Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
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Jean COCTEAU (1889-1963). (suite)

MFC

Bibliographie. E. Aschengreen, Jean Cocteau and the Dance, Gyldendal, Copenhague, 1986.

Jean COCTEAU (1889-1963).

Écrivain, librettiste, décorateur et dessinateur français.

Fasciné dès 1909 par les *Ballets Russes, dont il devient un fervent admirateur, il décrit et dessine avec une verve éblouissante les métamorphoses de V. *Nijinski, auquel il dédie l'affiche célèbre du *Spectre de la rose (1911) et le livret exotique du *Dieu bleu (1912). S. de *Diaghilev, qui pressent en son fidèle « Jeanchik » l'étincelle prometteuse de nouveaux feux d'artifice, lui lance en 1912 son célèbre : « Étonne-moi ! » En réponse, cinq ans après, il suscite avec P. *Picasso, É. *Satie et L. *Massine le scandale de *Parade, imaginant de transporter pour la première fois « des gestes réels jusque dans la danse ». Il poursuit sa révolution esthétique avec les clowns Fratellini dans la farce burlesque le Bœuf sur le toit (1920), puis aux *Ballets suédois, en collaboration étroite avec J. *Börlin et le groupe des Six pour les *Mariés de la tour Eiffel (1921), première œuvre, écrit-il, où en réhabilitant le lieu commun il ne doive rien à personne. Désormais, il s'efforce d'introduire le monde moderne dans le ballet et, inspiré par les acrobaties d'A. *Dolin sur la plage de Monte-Carlo, imagine pour Diaghilev le *Train bleu (1924), opérette dansée de D. *Milhaud. La même année, aux Soirées de Paris du comte de *Beaumont, il présente une mise en scène chorégraphique de *Roméo et Juliette, dont A. *Levinson goûte les trouvailles plastiques et dynamiques. Séduit en 1942 par les débuts de J. *Charrat et R. *Petit, en étroite collaboration avec ce dernier et J. *Babilée, il conçoit son chef-d'œuvre, le *Jeune Homme et la Mort (1946). Il fait un retour éclatant à la tragédie antique avec *Phèdre (1950) dont il conçoit découpage, décor et costumes, S. *Lifar réglant la chorégraphie, comme celle de son Bel Indifférent (1957), puis élabore avec H. *Rosen la médiévale Dame à la licorne (1953, Munich ; rep. 1959, Op. de *Paris). Son dernier livret-poème, le Fils de l'air, est créé par les élèves de *Mudra en 1972. Avide de découvrir sans cesse personnalités et courants esthétiques nouveaux, Cocteau met ses dons multiples au service du spectacle. Prince du verbe, pour traverser le miroir d'Orphée, il a besoin de la danse, « langage international dans lequel chacun s'exprime avec la singularité de son style », et donne « la traduction directe d'une poésie que les termes trahissent ».

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Bibliographie. E. Aschengreen, Jean Cocteau and the Dance, Gyldendal, Copenhague, 1986.

George Michael COHAN (1878-1942).

Danseur, acteur, metteur en scène, auteur et producteur américain.

Né dans une famille d'artistes, il se produit avec ses parents jusqu'à son adolescence dans la grande tradition des *vaudevilles alors en plein essor et il acquiert un sens inhabituel du spectacle. Ambitieux, agressif, mordant, il va, pendant trente ans, danser, jouer, mettre en scène, produire, écrire ses spectacles musicaux, dont Little Johnny Jones (1904), Forty Five Minutes from Broadway (1906) et diriger ses propres théâtres. Il paraît également dans quelques films muets : The Phantom President (1923) ou Broadway Jones (1926), seuls témoins de son style de danse, une sorte de *buck and wing excentrique. De 1901 à 1919, avec sa sœur Josephine, il présente des danses de *société pimentées de *pas excentriques. James Cagney, incarnant son personnage au cinéma dans Yankee Doodle Dandee (1942, WB), reprend peut-être un style similaire (*claquettes athlétiques et rapides avec des pauses et *strut impudent, buste penché en avant, jambes tendues).

Personnalité explosive et égocentrique, doté d'une assurance exubérante, chauvin, énergique, pensant et planifiant à grande échelle, il est représentatif du début du XXe s. américain. Surnommé " l'homme qui possédait Broadway ", il est considéré comme l'un des hommes de spectacle dominants de sa génération, sachant utiliser toutes les ficelles du métier pour subjuguer le public.

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Robert COHAN (né en 1925).

Danseur et chorégraphe américain.

Né à New York, il se destine à la recherche en sciences naturelles. La deuxième guerre mondiale interrompt son parcours. En permission en Angleterre, il assiste à une représentation de *Miracle in the Gorbals de R. *Helpmann et décide de changer de carrière. De retour aux États-Unis, il suit les cours de M. *Graham. Quatre mois après, il entre dans la compagnie et devient son partenaire. De 1957 à 1962, il tente de travailler seul, enseigne, chorégraphie et fonde, sa propre compagnie. De retour dans la compagnie de M. Graham en 1966, il en devient le codirecteur. En 1967, Robin Howard, qui admire la danse grahamienne, lui propose la direction artistique du *London Contemporary Dance Trust qu'il vient de fonder. Arrivé en Angleterre, il forme immédiatement une compagnie, le *London Contemporary Dance Theatre avec les élèves de la nouvelle école qui lui est associée et développe un répertoire contemporain ainsi qu'un public.

Ses chorégraphies, comme sa pédagogie, sont fortement influencées par la technique grahamienne qu'il agrémente d'un complément de danse *jazz. Son travail, moins émotionnel que celui de Graham, soulève souvent des questions sociales ou politiques comme Cell 1969, étude philosophique sur la perte de l'identité. Durant sa carrière, il sera le guide de toute une génération de chorégraphes dont R. *Alston, S. *Davies et R. *North. Il contribue à libérer la danse anglaise des traditions du classique en la portant à développer sa propre modernité.

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Autres chorégraphies. Perchance To Dream (1954) ; Streams (1971) ; People Alone (1972) ; Class (1975) ; Stabat Mater (1975) ; Ice (1978) ; Field (1980) ; Agora (1984) ; Video Life (1986) ; Crescendo (1989) ; A Midsummer Night's Dream (1993) ; Four Seasons (1995) ; Pandora Liberante (1997).

Frederic COHEN, [C. Fritz Alexander ] (1904-1967).

Compositeur et chef d'orchestre allemand.

Il commence sa carrière comme metteur en scène d'opéra et chef d'orchestre au théâtre municipal de Münster (1924-1927) où il rencontre K. *Jooss et compose les premières musiques de ballet de la Neue Tanzbühne. De 1932 à 1942, il est directeur musical, premier pianiste et codirecteur artistique des Ballets Jooss, avec lesquels il quitte l'Allemagne en 1933. Après la dissolution de la compagnie, il s'installe aux États-Unis où il travaille comme metteur en scène pour des festivals et des théâtres d'été. En 1946, il rejoint la *Juilliard School et y fonde l'Opera Studio qu'il dirige jusqu'en 1963. Il est l'auteur de nombreux ballets pour Jooss, dont Tragedie (1926), Illusions (1930), la *Table verte (1932), le *Fils prodigue (1933), *A Spring Tale (1939) et d'arrangements, notamment pour *Bal dans le vieux Vienne (1932).

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