Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
C

Cuba (Danza nacional de)

Compagnie de danse cubaine fondée en 1959, basée à La Havane.

Elle voit le jour après le succès de la révolution cubaine, et entame une brillante carrière internationale, paraissant dès la première année à Paris au Théâtre des Nations. La compagnie se démarque de la danse *académique et défend un répertoire spécifique qui souligne le métissage culturel à Cuba tout en se démarquant de la danse académique. Les œuvres d'Arnaldo Patterson, Eduardo Rivero, Victor Cuellar ou Ramiro Guerra s'inspirent ainsi le plus souvent des folklores et des légendes des différentes ethnies qui ont composé la mosaïque cubaine.

JCD

Claudina CUCCHI (1934-1913).

Danseuse italienne.

" Élève émérite " de l'École de la *Scala, elle étudie avec les époux C. *Blasis et A. *Hus. En 1855, elle débute à l'Opéra de *Paris dans le rôle du Printemps des *Quatres Saisons (Vêpres siciliennes de *Verdi). En 1856, elle crée le rôle de Gulnare dans le *Corsaire (*Mazilier). Dans les années 1860, elle effectue de nombreuses tournées dans les théâtres italiens et à l'étranger (Vienne, Londres, Prague, Berlin, Budapest, Varsovie, Saint-Pétersbourg), interprétant les ballets de P. *Borri, G. *Casati, P. *Taglioni, G. *Rota, A. *Pallerini, J. *Perrot et M. *Petipa. Son excellente technique et ses qualités d'actrice font merveille dans les rôles-titre de *Catarina ou la Fille du bandit et d'*Esméralda. En 1872, elle danse encore au Caire et finit sa carrière en 1874 à Rome. Elle publie ses mémoires sous le titreVinti anni di palcoscenico (Éd. Voghera, Rome, 1904).

CC

marquis George DE CUEVAS, [marquis de Piedrablanca de Guana de Cuevas ] (1885-1961).

Mécène et directeur de troupe américain d'origine chilienne.

Il fonde à New York le Ballet Institute en 1943, puis sa première compagnie, le Ballet international qui présente une saison de trois mois (1944). En 1947, il rachète le Nouveau Ballet de *Monte-Carlo, qu'il rebaptise Grand Ballet de Monte-Carlo. À partir de 1948, la troupe tourne dans le monde entier tout en ayant Paris pour port d'attache privilégié. Devenue le Grand Ballet du marquis de Cuevas en 1951, puis l'International Ballet of the Marquis de Cuevas en 1958, elle est dissoute en 1962 après la mort de son directeur. Le marquis mène par ailleurs une brillante vie mondaine, organisant de sompteuses réceptions, dont l'extraordinaire " bal du siècle " sur le lac Chiberte en 1953. Personnage haut en couleur, il régale le tout-Paris d'un médiatique duel l'opposant à S. *Lifar en 1958.

Grâce à la fortune de son épouse, Margaret Rockfeller-Strong, il assouvit la passion qu'il voue à la danse classique, prolongeant à sa manière la tradition instaurée par les *Ballets russes de *Diaghilev. Il finance ainsi fastueusement sa compagnie qui, sous la houlette des maîtres de ballets N. *Beriozoff, W. *Dollar, L. *Massine, B. *Nijinska et J. *Taras, présente une centaine d'ouvrages en quinze ans. Peu soucieux d'avant-garde, Cuevas propose un répertoire reflétant ses goûts, composé de reprises (grandes œuvres classiques du XIXe s., dont *Giselle, la *Fille mal gardée, le *Lac des cygnes et une féerique version de la *Belle au bois dormant ; ballets de G. *Balanchine, dont la *Somnanbule, de M. *Fokine et Nijinska) et de créations signées par E. *Caton (*Sebastian), J. *Charrat (Diagramme, 1957), Dollar (Constantia, 1944, Ballet international), A. *Eglevski, D. *Lichine, Lifar (Noir et Blanc, 1948), Massine (Tristan fou, 1944, Ballet International), Nijinska (les Tableaux d'une exposition et les Variations de Brahms, 1944, Ballet international), G. *Skibine (Annabel Lee et le *Prisonnier du Caucase, 1951 ; Idylle, 1954) et Taras (le Piège de lumière). Cosmopolite, sa compagnie est la première basée en Europe qui soit composée majoritairement d'artistes américains. Elle se caractérise surtout par la constellation de solistes d'un exceptionnel éclat qui alternent et rivalisent en tête des distributions. L. *Daydé, S. *Golovine, R. *Hithtower, Lichine, A. *Markova, A. *Prokovski, Skibine, V. *Skouratoff, Marjorie *Tallchief, T. *Toumanova, N. *Vyroubova figurent parmi les étoiles et R. *Noureïev y trouve son premier engagement à l'Ouest.

GP, NL

Cullberg Baletten.

Compagnie suédoise fondée en 1967.

Il est créé par le gouvernement suédois, soucieux d'offrir à B. *Cullberg un outil personnel, permanent et indépendant, ainsi que de promouvoir des tournées sur le territoire suédois qui alors n'a guère accès aux spectacles de danse de qualité. Dès ses débuts, la compagnie recrute internationalement des artistes de niveau soliste, tels N. *Ek, A. *Laguna, Yvan Auzely, Marc Hwang. Administrée pendant les 20 premières années par Bengt Häger, la compagnie se produit très vite à l'étranger et les tournées deviennent de plus en plus internationales. Le répertoire est d'abord dominé par les œuvres de Cullberg puis par celles de son fils M. *Ek qui lui succède à la direction artistique en 1982. Parallèlement, la compagnie propose une large palette de styles, avec des œuvres de K. *Jooss, A. *Ailey, T. *Beatty, M. *Cunningham, M. *Béjart, F. *Flindt, C. *Bruce, N. *Duato, W. *Forsythe et, surtout, J. *Kylián. Cette politique est poursuivie par les directeurs successifs : C. *Carlson (1993-1995) et, depuis 1955, Lena Wennergren et Margareta Lidström, deux anciennes danseuses de la compagnie. Devenu le fleuron de la danse suédoise dont il a profondément renouvelé l'identité, le Cullberg Baletten, constitué au départ de huit danseurs, en compte vingt en 1999.

PBoh

Birgit CULLBERG (née en 1908).

Danseuse et chorégraphe suédoise.

Elle étudie le dessin, la musique ainsi que la littérature à l'université (1931-1935), tout en suivant des cours de danse *moderne avec Vera Alexandrova. À vingt-sept ans, elle part à *Dartington pour étudier avec K. *Jooss (1935-1939). De retour en Suède, elle commence une carrière en soliste et s'engage sur les pas de son maître dans la lutte contre le nazisme : en 1941, alors que la Suède est envahie, elle crée un solo amer et satirique sur la psychologie des dictateurs, intitulé Kulturpropaganda. Développant un langage de mouvement original, notamment à partir de l'observation des animaux, elle signe des solos pleins d'humour et commence à s'entourer d'un groupe variable pour créer des drames dansés, tragiques ou poétiques, dont *Roméo et Juliette (1944) et Livsrytmen [le Rythme de la vie], qui lui vaut le second prix du Concours organisé par R. de *Maré à Stockholm en 1945. Elle continue à se former, abordant la danse classique avec L. *Karina et découvrant la danse moderne américaine avec Donya Feuer, une élève de M. *Graham. En 1950, elle crée *Mademoiselle Julie, son premier grand drame psychologique et érotique, qui lui ouvre les portes de l'Opéra royal, où elle est engagée comme chorégraphe résidente jusqu'en 1957 : le *Ballet royal danois lui commande alors Månrenen ([le Renne de lune], mus. K. *Riisager), qui lui vaut un succès international. Sollicitée de toute part, elle obtient en 1967 du gouvernement suédois les moyens de constituer sa propre compagnie, le *Ballet Cullberg, qu'elle dirige jusqu'en 1985, avant de passer le relais à son fils M. *Ek, dans les œuvres duquel elle continue à danser occasionnellement (la Vieille et la Porte, 1991).