Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
L

Jean-Yves LORMEAU (né en 19XX).

Danseur français.

Issu du Conservatoire de *Paris, il est engagé à l'Opéra de *Paris de 1971 à 199? (*étoile en 1981). Son élégante silhouette romantique fait de lui le prince idéal des ballets du xixe siècle (*Giselle, le *Lac des cygnes). Il marque de sa personnalité les créations de *Sylvia (L. *Darsonval), le *Songe d'une nuit d'été (J. *Neumeier), Sonate à trois (M. *Béjart). Après sa retraite, il est *maître de ballet en Amérique latine avant de prendre la direction artistique du Ballet du Théâtre municipal de Rio en 1996.

SJM

Paul Lormier (1813-1895).

Dessinateur de costumes français.

Il entre à l'Opéra de *Paris vers 1828. Duponchel, qui sous la direction du Dr *Véron a la haute main sur la confection des costumes, l'encourage et en 1832, Lormier signe ses premières esquisses pour la Tentation (J. *Coralli). En 1855, il cumule les fonctions de dessinateur et de chef de l'habillement. Jusqu'en 1875, avec Alfred Albert, il travaille à l'ensemble des productions. Après l'inauguration du palais Garnier, E. *Lacoste qui le tient en grande estime, fait encore appel à lui pour Namouna (1882, chor. M. *Petipa, mus. E. *Lalo). Il est l'un des premiers à s'intéresser à la vérité historique et à se livrer pour chaque œuvre à des recherches approfondies. Cependant, cette démarche concerne davantage les opéras que les ballets dans lesquels Lormier montre plus de fantaisie, que ce soit dans le fameux Gustave ou le Bal masqué (1833, opéra de D. *Auber, chor. Ph. *Taglioni) ou dans Coppélia (1870). Mais c'est avec *Giselle (1841) et la *Péri (1843) qu'il se montre le plus novateur en fixant la forme du tutu avec ses jupes de tulle superposées.

NW

Tilly LOSCH (1903-1975).

Danseuse, actrice et chorégraphe autrichienne.

Formée à l'École de danse de l'Opéra de *Vienne, elle est engagée dans le ballet en 1918 et devient soliste en 1924. Parallèlement elle étudie la danse moderne, se produit avec G. *Wiesenthal (1919) et comme danseuse-actrice dans les théâtres de Vienne. En 1924, elle suit des cours avec M. *Wigman et commence à collaborer avec M. *Reinhardt comme danseuse et chorégraphe, faisant grâce à lui ses débuts à New York et Londres en 1927 après avoir démissionné de l'Opéra de Vienne. Elle travaille ensuite entre ces deux villes notamment pour les *revues de Charles B. Cochran (Londres), se produisant également avec Fred et Adele *Astaire dans la revue The *Band Wagon (1931, New York). Membre des Ballets 1933 de G. *Balanchine, elle y danse des rôles de soliste dans les *Sept Péchés capitaux, Errante et les Valses de Beethoven. En 1934, elle s'installe aux États-Unis où elle paraît dans quelques films (The Garden of Allah, 1936 ; The Good Earth, 1937 ; Duel in the Sun, 1947) et ballets (Goya Pastorale, 1940, A. *Tudor), se consacrant essentiellement à la peinture à partir de 1938.

Maîtrisant le vocabulaire classique, T. Losch fait preuve dans sa danse d'une liberté et d'une plasticité acquise par sa formation en danse moderne. Ce style peu commun à l'époque que H. *Kröller met à profit notamment dans Schlagobers (1924) et Das lockende Fantom (1927), est salué par le critique britannique A. *Haskell, qui découvre en elle une des rares danseuses « continentales » ne réduisant pas sa danse à des poses plastiques.

PLM

Monique LOUDIÈRES (née en 1956).

Danseuse française.

Issue de l'École de danse de l'Opéra de *Paris, elle rejoint le ballet (1972-1996) où elle est nommée *étoile en 1982. Technicienne raffinée, elle interprète avec une subtile élégance les ballets de M. *Petipa remontés par R. *Noureev (*Don Quichotte, *Raymonda, le *Lac des cygnes, la *Belle au bois dormant, *la Bayadère). Ses dons de comédienne, dans le registre de l'humour (la *Dansomanie, I. *Cramer ; *Coppélia, P. *Lacotte ; une des sœurs de *Cendrillon, Noureev) ou de la tragédie (*Roméo et Juliette, vers. Noureev et J. *Cranko ; *Notre-Dame de Paris ; Histoire de *Manon) en font une artiste recherchée par les chorégraphes comme J. Neumeier dont elle danse le *Songe d'une nuit d'été et qui crée pour elle *Sylvia (1997). Elle possède au plus haut degré l'art d'invoquer le monde des esprits par la pureté extrême du mouvement, dénué de toute affectation. *Sylphide aussi tentatrice qu'impalpable, *Giselle immatérielle, Ombre tourmentée dans *Mirages, elle est l'une des interprètes favorites de J. *Robbins qui met idéalement en valeur sa présence diaphane et mystérieuse (*In the Night). Comme Y. *Chauviré en qui elle reconnaît son maître, elle s'oriente vers le métier de professeur de rôles.

SJM

Filmographie. Lueur d'étoile (1991, réal. D. Delouche).

Murray LOUIS, [Fuchs M., dit ] (né en 1926).

Danseur, chorégraphe et pédagogue américain.

D'origine modeste, il grandit à New York. En 1946, il rejoint A. *Halprin à San Francisco, qui l'oriente vers H. *Holm. C'est en 1949 qu'il rencontre A. *Nikolais : leur collaboration sur plus de cinquante ans est la clé de leur réussite. Formé à la *Henry Street Playhouse, il se voit confier les cours pour enfants et, tout en suivant des études universitaires, s'impose vite comme soliste chez Nikolais, avec un contrôle corporel stupéfiant. Il commence très tôt à chorégraphier, travaillant au début avec des danseurs de Nikolais tels P. *Lamhut et G. *Bailin, avant de devenir indépendant, en 1969. Remarquable pédagogue, il aide son compagnon à élaborer son enseignement. En 1989, les deux compagnies fusionnent pour former la Nikolais and Murray Louis Dance, qu'il dirige seul après la disparition de son maître, en 1993.

Auteur de plus de cent œuvres, développant un style inimitable et incisif, souvent humoristique (*Junk Dances, 1964), il se distingue de Nikolais par la priorité donnée aux danseurs et à ses choix musicaux éclectiques (classique, jazz, électronique). Il explore le mouvement pur et l'abstraction, se scrute en profondeur dans ses solos tels *Chimera (1966) et *Déjà Vu (1977), atteignant la plénitude de son art avec sa compagnie (Porcelain Dialogues, 1974 ; Schubert, 1977). Le public européen le découvre dans *Hoopla et le compare alors au mime Marceau. Acclamé par la critique, régulièrement distingué, il tourne dans le monde entier et crée pour J. *Limón, R. *Noureev, le *Ballet royal danois, la *Batsheva Dance Company, entre autres. Dans ses livres d'essais Inside Dance (Saint Martin's Press, 1980) et On Dance (A Cappella Books, 1992), il se révèle un défenseur hardi et lucide de sa profession.