Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
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Gerhard BOHNER (1936-1992). (suite)

Génie visionnaire, guettant le geste parfait, il réduit le mouvement à l'essentiel dans un équilibre entre forme et contenu qu'aucun chorégraphe de son temps n'aura jamais autant exploré.

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Autres chorégraphies. Im Goldenen Schnitt I, II, III (1989, déc. Vera Röhm), *Angst und Géometrie (1990) et SOS (1991).
Bibliographie. Collectif, G. Bohner, Tänzer und Choreograph, Ed. Hentrich, Berlin, 1991.
Filmographie. Im gespräch mit G. Bohner (réal. Ulrich Tegeder).

Nikolaï Boïartchikov (né en 1935).

Danseur et chorégraphe russe.

Élève de l'École de danse de *Leningrad, il danse au *Maly dès 1954. En 1967, il termine ses études à la faculté des chorégraphes du Conservatoire de Leningrad, tout en composant des ballets dont le premier est les Trois Mousquetaires (1964, mus. Veniane Basner, th. Maly). De 1971 à 1977, il dirige le Ballet de Perm et, depuis 1977, celui du Maly où il compose des ballets inspirés d'œuvres littéraires. À la différence de l'habitude des années 1930-1940, il compose des spectacles entièrement dansés, sans pantomime, et introduit dans ses mises en scène des effets métaphoriques. Ainsi, dans son *Macbeth (1984, mus. S. Kallos) à chaque meurtre commis, un arbre pousse sur la scène, l'apparition de tous petits arbustes annonçant la mort des enfants de Duncan. Considéré comme le plus intellectuels des chorégraphe de son temps, il ne joue jamais sur des émotions directes.

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Autres chorégraphies. La Dame de Pique (1969, d'après *Pouchkine, mus. *Prokofiev) ; Orphée et Eurydice (1977, mus. A. Jourbine) ; les Brigands (1982, d'après F. Schiller, mus. M. Minkov) ; le Don tranquille (1988, d'après M. Cholokhov, mus. L. Klinitchev) ; Pétersbourg (1992, d'après A. Bielyï, mus. S. Danevitch).

Ballet du théâtre Bolchoï.

Compagnie de danse russe attachée au principal théâtre lyrique de Moscou.

Bien que le bâtiment actuel du Bolchoï Teatr [Grand Théâtre] date de 1825, il existe alors à Moscou depuis 50 ans déjà des compagnies qu'on peut considérer comme les ancêtres directs de celle du Bolchoï. La première, formée en 1776 à l'Orphelinat de Moscou avec des élèves d'une classe de danse, se produit à partir de 1780 au théâtre Petrovski, puis dans d'autres lieux, et passe en 1806 sous l'autorité de la Direction des théâtres impériaux. Les ballets sont tout d'abord montés par des étrangers, dont Leopold Paradis, les frères Francesco et Cosimo Morelli, Pietro Pinucci, Guiseppe Solomoni, Jean Lamiral, avant que n'apparaissent les premiers chorégraphes d'origine russe : Isaac Abletz (à partir de 1807), Ivan Lobanov (à partir de 1816) et surtout A. *Glouchkovski (1812-1839). Celui-ci compose les premiers ballets sur des sujets russes dont Rouslan et LudmilaRouslan et Ludmila (1821), des divertissements dits " patriotiques " et forme des danseurs tels Tatiana Glouchkovskaïa, Alexandra Voronina-Ivanova, Daria Lopoukhina, Nikita Pechkov. Dès les années 1820-1830, on discerne une différence de style avec le ballet de *Saint-Pétersbourg : plus attaché aux sources folkloriques, plus terre à terre, celui de Moscou préfère les ballets narratifs et surtout comiques, ce qui fait que les danseurs y sont souvent des mimes accomplis.

L'arrivée de F. *Hullin-Sor, danseuse et chorégraphe au Bolchoï de 1823 à 1839, marque une étape importante : elle introduit les ballets romantiques (la *Sylphide, etc.) et forme des danseuses dont la plus célèbre, E. *Sankovskaïa, surnommée " l'âme du ballet moscovite " a pour partenaire habituel le français Théodore Guérineau ou encore C. *Bogdanov. Dans les années 1850, les ballets de J. *Perrot y sont montés, dont la *Esméralda, grâce à F. *Elssler en tournée à Moscou en 1850-1851 ; Praskovia Lebedeva danse aussi le rôle avec succès.

Par la suite, les chorégraphes se succèdent, mais aucun ne permet au Bolchoï de rivaliser avec le *Mariinski alors dirigé par M. *Petipa. Présent de 1861 à 1863, C. *Blasis stimule l'école où il compte parmi ses élèves Pauline Karpakova et Anna Sobechtchanskaïa. Après le succès du *Petit Cheval bossu*Petit Cheval bossu (1866) d'A. *Saint-Léon d'après la version de *Saint-Pétersbourg, S. *Sokolov essaie de l'imiter avec la Fougère ou la Nuit de la *Saint-Jeanla Fougère ou la Nuit de la *Saint-Jean (1867), mais c'est Petipa qui triomphe avec *Don Quichotte*Don Quichotte (1869). V. *Reisinger, chorégraphe de 1871 à 1878, reste impuissant devant la partition du *Lac des cygnes*Lac des cygnes (1877) comme J. *Hansen (1879-1882) en 1881. Alexeï Bogdanov, arrivé en 1883, voit la compagnie réduite de moitié : tous les danseurs de caractère et les mimes qui font la fierté de Moscou, sont congédiés. José Mendez (1889-1898) introduit la féerie, reproduisant sans grand succès quelques spectacles populaires en Europe. La compagnie est toutefois riche en danseurs : Lydia Geiten, Lubov Roslavleva, Adelina Giuri et I. *Clustine. Ce dernier produit quelques ballets, mais est supplanté comme chorégraphe par A. *Gorski.

Venu de *Saint-Pétersbourg en 1900 pour monter sa nouvelle version de *Don Quichotte, Gorski reste à la tête de la compagnie de 1902 à 1924.Comme M. *Fokine à *Saint-Pétersbourg, il veut réformer le ballet de Moscou mais il doit tenir compte des traditions locales. Obligé de renouveler sans cesse les ballets du XIXe s. et de s'ingénier à ne pas déplaire aux étoiles E. *Gueltzer et V. *Tikhomirov, il ne monte que peu de créations originales (la Fille de Gudule, *Salammbô). Soutenu par les jeunes (A. *Balachova, M. *Mordkin, L. *Novikov, Sofia Fedorova, Vera Karalli, etc.) et le peintre C. *Korovine, il parvient toutefois à sortir le ballet du Bolchoï de son déclin. À la fin des années 1920, le Bolchoï, théâtre d'État, privilégie le répertoire traditionnel : la seule création plus moderne est celle du Beau *JosephBeau *Joseph (1925, K. *Goleïzovski). Par contre le très populaire *Pavot rouge*Pavot rouge (1927), bien que traitant d'un sujet d'actualité, est composé par Tikhomirov sur le modèle des ballets du XIXe s. Parmi les danseurs se détachent alors V. *Krieger, Anastasia Abramova, Lubov Bank, Victor Smoltsov.

Les années 1930 sont marquées par la promotion du Bolchoï au rang de théâtre le plus important d'URSS. Les meilleurs éléments de Leningrad y sont transférés : les chorégraphes moscovites tels I. *Moïsseïev et A. *Radounski font place à R. *Zakharov et V. *Vaïnonen qui reprennent la *Fontaine de Bakhtchissaraï et *Flammes de Paris créés à Leningrad ; O. *Lepechinskaïa, M. *Gabovitch, A. *Messerer voient apparaître à leurs côtés M. *Semenova et A. *Ermolaïev ; E. *Guerdt, V. *Ponomariov viennent enseigner à l'école. En 1944, après le retour à Moscou du ballet, évacué à Kouïbychev (auj. Samara) pendant la guerre, arrivent G. *Oulanova ainsi que L. *Lavrovski. Ce dernier en assure la direction de 1944 à 1956 et de 1960 à 1967. Les années 1950 restent pauvres en créations mais voient débuter M. *Plissetskaïa et R. *Strouchkova.