Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
B

Georges BIZET (1838-1875).

Compositeur français.

Élève de Ch. *Gounod et J. F. Halévy, il obtient le prix de Rome en 1857. Grand virtuose de piano, selon F. *Liszt lui-même, il se révèle surtout un véritable génie dramatique : tout en acceptant les contraintes des genres de théâtre en musique, il sait se montrer aussi efficace qu'original dans la création de situations et de personnages hors du commun dessinés grâce à une grande subtilité rythmique, mélodique et harmonique. S'inscrivant dans la tradition française, son style d'orchestration reste l'un des plus riches et raffinés de son siècle.

Bien qu'il n'ait jamais composé expressément pour la danse, à l'exception de scènes dans ses opéras, sa musique tient une place importante dans la création chorégraphique. Avec *Carmen, tout d'abord, œuvre à laquelle se sont confrontés nombre de chorégraphes et dont l'héroïne est devenue un des archétypes du XXe siècle. Jeux d'enfants, composition pour piano datant de 1871, a aussi inspiré plusieurs chorégraphes tels L. *Massine (1932), A. *Aveline (1941), T. *Gsovska (Rêves d'enfants, 1951), G. *Balanchine (The Steadfast Tin Soldier, 1975), de même que sa symphonie en do majeur Rome (1855), chorégraphiée par A. *Howard(Assembly Ball, 1946) et Balanchine (Palais de cristal, 1947 ; Roma, 1955). R. *Petit a donné en 1974 une version chorégraphique de ses musiques composées en 1872 pour la pièce l'Arlésienne de Daudet.

AM

Sur la musique de Bizet. *Fokine (Danse espagnole , 1906) ; *Romanov (Andalousiana, 1914) ; *Wigman (Suite de danses II, 1920) ; *Lichine (Symphonic Impressions, 1951) ; *Gore (The Fair Maid, 1961) ; *Tharp (Sorrow Floats, 1984) ; *Lacotte (Te Deum, 1985).

Dinna Bjørn (née en 1947).

Danseuse et maîtresse de ballet danoise.

Fille de N. B. *Larsen et de la pianiste Elvi Henriksen, elle entre à l'École du *Ballet royal danois en 1964 . Elle fait ses débuts dans la compagnie en 1966 avec Afternoon of a Faun [l'*Après-midi d'un Faune] de J. *Robbins. Son physique romantique la destine au répertoire d'A. *Bournonville, mais elle peut aussi incarner des personnages d'un érotisme plus moderne. Dynamique maîtresse de ballet au Ballet national de *Norvège à partir de 1990, elle est invitée dans le monde entier pour enseigner la technique Bournonville et monter les ballets du chorégraphe.

EA

Jean-Baptiste Blache (1765-1834).

Danseur et maître de ballet français.

Élève de *Deshayes, fin musicien, violoniste et violoncelliste, il accomplit l'essentiel de sa carrière en province, principalement à Bordeaux, où il devient le digne successeur de J. *Dauberval et le continuateur de son esthétique chorégraphique. Il travaille brièvement à l'Opéra de *Paris sous l'Empire, puis sous la Restauration. Lors de cette seconde période, en raison d'intrigues, il ne peut monter qu'un seul ballet, Mars et *Vénus ou les Filets de Vulcain. Ses œuvres les plus célèbres, les Meuniers (1787), qu'A. *Saint-Léon cite dans sa Sténochorégraphie comme un ballet exemplaire, l'Amour et la Folie, la Chaste Suzanne, la Fille soldat, Almaviva et Rosine (1806), sont reprises partout en France et sur les théâtres des *Boulevards de Paris jusqu'à la fin des années 1830. Retiré à Toulouse, il meurt sans avoir accepté les propositions du directeur du théâtre de cette ville, qui le voulait comme maître de ballet.

Son œuvre lui survit toutefois grâce à son fils aîné, Frédéric-Auguste B. (1791-?). Celui-ci, après avoir assisté son père quelque temps à Bordeaux, devient maître de ballet au *théâtre de la Porte-Saint-Martin de 1816 à 1823, puis à l'Ambigu-Comique, où il remonte avec succès le répertoire créé par son père : le public parisien s'enthousiasme pour les reprises de la Fille soldat (1823) et surtout pour sa version du *Déserteur (1824).

Assez bon musicien, il fait preuve d'une inventivité efficace dans les spectacles imaginés pour mettre en valeur C. *Mazurier lorsque celui-ci arrive à Paris, en 1823 (Polichinelle vampire, 1823 ; *Jocko, 1825). La critique apprécie aussi les divertissements qu'il monte pour les mélodrames. Grâce à lui, le ballet de la Porte-Saint-Martin devient une troupe de qualité, parfaite pour assurer la multiplicité des spectacles donnés sur les *Boulevards.

Son second fils, Alexis-ScipionB. (1792-?), est aussi maître de ballet, successivement à Lyon, Paris, Marseille, Bordeaux et Saint-Pétersbourg (1832-1836).

SJM

Boris BLACHER (1903-1975).

Compositeur allemand.

Après des études de mathématiques et d'architecture, il se consacre à la composition et à la pédagogie à Berlin et aux festivals de Salzbourg et de Tanglewood. Influencé par le jazz, il élabore une technique de « mètres variables » afin de systématiser des changements rapides de tempo.

Auteur de neuf ballets parmi lesquels les plus connus restent Hamlet (V. *Gsovski, 1950 ; Aloïs Mitterhuber, 1974), sur un livret de T. *Gsovska, et Der *Mohr von Venedig (E. *Hanka, 1955 ; Y. *Georgi, 1956 ; Gsovska, 1956 ; H. *Rosen, 1962 ; T. *Schilling, 1969). Ses Paganini's variations seront chorégraphiées par T. *Bolender (1963) et Giuseppe Urbani (1969) et son Concertino par H. *Van Manen (1961). Pour Joylen Gets Up, Gets Down, Goes Out (1980), W. *Forsythe utilise une œuvre de Blacher de 1972 pour douze violoncelles : Blues und Rumba filarmonica.

MJS

Autres compositions. Fest im Süden (1936, Ellen Petz) ; Chiarina (1950, Jens Keith) ; Premier Bal (1950, *Charrat) ; Lysistrata (1951, Gustav Blank) ; Conte prussien (1952, Blank) ; Demeter (1964, Georgi) ; Tristan (1965, Gsovska).

Black Mountain College (BMC).

Université américaine (Caroline du Nord, 1933-1957).

Créé par John A. Rice en réaction à l'institutionnalisation de l'université américaine, le BMC fonctionne sans administration : les décisions sont prises par la communauté. L'ouverture à toutes les pratiques artistiques sont la force centrale de l'enseignement ; le propos, celui du processus. Il bénéficie de l'exil d'artistes européens, notamment du *Bauhaus, qui marque la culture américaine dans les années 1930-1940 (J. et A. *Albers, X. Schawinsky, S. Wolpe).

Dans les années 1940-1950, au moment de l'émergence de l'avant-garde américaine, il est fréquenté par les jeunes artistes américains dont J. *Cage, R. *Rauschenberg, M. C. Richards, Charles Olson ; M. * Cunningham et K. *Litz y enseignent la danse ; R. *Currier vient y suivre des cours et D. *Humphrey participer aux tables rondes autour de la danse moderne. Dans cette communauté de vie et de pensée, Cage joue sa première " musique silencieuse " et met en scène le prototype du *happening (Untitled Event, 1952) mêlant sans lien de causalité, par simple coprésence, les pratiques artistiques. Cunningham y crée sa compagnie (1953) et un solo selon les méthodes *aléatoires qu'il développera par la suite.