Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
P

Angelin PRELJOCAJ (né en 1957). (suite)

Attiré par la fiction, recourant aussi bien à l'abstraction pure qu'au décorum théâtral, il développe une grande rigueur de composition chorégraphique et musicale, explorant avec distance, voire parfois une certaine froideur, des thèmes aussi variés que l'héroïsme (À nos héros, 1986), la religion (Hallali Romée, 1987), l'érotisme (*Liqueurs de chair, 1987), l'exil (Amer America, 1990). Soucieux de la mémoire de sa danse - toutes ses créations sont notées - comme de l'histoire de la danse, à partir de *Noces (1989), il entreprend une exploration de grandes œuvres du répertoire comme *Roméo et Juliette (1990), *Parade et le *spectre de la rose (1993, programme " Hommage aux *Ballets Russes ", Op. de *Paris), l'*Oiseau de feu (1995, B. national de *Bavière). Ce lien entre héritage et nouveauté qui fait écho à son style alliant langage classique et contemporain, lui vaut d'être sollicité pour des reprises de ses œuvres ou des créations par de nombreuses compagnies de ballet dont celle de l'Opéra de Paris (le Parc, 1994 ; Casanova, 1998), de l'Opéra de Lausanne (l'Annonciation, 1995) ou le *NYCB (la Stravaganza, 1997).

IF, PLM

Autres chorégraphies. Larmes Blanches (1985) ; la Peau du monde (1992) ; l'Anoure (1995) ; Paysage après la bataille (1996-1997, diptyque).
Bibliographie. Angelin Preljocaj, (collect. ), Armand Collin, Paris, 1992. Sous la peau, Contemporaine d'édition, Toulon, 1993. Parade, Genèse d'une création, Plume, Paris 1993.
Filmographie. Les Raboteurs (1989, réal. Cyril Collard, d'après Caillebote, musée d'Orsay), Lettres d'Amérique (1991, réal. xxxxx).

Olga Preobrajenska ou [Preobrajenskaïa O. ] (1871-1962).

Danseuse et pédagogue russe.

Élève de L. *Ivanov, M. *Petipa, C. *Johansson à l'École théâtrale de *Saint-Pétersbourg, elle débute au *Mariinski en 1889. Sa petite taille, sa santé précaire et un corps qui se plie mal aux exigences de la technique de ballet sont autant d'obstacles à ses débuts : un travail acharné allié à sa grande musicalité, son charme, ainsi que son talent dramatique lui permettent de se hisser en 1900 au rang de ballerina. S'en tenant à la stricte école *académique elle danse dans les ballets de Petipa (la *Belle au bois dormant, *Casse-Noisette, *Raymonda, les Ruses d'amour, la Halte de la cavalerie, ainsi que dans *Coppélia, la *Fille mal gardée, Javotte, la Fée des poupées de N. et S. *Legat. Elle s'ouvre toutefois aussi aux expériences de M. *Fokine qui compose pour elle le « Prélude » de *Chopiniana (ou les Sylphides, 1907) et le rôle de Bérénice dans les Nuits égyptiennes (1907). À partir de 1909, elle danse au Mariinski sur contrat et se produit en tournées en Europe et en Amérique tout en enseignant, dès 1914, notamment au Mariinski, et à l'école d'A. *Volinski de 1917 à 1921. Retirée de la scène en 1920, elle enseigne à partir de 1921 (Milan, Berlin, Buenos Aires) puis à partir de 1923 à Paris où elle devient un des pédagogues les plus célèbres. Elle compte parmi ses élèves I. *Baronova, T. *Toumanova, I. *Youskevitch, G. *Skibine.

ESou

Françoise Prévost, [Prévost, Prevôt ] (vers 1680-1741).

Danseuse française.

Elle travaille sous l'autorité de M. *Blondy et débute à l'*Académie royale de musique (ARM) de Paris en 1699 lors d'une reprise d'*Atys. Elle fait carrière dans la compagnie jusqu'en 1730, se retirant eclipsée par le talent de ses jeunes et brillantes élèves, M. *Sallé et M. -A. *Camargo. Sa fille naturelle, Anne Auguste de Valjolly, épouse en 1733 le compositeur F. *Rebel.

Elle surpasse rapidement Mlle de *Subligny pour s'imposer comme la vedette féminine de l'ARM durant la Régence. Interprète très expressive et excellente technicienne, elle se fait remarquer en 1714 dans *Horace lors d'une fête chez la duchesse du Maine à Sceaux, et en 1715 elle fait des *Caractères de la danse une pantomime dansée fort appréciée. Selon P. *Rameau, « dans une seule de ses danses sont renfermées toutes les règles qu'après de longues méditations nous pourrions donner sur notre art, et elle les met en pratique avec tant de grâce, tant de justesse, tant de légèreté, tant de précision, qu'elle peut être regardée comme un prodige dans ce genre. »

NL

PRICE (fin XVIIIe s.-XXe s.).

Famille de bateleurs, acteurs, danseurs, directeurs de théâtre et musiciens danois.

En 1795, JamesPrice (1761-1805), écuyer de cirque, quitte la Grande-Bretagne pour le Danemark, où il monte des spectacles de *pantomime. Ses deux fils - James(1801-1865), spécialisé dans le rôle d'Arlequin, et Adolph(1805-1890), spécialisé dans celui de Pierrot - prennent la suite en améliorant le niveau artistique. Les enfants d'Adolph - Waldemar(1836-1908)et Juliette(1831-1908)- deviennent des danseurs d'élection d'A. *Bournonville, le premier se distinguant dans le genre héroïque, la seconde dans une veine poétique. Parmi leurs descendants figurent EllenPrice(1878-1969)danseuse soliste au *Ballet royal danois et modèle de la statue de la Petite Sirène du port de Copenhague, ainsi que JohnPrice (1913-1996)et sa femme Birgitte(ndn. Bruun, 1934-1997), l'un et l'autre acteurs et directeurs de théâtre, dont les enfants James(né en 1960)et Adam(né en 1967)sont devenus tous deux compositeurs de musique.

AMC

George PRIMROSE (1852-1919 ou 1920).

Danseur américain.

Il débute à quinze ans avec les McFarland's Minstrels dans un solo de *clog et poursuit une carrière prospère dans différentes troupes de *minstrels shows. En 1971, il forme une équipe avec William H. West. Leur collaboration va durer une trentaine d'années. Lorsque leur troupe, la Primrose and West Minstrels, se disperse, Primrose crée sa propre compagnie, puis se produit dans les *vaudevilles. Réputé pour son humour sec, il est considéré comme l'un des premiers grands stylistes du *soft shoe.

ESe

Pearl PRIMUS (1919-1994).

Danseuse et chorégraphe américaine.

Née à Trinité-et-Tobago, elle grandit à New York et s'intéresse à l'Afrique dès l'enfance. Excellente en sport, elle commence à étudier la danse au *New Dance Group en 1941 ainsi qu'aux studios de M. *Graham, H. *Holm et D. *Humphrey-C. *Weidman. Elle fait ses débuts de chorégraphe en 1943, dans un programme collectif, avec quatre solos exceptionnels qui la font connaître et dont les trois derniers deviendront bientôt des classiques : Rock Daniel, dansé sur du jazz ; Strange Fruit, en silence, qui dépeint la réaction d'une femme à un lynchage ; *Hard Time Blues, œuvre contestataire sur le métayage ; *African Ceremonial, hommage aux danses traditionnelles d'Afrique noire. La même année, elle déclenche l'enthousiasme au Café Society de Greenwich Village, avec le solo The *Negro Speaks of Rivers. Le critique J. *Martin la baptise « la nouvelle venue la plus importante de la saison », dont la « technique superbe » égale son sens théâtral et sa vitalité. Elle se produit avec A. *Dafora au Carnegie Hall, avant d'entreprendre, en 1944, une étude sur les racines anthropologiques de sa danse auprès des Afro-américains vivant dans les zones rurales du sud des États-Unis. Ses recherches enrichissent son travail de chorégraphe et d'interprète ; elle crée des œuvres pour un quatuor masculin (Yague, Slave Market), puis adapte African Ceremonial pour quatorze interprètes. En 1946, avec deux membres de sa compagnie, J. *Nash et Jacqueline Hairston, elle tourne à travers les États-Unis, où sa danse moderne d'origine africaine remporte un certain succès, et fait sa première apparition à *Broadway dans une reprise de *Showboat (H. *Tamiris). En 1947, elle y crée Caribbean Carnival qui sera un échec ; la même année, elle incarne le sorcier dans une reprise de l'opéra The Emperor Jones. En 1948, grâce à une bourse de la Rosenwald Foundation, elle passe un an en Afrique noire. Cette expérience débouche sur un doctorat en anthropologie de l'université de New York. Après une tournée internationale en 1951, elle rencontre aux Antilles P. *Borde, qu'elle épouse aux États-Unis. Ils se produisent ensemble jusqu'à la fin de leur carrière. Lors d'un séjour de deux ans au Liberia à partir de 1959, ils fondent et dirigent à Monrovia le Liberia's Performing Arts Center. Primus, qui reçoit la President's Medal of the Arts en 1991, enseigne et donne des conférences un peu partout dans le monde jusqu'à sa mort.