Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
K

Jana KŮROVÁ (née en 1959).

Danseuse tchèque.

Elle se forme avec ses parents, M. *Kůra et Jarmila Manšingerová, ainsi qu'à Moscou. Elle devient soliste au Théâtre national de *Prague en date et se produit souvent à l'étranger avec Lubomir Kafka, le couple étant primé au Concours de Tokyo (1978) et de Jackson (1979). En 1980, elle se produit en tournée en Amérique avec le Ballet national du *Canada. Sa grande technique fait du répertoire classique son domaine de prédilection.

HK

Patricia KUYPERS (née en 1959).

Danseuse et chorégraphe belge.

Personnalité fédératrice de la danse en Belgique, elle mène de front une activité artistique, éditoriale et organisationnelle. Marquée par le *contact-improvisation, elle crée des pièces animées par l'esprit de « composition instantanée ». Elle fonde, en 1984, l'association Contredanse, qui produit des stages, des colloques et une publication de référence, Nouvelles de danse.

JMA

Kenneth KVARNSTRÖM (né en 1963).

Danseur et chorégraphe finlandais.

Il se forme en Suède, où il danse notamment avec P. *Jonsson et commence à chorégraphier en 1985. Danseur puissant et vigoureux, presque violent, il signe des œuvres s'inspirant aussi bien du *butô que du langage cinématographique, tels 560710 présenté à *Bagnolet en 1987, Exhibo (1990), Nesle (1994), ...And the Angels Began to Scream (1995), 108 dB (1997).

BH

Lydia Kyasht, [Kyakchto L., dite ] (1885-1959).

Danseuse et pédagogue russe.

Elle étudie avec P. *Guerdt à l'École théâtrale de *Saint-Pétersbourg et rejoint le *Mariinski en 1902 où elle reste jusqu'en 1908 dansant parallèlement au *Bolchoï (1903-1904). Elle tient surtout des rôles comportant des éléments de comédie (dans Coppélia, le Petit Cheval bossu), des *pas de deux (celui de l'Oiseau bleu et de Florine dans la *Belle au bois dormant) ou des solos (la Fée des Diamants dans le même ballet). À partir de 1908, elle danse à Londres aux théâtres Empire et Coliseum, dans les *Ballets Russes de *Diaghilev (en 1912 et 1919) et dans des tournées en Italie, aux États-Unis et en Russie (en 1911, 1916 et 1917). Elle dirige plusieurs compagnies en Grande-Bretagne dont le Ballet de la Jeunesse anglaise connu ensuite comme le Lydia Kyasht Russian Ballet (1939-1946). Elle enseigne dans sa propre école ainsi qu'à la *Sadler's Wells School et à l'école de Nadine Nicolaïeva-Legat (1953-1959). Son frère Gueorgui Kyasht (1873-1936) est danseur au Mariinski (1891- 1910) où il tient des rôles demandant à la fois de la technique et un talent de comédien (Don *Quichotte, Arlequinade) avant de rejoindre les Saisons Russes de Diaghilev (1909-1911). Dans les années 1910, il est directeur de ballet à Vienne puis à Buenos Aires dans les années 1920 et à Kaunas (Lituanie) dans les années 1930.

ESou

Bibliographie. L. Kyasht, Romantic Recollections, Londres, 1929.

Jiří KYLIÁN (né en 1947).

Danseur et chorégraphe tchèque.

Plongé dans le riche contexte culturel de son pays, il révèle des dons précoces pour le mouvement et la musique. Dès l'âge de neuf ans, il étudie la danse et le piano au Conservatoire de Prague. Dans un contexte politique difficile, il développe rigueur, disponibilité, curiosité, et ouverture d'esprit en suivant les cours de classique, de technique *Graham et de folklore. Une bourse du British Council lui permet de venir en 1967 à la *Royal Ballet School, où ses professeurs le recommandent à J. *Cranko, qui l'engage en 1968 comme soliste au Ballet de *Stuttgart. Bientôt remarqué pour son élégance virile et sa rigueur sensible, il débute comme chorégraphe en 1970 à la Société Noverre avec le *pas de deux Paradox, dont il signe aussi la musique et la scénographie. Le succès de ce premier essai, apprécié par M. *Fonteyn, incite Cranko à lui confier des créations telles Kommen und gehen (1970, mus. B. *Bartók), Incantations (1971, mus. A. *Jolivet), Der stumme Orpheus (1972, mus. T. *Takemitsu). Le décès brutal de Cranko, qui l'a généreusement encouragé, lui inspire, en 1974, le pas de trois Rückkehr ins fremde Land, premier contact avec son compatriote L. *Janáěk. Sollicité par le *Nederlands Dans Theater (NDT), pour lequel il a déjà réglé Viewers (1973) et Stoolgame (1974), à la demande de M. *Haydée il accepte de rester à Stuttgart jusqu'à la venue de G. *Tetley. En 1975, à vingt-huit ans, il fait son apprentissage de codirecteur artistique du NDT. Exigeant mais respectueux de la personnalité de chacun, il obtient l'homogénéité de la troupe en développant la spécificité de ses danseurs et en insistant sur l'importance de l'apport de chacun. Dans cette entreprise difficile, il fait preuve d'une autorité et d'un sens psychologique exceptionnels et devient seul directeur artistique à partir de 1978. Cette notion d'échange, source d'enrichissement mutuel qui perdure dans sa pensée et son comportement, l'incite à inviter H. *Van Manen, W. *Forsythe, M. *Ek, O. *Naharin, M. *Béjart et à encourager les débuts chorégraphiques de N. *Duato et Paul Lightfoot. En 1999, il quitte la direction du NDT, dont il reste chorégraphe associé et conseiller artistique.

Joignant invention sans cesse renouvelée et sincérité chaleureuse, il crée un univers chorégraphique qui échappe à toute classification. Afin d'accomplir pleinement son idéal visuel, il conçoit parfois aussi décors, costumes et éclairages. Se fondant sur un langage d'essence classique, il y intègre avec une inspiration fluide des influences ethnographiques, picturales ou sculpturales, développe avec une musicalité intense toutes les inflexions du corps humain. Pour lui, « la musicalité, c'est vivre la musique en la ressentant pleinement » : ainsi, il s'imprègne d'I. *Stravinski dans *Symphonie des psaumes (1978), *Noces (1982) et Histoire du soldat (1986), Janáěk dans *Sinfonietta (1978) et Glagolitic Mass (1979), B. *Martinu dans Soldatenmis (1980), C. *Debussy dans la Cathédrale engloutie (1975) ou Silent Cries (1986), W. A. *Mozart dans Six Danses (1986) ou Petite Mort (1991). Respectueux de la spécificité de chaque expérience, il passe de l'humour de l'Enfant et les Sortilèges (1984) au romantisme de la *Nuit transfigurée (1975) et Forgotten Land (1981), de l'énergie de Falling Angels (1989) et Stamping Stones (1993) à la fable métaphysique de Kaguyahime (1988) ou à la quête des racines de *Stamping Ground (1983), et, par un permanent renouvellement de son langage gestuel s'efforce de puiser généreusement son inspiration aux sources vives de l'énergie humaine.