Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
M

Maguy MARIN, [M. Marguerite ] (née en 1951). (suite)

Très vite, M. Marin s'impose par un style alliant pouvoir du rythme, puissance des images et convictions sociales. Ces deux derniers ingrédients dessinent des productions fortement théâtralisées, jouant du grotesque corporel et de l'imagerie populaire pour explorer des thèmes comme la pauvreté, la société de consommation, le sexe, la religion, l'environnement, le terrorisme (Babel Babel, 1982 ; Hymen, 1984 ; Calambre, 1985 ; Eden, 1986 ; Coups d'état, 1988 ; Et qu'est-ce que ça me fait à moi ?, 1989 ; Cortex, 1991). C'est cependant le premier qui domine la structure dramaturgique de May Be et constitue la trame d'œuvres comme Jaleo (1983, *GRCOP), création fluide nourrie de ses racines espagnoles, ou des pièces créées en collaboration avec le compositeur Denis Mariotte depuis Waterzoï (1993). De ses lectures provocantes de la Jeune fille et la mort (1979, mus F. *Schubert) ou pénétrée de la Leçon des ténèbres (1987, mus. F. *Couperin) à sa brillante relecture de *Coppélia (1993), M. *Marin révèle une diversité de palette parfois occultée par l'importance de la dimension sociale qu'elle donne à son projet artistique.

IF, PLM

Autres chorégraphies. Yu-Ku-Ri (1976) ; les *Sept Péchés capitaux (1987, Lyon Opéra Ballet) ; Grossland (1989, B. national des *Pays-Bas) ; Ram Dam (1995) ; Aujourd'hui peut-être (1996) ; Quoi qu'il en soit (1999).
Bibliographie. Cl. Bricage et M. Marin, Maguy Marin, Armand Colin, Paris, 1993.

ESCOBAR MARISOL [M., dite - ] (1930).

Scénographe américaine.

Étudiante en art à Paris et à New York, elle réalise dès 1955 des sortes de marionnettes monumentales, taillées dans le bois, recouvertes d'aluminium. Celles-ci sont souvent à l'effigie d'hommes célèbres, John Kennedy, John Wayne, mises en scène de façon humoristique. Son style proche du pop-art, séduit les chorégraphes, et elle réalise des décors entre 1970 et 1980 pour L. *Falco et M. *Graham. Même répétée, The Scarlett Letter (1975), O Thou Desire Who About To Sing (1977), Ecuatorial (1978), The Eyes of the Goddess (rep. 1991), sa collaboration avec cette dernière apparaît décalée tant leurs styles diffèrent. En revanche, son travail s'accorde au dynamisme de L. Falco, au rythme et aux colorations de sa danse, à la légèreté des objets qui l'animent.

VR

Autres collaborations. Falco (Caviar, 1970 ; Tiger rap, 1980 ; Saltimbocca, 1980), E. *Monte (Treading, 1981).

Ivan MARKÓ (né en 1947).

Danseur et chorégraphe hongrois.

Diplômé de l'Institut national du ballet hongrois, soliste de l'Opéra de *Budapest en 1971, il est engagé au *Ballet du XXe siècle en 1972. De retour en Hongrie en 1979, il fonde le Ballet de *Györ et, en 1981, l'École de danse qui en dépend. Chorégraphe du festival de Bayreuth à partir de 1985, invité à la *Scala, Athènes, Vienne, Jérusalem, où il est un temps chorégraphe- *maître de ballet de la *Rubin Academy, il fonde, en 1996, le Ballet Festival hongrois.

Dès ses débuts dans les ballets du répertoire, dont *Giselle, *Sylvia, la *Fontaine de Bakhtchissaraï , à une élégance naturelle il joint finesse et pureté de style, sens dramatique et présence poétique, qu'il confirme chez M. *Béjart. Interprète de Webern opus V, IXe Symphonie, du Spectre dans *Nijinsky, clown de Dieu, il danse plus de cinq cents fois le rôle-titre de l'*Oiseau de feu et participe aux créations de Séraphita (1973), incarnant le rôle-titre avec une grâce énigmatique, Golestan (1973), I Trionfi (1974), Gaîté parisienne (1978). Chorégraphe éclectique, il signe plus de trente œuvres pour le Ballet de Györ dont Loved by the Sun (1979), un succès foudroyant, le *Mandarin merveilleux (1981), *Boléro (1983), Prospero (1987), Boulgakov et les autres (1987), ainsi que Jésus, fils de l'homme (1986) et le Mur des lamentations (1986), dont les vidéo-films sont primés internationalement.

MFC

Autres chorégraphies. La Jungle (1997) ; les Deux Visages de Barbe-Bleue (1998) ; Mariage (1998).

dame Alicia MARKOVA [MARKS A. dite] (née en 1910) .

Danseuse britannique.

Elle se forme dès l'âge de onze ans auprès de S. *Astafieva. La voyant travailler dans un cours en 1924, S.*Diaghilev l'engage aussitôt : elle n'a alors que quatorze ans, mais la loi à l'époque autorise ce recrutement précoce dont le ballet britannique ne pourra que se féliciter par la suite. Empêchée par sa petite taille de se joindre au corps de ballet, elle interprète bientôt de brefs solos, des rôles d'enfant et, à la fin de sa première année, le Rossignol dans le Chant du rossignol (1925, *Balanchine). À la mort de Diaghilev sa carrière chancelle, mais le ballet britannique naissant lui offre de nouvelles perspectives. Dès 1930, elle interprète Procris dans Cephalus and Procris (N. de *Valois, *Camargo Society), puis, de 1931 à 1935, elle est distribuée dans huit créations de N. de Valois, quinze de F. *Ashton et une d'A. *Tudor. Grâce à elle, le public britannique peut voir *Giselle, *Casse-Noisette et le *Lac des cygnes remontés par N. *Sergueïev dans leur version originale. Avec A. *Dolin, elle fonde le Markova-Dolin Ballet (1935-1938), puis rejoint en 1938 le *Ballet russe de Monte-Carlo, où elle crée des premiers rôles chorégraphiés par L. *Massine, M. *Fokine et Balanchine. De 1942 à 1945, elle danse avec l'*ABT, créant la Juliette du *Roméo et Juliette de Tudor. De retour à Londres en 1948, Markova interprète une Aurore qui fait date dans la *Belle au bois dormant du *Sadler's Wells Ballet. En 1949, elle fonde avec Dolin le Festival Ballet. Elle quitte la scène en 1962 et travaille comme répétitrice. Dotée d'une technique phénoménale qu'elle sait ne pas afficher, ses multiples talents, son aisance extraordinaire et son discernement aigu, lui permettent de s'adapter avec justesse à divers styles chorégraphiques et d'interpréter aussi bien les grands ballets du répertoire que des œuvres novatrices. Entièrement dévouée à son art, au point de lui sacrifier presque toute vie privée, elle reste la créatrice de rôles magnifiques pour tous les grands chorégraphes classiques du XXe siècle. Elle est l'auteur de mémoires : Giselle and I (Londres, 1960) et Markova Remembers (Londres, 1986).

JS, LK

Akaji MARO (né en 1943).

Comédien, danseur et chorégraphe japonais.