Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
S

Richard STRAUSS (1864-1949). (suite)

JS

Sur la musique de Strauss. A. *Tudor (Dim Lustre, 1943 ; Knight Errant, 1968) ; J. *Feld (Early songs, 1970 ; Theatre, 1971 ; Endsong, 1972).

Igor STRAVINSKI (1882-1971).

Compositeur russe.

Il étudie sous la houlette de N. *Rimski-Korsakov. Son Scherzo fantastique (1908) attire l'attention de S. *Diaghilev, qui lui demande de travailler pour les *Ballets russes ; dès lors, ses rapports avec la danse vont l'occuper toute sa vie. Installé en Suisse durant la Première Guerre mondiale, il vit en France de 1920 à 1939, puis quitte l'Europe pour s'installer définitivement aux États-Unis. De tous les compositeurs qui ont dédié la majeure partie de leurs œuvres au ballet, Stravinski est le plus influent. Il revigore le répertoire et change pour toujours la perception de la relation musicale au mouvement. De sa période russe, dévoilant un univers sonore nouveau (le *Sacre du printemps, 1913) au sérialisme (*Agon, 1957) en passant par le néo-classicisme (*Apollon Musagète, 1928), sa musique, qui reflète tous les paradoxes et les recherches des langages musicaux du XXe siècle, est un stimulant permanent pour la création chorégraphique.

Diaghilev le premier devine les affinités de Stravinski pour la danse. Dès 1909, il lui demande d'orchestrer deux valses de F. *Chopin pour les *Sylphides et lui commande aussitôt un premier ballet : l'*Oiseau de feu (1910, M. *Fokine) marque le début de la notoriété du compositeur qui collabore à nouveau avec Fokine pour *Petrouchka en 1911. Suit le scandale du Sacre du printemps (1913, V. *Nijinsky), œuvre révolutionnaire sur le double plan musical et chorégraphique qui ne cessera par la suite d'inspirer les plus grands chorégraphes. Jusqu'en 1923, Stravinski compose régulièrement pour les Ballets russes : le *Chant du Rossignol et *Pulcinella sont créés en 1920 par L. *Massine, puis *Noces (1923) par B. *Nijinska. Durant cette époque, il noue avec G. *Balanchine des rapports professionnels et amicaux qui dureront jusqu'à sa mort. Leur collaboration, régulière à partir de 1937, concerne aussi bien des ballets (*Jeu de cartes, 1937) que des œuvres orchestrales chorégraphiées. Stravinski dira des chorégraphies de Balanchine qu'elles l'aident à mieux comprendre sa propre musique ; il verra d'ailleurs dans le ballet Balustrade (1941, Balanchine), adaptation de son Concerto pour violon, l'une des meilleures réalisations visuelles de sa musique non-dramatique. Agon (1957), qui referme le trio « grec » débuté avec Apollon Musagète (1928) et *Orpheus (1948), est le fruit le plus accompli de leur complicité, le plus profond exemple d'interpénétration entre musique et danse, où son et mouvement deviennent chacun l'extension de l'autre. En 1972, puis à nouveau en 1982, le chorégraphe dédiera un festival complet à la mémoire de Stravinski, abordant à ces occasions de nouvelles pages du compositeur.

Le lien intime entre la musique de Stravinski et la danse conduira les chorégraphes les plus divers à monter des oeuvres qui n'ont pas été écrites spécifiquement pour la danse notamment *Histoire du soldat, *Renard, *Danses concertantes, *Perséphone, la *Symphonie de psaumes, mais aussi la Symphonie en trois mouvements (1963, H. *Van Manen ; 1972, Balanchine ; 1989, C. *Bruce) ou Ebony Concerto (Feuilleton, 1957, A. *Carter ; 1960, J. *Taras ; 1966, D. *Jones ; 1970, J. *Cranko ; 1970, L. *Yakobson ; 1976, Van Manen). De même seront régulièrement sollicitées ses pages de ragtime (1952, S. *Gaskell ; 1960, Balanchine ; 1962, G. *Solomons ; 1972, T. *Bolender ; 1972, J. *Garnier ; 1978, R. *Petit ; 1982, P. *Martins) ou de *tangos (1978, Martins ; 1978, R. Petit ; 1982, Balanchine ; 1983, A. *DeGroat).

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Autres compositions. Apollon Musagète (1928, A. *Bolm) ; le *Baiser de la fée (1928, Nijinska) ; Circus Polka (1942, Balanchine ; 1955, P. *Taylor ; 1972, J. *Robbins) ; Scènes de ballet (1944, A. *Dolin ; 1948, F. *Ashton ; 1954, Taras ; 1955, B. *Kniaseff ; 1962, Cranko ; 1964, E. *Walter ; 1985, Van Manen).
Sur musique de Stravinski. L. *Fuller (Feu d'artifice, 1914) ; L. *Staats (Abeilles, 1917) ; M. *Terpis (Petites Suites, 1927) ; B. *Romanov (le Rêve de Ratmir, 1931) ; Robbins (Afterthought, 1946 ; The *Cage, 1951) ; Massine (Capriccio, 1948) ; D. *Hoyer (Concerto in D, 1950) ; R. *Currier (The Antagonist, 1956) ; A. *Milloss (Saltimbanchi, 1956 ; les Jambes savantes, 1960) ; G. *Tetley (The Game of Noah, 1965) ; Ashton (Poème tragique, 1961) ; G. *Bohner (Varietas, 1966 ; Solo für Roswitha, 1975) ; A. *Ailey (Myth, 1971) ; L. *Lubovitch (The Time Before, the Time After, 1972) ; P. *Bausch (Wind von West, 1975) ; P. *Lacotte (Menuetto, 1976) ; J. *Kylián (Forgotten Land, 1981 ; Nomaden, 1981) ; Bruce (Cantata, 1981) ; J. *Kudelka (Genesis, 1982) ; U. *Scholz (Septet, 1982) ; J. *Neumeier (Vorläufer, 1982) ; M. *Béjart (Concerto pour violon, 1982 ; la Crucifixion, 1992) ; W. *Forsythe (Mental Model, 1983) ; R. *North (Picasso and Matisse, 1991) ; E. *Feld (The Naked Eye, 1992).

Elizabeth STREB (née en 1950).

Danseuse et chorégraphe américaine.

De formation classique et moderne, elle compose ses premières pièces dès 1979, et crée à New York sa compagnie, Streb, en 1985. Sa danse extrême, qu'elle qualifie de « pop action », propulse les corps des danseurs avec une violence inouïe contre des surfaces planes, renverse les jeux de la gravité au moyen de divers attirails mécaniques, selon des formules répétitives et mathématiques héritées des méthodes du *Judson. Les polémiques que suscitent son travail, à mi-chemin entre art conceptuel et techniques acrobatiques, font d'elle une des chorégraphes américaines importantes des années 1980 et 1990.

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Raïssa Stroutchkova (née en 1925).

Danseuse et pédagogue russe.

Élève d'E. *Guerdt à l'École de danse de Moscou, elle rejoint le *Bolchoï (1944-1978) où elle danse tout le répertoire classique ainsi que le Cavalier de bronze (R. *Zakharov), *Cendrillon, et crée des rôles dans le Chant de la forêt (1961, chor. O. Tarassova et A. Lapaouri), le sous-lieutenant Kijé (1963,chor. Tarassova et Lapaouri), Leili et Medjnoun (1964, chor. K. *Goleïzovski). Elle se produit aussi en concert dans des danses d'une grande virtuosité avec son mari Alexandre Lapaouri et paraît dans le film la Pantoufle de cristal (1961, réal. A. Row et Zakharov). La télévison lui a consacré plusieurs films dont Raïssa Stroutchkova (1981, réal. V. Ramenski). De 1981 à 1995, elle est rédacteur en chef de la revue Ballet soviétique (devenue Ballet en 1992).

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