Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
S

Sergueï Sokolov (1830-1893). (suite)

Premier danseur au *Bolchoï (1850-1883), il est interprète principal de tous les ballets du répertoire romantique. Danseur *noble, il crée de nombreux rôles pour C. *Blasis, M. *Petipa, W. *Reisinger, A. *Saint-Léon et J. *Hansen. En 1867, il signe sa principale chorégraphie, la Fougère ou la Nuit de la Saint-Jean basée sur un sujet russe.

ESou

Evguenia Sokolova (1850-1925).

Danseuse russe.

Élève de L. *Ivanov, M. *Petipa et C. *Johansson à l'École théâtrale de *Saint-Pétersbourg, elle danse au Bolchoï de cette ville puis au *Mariinski de 1869 à 1886. Admirée plus pour sa grâce et la délicatesse de sa danse que pour sa technique, elle inspire à Petipa des rôles avant sa sortie de l'école (l'Amour Bienfaiteur, 1868). Elle danse ensuite dans la *Esméralda, le *Corsaire, la *Fille mal gardée, la Fille du pharaon, Trilby, etc. et dans les ballets de Petipa créés pour elle : le Songe d'une nuit d'été (1876), les Aventures de Pélée (1876), la Statue de Chypre (date), Roxane ou la Belle de Monténégro (1878), Mlada (1879). Elle joue aussi en 1871 le rôle de la muette Olga dans le drame Olga, l'orpheline russe. À partir de 1886, elle se consacre à l'enseignement. Considérée comme un des meilleurs professeurs de son temps, insistant surtout sur la pureté académique elle compte parmi ses élèves A. *Pavlova, T. *Karsavina et L. *Egorova. De 1902 à 1904, elle est répétiteur au Mariinski puis à nouveau quelque temps dans les années 1920.

ESou

Lydia SOKOLOVA, [Hilda Munnings, dite ] (1896-1974).

Danseuse britannique.

Formée à la Stedman's Academy à Londres puis auprès d'E. *Cecchetti, I. *Clustine, M. *Mordkin et A. *Pavlova, elle débute en 1910 dans une *revue londonienne. Elle se produit avec la troupe de Mordkin (1911), fait l'essentiel de sa carrière aux *Ballets russes de *Diaghilev (1913-1922 et 1923-1929), travaille avec L. *Massine et dans des music-halls à Londres en 1922-1923, puis avec la compagnie de L. *Woïtzikovski (1935). Elle se consacre ensuite à l'enseignement et publie ses souvenirs (Dancing for Diaghilev, Londres, 1960). Vive, spirituelle et expressive, remarquable danseuse de *caractère, elle est la première vedette britannique de la compagnie de Diaghilev. Si elle travaille avec V. *Nijinski (*Till Eulenspiegel), B. *Nijinska (*les Biches et le *Train bleu) et G. *Balanchine, elle se révèle l'interprète idéale de Massine qui règle pour elle la chorégraphie de la Femme du meunier dans le *Tricorne (rôle finalement créé par T. *Karsavina) et qui la choisit pour incarner l'Élue dans sa version du *Sacre du Printemps en 1920.

NL, GP

Anna Sokolow. (née en 1910).

Danseuse, chorégraphe et pédagogue américaine d'origine polonaise.

Elle commence à étudier la danse à l'âge de dix ans, puis fréquente Neighborhood Playhouse, où enseignent L. *Horst et M. *Graham, laquelle l'engage vite dans sa compagnie. Elle y reste jusqu'en 1938, sans jamais complètement assimiler le style grahamien. Entre-temps, elle cherche à articuler son propre langage et fonde le groupe Dance Unit (1934). En 1937, elle partage avec E. *Junger et J. *Limón les premières bourses du *Bennington College. De 1939 à 1948, elle travaille au Mexique, où elle contribue à implanter la danse *moderne. Son séjour mexicain marque un tournant dans sa création, désormais enrichie de motifs populaires (Visión Fantástica). Dès 1953, elle poursuit ses activités en Israël où elle aide à l'éveil de la danse moderne, tout en dirigeant sa troupe à New York. Depuis 1971, elle réunit la parole théâtrale, la danse et la musique au sein du Player's Project. En dehors de son travail pédagogique pionnier au Mexique et en Israël, elle est particulièrement remarquée pour l'enseignement du mouvement aux acteurs, notamment dans le cadre de l'Actors Studio.

A. Sokolow appartient à la génération profondément touchée par la crise économique des années 1930 et par la Seconde Guerre mondiale, pour qui la danse moderne devient un moyen d'intervention politique : son œuvre prend racine dans la volonté de participer activement aux changements sociaux souhaités. Dès ses premiers solos, destinés à un public ouvrier, son œuvre porte la marque de la préoccupation sociale : sans jamais forcer le trait, elle dénonce les atrocités de la guerre (Slaughter of the Innocents, 1937), le fascisme (Façade, 1937), l'injustice sociale (Strange American Funeral, 1935). Avec *Lyric Suite (1953), l'aliénation de l'après-guerre devient sa problématique centrale, qui se cristallise dans *Rooms (1955), avant de trouver son expression la plus sombre dans *Deserts (1967). Pour Sokolow, « la forme vraie vient en réduisant la réalité à sa structure essentielle ». Ses œuvres, commentaires (auto-) sarcastiques d'un monde en mutation, temporelles et non temporaires, font preuve d'une rare capacité à aller au-delà des circonstances pour en extraire l'essentiel. Déconstruites et épurées, en coupant le fil narratif, elles mettent en abîme les points de vue individuels et agitent les émotions du spectateur. Dans ses « travaux qui n'ont pas de fin », Sokolow évite les réponses définitives en faveur d'une relation constamment renouvelée avec la réalité.

MDS

Autres chorégraphies. Poem (1956) ; Dreams (1961) ; Odes (1964) ; Steps of Silence (1968) ; Magritte, Magritte (1972).
Bibliogaphie. A. Sokolow, « The Rebel and the Bourgeois », in S. J. Cohen (éd.), The Modern Dance : Seven Statements of Belief, XXXXXX, Middletown (Conn.), 1966 ; Ballade, XXXXXX, Philadelphie, 1993. - L. Warren, Anna Sokolow : The Rebellious Spirit, XXXXXX, Princeton, 1991.
Filmographie. La majorité de ses œuvres ont été filmées. Pour la liste exhaustive, v. « Appendices », in L. Warren, op.cit.

C[?] Sol (fin XVIIe s.-apr. 1725).

Maître à danser et pédagogue français.

Établi aux Pays-Bas, il est l'auteur d'une Methode très facile et fort nécessaire pour Montrer à la Jeunesse de l'un et l'autre Sexe la manière de bien dancer (La Haye, 1725). Consacré à la danse de bal, ce traité normatif exprime également des préoccupations d'efficacité pédagogique. Proche à certains égards de celui de P. *Rameau, il rend systématique l'équilibre en première *position dans les demi-*coupés. Seuls les bras du *menuet sont décrits. La terminologie est riche d'informations intéressantes : certaines dénominations (*ballotté) sont celles de la danse classique, d'autres s'appliquent à des *pas (" *pirouette tendue en dedans ") ou des séquences de pas (*fleuret ballonné) connus par ailleurs, d'autres enfin reposent sur une analyse particulière du pas (*contretemps en pas tombé " pour la séquence pas de *gaillarde - pas tombé).

JNL