Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
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Maximilien Gardel (1741-1787). (suite)

Auteur de divertissements d'opéra et des *ballets pantomime, il rompt pour ces derniers avec la pompe des œuvres de Noverre. S'inspirant le plus souvent d'opéras-comiques, il exploite la veine mélodramatique - alternance de scènes dramatiques, burlesques ou heureuses -, qui séduit le public par sa charge émotionnelle puissante et brutalement contrastée. Il construit ainsi, sur des musiques entraînantes, des œuvres qui connaissent un succès immédiat. Créés d'abord devant la cour, ses ballets viennent ensuite enrichir durablement le répertoire de l'*Académie Royale de Musique, restant à l'affiche jusqu'à la fin du siècle. Son premier ballet, la Chercheuse d'esprit (1777) est l'œuvre la plus jouée sous Louis XVI mais c'est son dernier, le *Déserteur, qui reste le plus connu.

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Autres chorégraphies. Ninette à la Cour (1778, mus. Ciampi) ; Mirza et Lindor (1779, mus. Gossec) ; la Rosière (1783) ; le Premier Navigateur (1785, mus. Grétry) ; le Coq du village (1787).

Pierre GARDEL (1758-1840).

Danseur, pédagogue, chorégraphe et maître de ballet français.

Entré en 1774 à l'École de l'Opéra de *Paris, il y est l'élève de son frère Maximilien *Gardel. Nommé premier danseur *sérieux en 1780, sa carrière est abrégée pour des raisons de santé. Il est propulsé maître de ballet par la mort prématurée de son frère en 1787. Pendant 40 ans, assisté de L. J. *Milon, il préside aux destinées de l'Opéra, le tenant à l'abri des bouleversements de la Révolution. Directeur de l'École de 1799 à 1815, il est également un professeur très apprécié. Chorégraphe heureux, il est plébiscité par le public dès ses premières œuvres en 1790 (*Télémaque et *Psyché), remportant un succès qui ne se démentira pas. En 1820, il abandonne à J. P. *Aumer la création de ballets, mais ne se retire tout à fait qu'en 1829, reparaissant sur scène une dernière fois dans un *menuet avec M. *Taglioni.

D'un caractère distant et autoritaire, Gardel sait se faire respecter de tous et impose une discipline qui fait du Ballet de l'Opéra l'un des plus brillants de son histoire. À une époque où la danse académique connaît une évolution sans précédent, il ménage le maintien de la tradition et l'introduction des nouveautés. Sans être un novateur, il est un des plus importants chorégraphes de son temps. S'il défend ses prérogatives de maître de ballet en empêchant d'autres chorégraphes de faire carrière à l'Opéra, ses talents sont exaltés par J. G. *Noverre et A. *Saint-Léon. Perfectionniste, il met du temps à composer ses œuvres. Il commande lui-même la musique pour la danse à des compositeurs, et choisit les airs connus qui accompagnent la pantomime. Son succès tient à l'équilibre qu'il établit dans le ballet pantomime en donnant à la danse une place importante, à son art de la mise en scène, et à son sens musical. Sensible à l'air du temps, il compose des ballets *anacréontiques, réussit dans la veine comique avec la *Dansomanie, et se plie aux exigences politiques, en réglant des fêtes révolutionnaires et des œuvres à la gloire du régime en place : la Fête de Mars (1809, mus. R. *Kreutzer), le Retour des lys (1814, mus. L. L. de *Persuis d'après A. *Grétry). Il préfigure le romantisme avec *Paul et Virginie. Il bénéficie d'interprètes exceptionnels parmi lesquels A. *Vestris, Marie Miller qui devient sa femme et É. *Bigottini.

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Autres chorégraphies. Le Jugement de *Pâris (1793, mus. *Méhul, *Haydn, Ignace Pleyel) ; Achille à Scyros (1804, mus. Luigi Cherubini) ; l'Enfant prodigue (1812, mus. Henri Berton) ; la Servante justifiée (1818, mus. Kreutzer).

Judy GARLAND, [GUMM Frances, dite ] (1922-1969).

Actrice américaine.

Elle débute sur scène à l'âge de trois ans et forme avec ses deux sœurs aînées le Gumm Sisters Kiddie Act. Engagée à treize ans par Louis B. Mayer séduit par sa voix, elle fait sa carrière presque totalement à la *MGM au moment même où la firme, sous l'impulsion notamment d'A. *Freed, développe la production de *comédies musicales. En 1939, le Magicien d'Oz et la chanson « Over the Rainbow » consacrent sa célébrité tandis que, la même année, Babes in Arms révèle le couple parfait qu'elle forme avec M. *Rooney. En dépit d'un équilibre nerveux difficile, elle sera la partenaire des plus grands (G. *Kelly, F. *Astaire) sous la direction de l'élite des cinéastes musicaux de la MGM, Ch. *Walters, G. *Sidney et V. *Minnelli qu'elle épousera en 1945 et dont elle aura une fille, Liza Minnelli. Remarquable à l'écran dans Ziegfeld Girl (1941), Babes on Broadway (1942), Meet Me in Saint Louis (1944), The Harvey Girls (1945), *Ziegfeld Follies (1945), The *Pirate (1948), *Easter Parade (1948), In the Good Old Summertime (1949), Summer Stock (1950), A Star Is Born (1954), elle triomphe aussi sur scène dans les années 1950 et au début des années 1960 au Palladium de Londres et au Palace Theater de New York, établissant un nouveau record de dix-neuf semaines de succès.

PBr

Jacques GARNIER (1940-1989).

Danseur et chorégraphe français.

Il débute la danse à 18 ans après ses études secondaires. Élève du Conservatoire national de *Paris dans la classe d'Y. *Brieux, il est engagé sur audition dans le corps de ballet de l'Opéra de *Paris en 1963. Sa participation au Ballet-Studio, groupe contemporain fondé au sein de l'Opéra par M. *Descombey en 1968, lui ouvre de nouveaux horizons. Il se forme alors aux techniques d'A. *Ailey et de M. *Cunningham au cours de voyages aux États-Unis. Animé d'un désir de liberté, il fonde avec quelques camarades, le Groupe des 7 où il réalise ses premières chorégraphies qu'il présente au Festival d'Avignon (1970-1971). Avec B. *Lefèvre, il quitte l'Opéra et crée le Théâtre du Silence en 1972. Il revient à l'Opéra en 1981 pour former le *GRCOP.

Interprète ou chorégraphe, il exprime la recherche d'un rythme intérieur, une attention particulière à la qualité gestuelle et musicale comme dans Aunis (1981) ou À cœur ouvert (1984), pas de deux composé pour G. *Thesmar et M. *Denard. Il met en avant avec obstination des compositeurs contemporains dont K. *Stockhausen (Kontakle, 1975), Bruno Maderna (Quadrivium, 1975), S. *Lacy (Score, 1979). Meneur de troupe, il fait appel aux « Maîtres américains » comme aux jeunes chorégraphes, contribuant par sa générosité à l'essor de la danse française.

MP