveuses (section des nerfs commandant le sphincter lors d'une intervention chirurgicale sur un cancer du rectum, paralysie, maladie cérébrale).

   La rééducation du contrôle sphinctérien est malaisée ; néanmoins, elle peut, dans certains cas, apporter une amélioration à l'incontinence.

incontinence urinaire

Perte involontaire d'urines.

   L'incontinence urinaire ne doit être confondue ni avec l'énurésie (perte involontaire d'urine pendant le sommeil) ni avec l'impériosité mictionnelle (miction involontaire lors d'une envie d'uriner trop pressante). L'incontinence urinaire elle-même présente deux formes : elle peut être permanente ou ne survenir qu'à l'effort.

Incontinence urinaire permanente

L'incontinence urinaire permanente est due à une déficience du sphincter de la vessie et de l'urètre provoquée par une maladie neurologique ou un traumatisme altérant les commandes nerveuses de la vessie et des sphincters : spina-bifida (malformation de la colonne vertébrale), sclérose en plaques, fracture de la colonne vertébrale avec lésions de la moelle épinière. Elle peut aussi apparaître après une fracture du bassin accompagnée d'une rupture de l'urètre ou à la suite d'une intervention chirurgicale sur la prostate. L'incontinence urinaire permanente se manifeste par un écoulement incontrôlable d'urine.

   Le traitement repose sur la rééducation du sphincter et des muscles du périnée par la gymnastique ou à l'aide de stimulateurs musculaires, petites sondes électriques indolores qui, introduites dans le rectum par l'anus, permettent de stimuler ces muscles artificiellement. En cas d'échec, on peut pratiquer une intervention chirurgicale correctrice visant à renforcer le périnée et à soutenir le col de la vessie, voire poser un sphincter artificiel.

Incontinence urinaire d'effort

L'incontinence urinaire d'effort survient surtout chez la femme âgée ou après des accouchements nombreux ou traumatiques. Elle peut avoir pour cause soit une atrophie des muscles du périnée qui soutiennent la vessie, soit une descente du col de la vessie, soit encore une faiblesse du sphincter. La perte d'urine survient à la suite de contractions brutales des muscles abdominaux dues, par exemple, au transport d'une charge lourde, à un éclat de rire ou encore à une crise violente de toux ou d'éternuements, qui, en comprimant la vessie, provoquent une fuite, parfois importante, d'urine.

   Le traitement fait appel à une rééducation du sphincter et des muscles du périnée. En cas d'échec de la rééducation, la chirurgie donne de très bons résultats. De nombreuses interventions consistent en la pose d'une bandelette synthétique par voie vaginale, sous l'urètre, destinée à soutenir et à comprimer l'urètre lors des efforts.

Voir : cancer de la prostate.

incontinentia pigmenti

Affection héréditaire caractérisée par des lésions cutanées associées à des atteintes viscérales.

Synonyme : maladie de Bloch-Sulzberger.

   L'incontinentia pigmenti est une affection rare, s'observant essentiellement chez les filles. Elle se manifeste dès la naissance par une éruption évoluant en trois phases. La première se présente sous la forme de placards cutanés rouges, légèrement surélevés, qui démangent et se recouvrent de vésicules et de bulles (cloques), disposées de façon linéaire sur le dos et les membres. La deuxième phase est marquée par l'apparition de papules ressemblant à celles du lichen plan et recouvertes de grosses élevures irrégulières. À la troisième phase apparaissent de petites taches bleues ardoisées, sur le tronc et les membres, prenant une disposition caractéristique « en jets d'eau » ou « en éclaboussures ». Cette pigmentation s'atténue progressivement à la puberté. Les atteintes viscérales sont surtout oculaires (cataracte) et nerveuses (risque de convulsions et de retard mental). Enfin, des déficits immunitaires ont été signalés.

   Le traitement est celui des symptômes : ouverture et dessèchement des bulles à la phase initiale et, au besoin, administration de médicaments anticonvulsivants. Il subsiste une hyperpigmentation à l'emplacement des lésions après leur disparition.