Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
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Ballet royal danois. (suite)

Si la compagnie détient le plus ancien ballet inscrit au répertoire mondial avec les Caprices de *Cupidon ou du maître de ballet (1786, Galeotti) régulièrement repris depuis, ce sont les ballets d'A. Bournonville qui constituent la base de son répertoire jusque dans les années 1930. En effet, malgré le passage de Fokine et Balanchine, la compagnie reste à l'écart des changements introduits par les Ballets Russes de Diaghilev. Préparée par Lander qui avait invité L. *Massine et A. *Volinine, la compagnie ne s'ouvre que dans les années 1950 aux grands classiques russes et à des chorégraphes comme G. Balanchine, R. *Petit, B. *Cullberg ou F. *Ashton qui crée pour elle son *Roméo et Juliette (1955). Consolidée par l'enseignement de V. *Volkova, professeur de la compagnie de 1951 à 1975, cette évolution se poursuit avec Flindt qui crée des ballets ouvrant sur la modernité et qui invite P. *Taylor et G. *Tetley notamment. Consciencieusement préservé par les directeurs successifs, le répertoire Bournonville reste toutefois le trésor de la compagnie et lui vaut une audience universelle, comme l'a prouvé encore le Festival Bournonville organisé en 1979 pour le centième anniversaire de la mort du chorégraphe.

Le maintien de ce patrimoine doit beaucoup à l'École attachée au Théâtre royal : fondée en 1771 par le danseur français Pierre Laurent, elle a préservé le style grâce au système d'entraînement (" école Bournonville ") mis au point par H. Beck, mais s'est renouvelée, ainsi que le Ballet, sous l'impulsion de Lander. Depuis, elle forme des danseurs remarquables, capables d'aborder tous les styles.

EA

Bibliographie. S. Kragh-Jacobsen et T. Krogh, Den Kongelige Danske Ballet, Copenhague, 1952 ; S. Kragh-Jacobsen, 20 solodansere fra Den Kongelige Danske Ballet, Hans Reitzels Forlag, Copenhague, 1965 ; E. Aschengreen, Der går dans ; Den Kongelige Ballet 1948-1998, Gyldendal, Copenhague, 1998.
Filmographie. The Royal Danish Ballet 1902-1906 (1979, réal. P. Elfelt, Radio du Danemark et Dance Film Archive, université de Rochester, New York).

Ballet royal suédois.

Compagnie créée en 1773, attachée au Kungliga Teatern [Théâtre royal] de Stockholm.

Il est l'héritier des ballets donnés à la cour de Suède. Sortie victorieuse de la guerre de Trente Ans (1618-1648) aux côtés de la France et accédant ainsi au statut de grande puissance, la Suède souhaite acclimater chez elle la culture de son alliée. En 1637, le baron Antoine de Beaulieu est engagé comme maître de ballet pour enseigner à l'aristocratie « la danse et la maintenance ». Dès 1638, il peut présenter le Ballet des Plaisirs des enfans sans soucy à la jeune reine Christina - orpheline de onze ans -, dont la majorité sera célébrée en 1645 par le ballet le Monde Reiovi ou le Jouie du Monde entier que Sa Majesté Commence a Reigner et pour qui René Descartes, qu'elle a invité à Stockholm, conçoit la même année le Ballet de la Naissance de la Paix.

C'est sous le règne de Gustave III (1746-1792), lors de l'ouverture de l'Opéra en 1773, que naît la compagnie placée sous la direction de L. *Gallodier. Les ballets sont alors surtout des reprises d'œuvres des grands chorégraphes du moment, tels J. G. *Noverre, S *Viganò, remontés par leurs disciples, dont Antoine *Bournonville. Dès 1786, la troupe atteint son effectif actuel de soixante-dix danseurs. Français pour la plupart à l'origine, ils sont peu à peu remplacés par des Suédois formés à l'École ouverte en 17XX. La troupe a toutefois du mal à retenir ses plus brillants éléments : natif de Stockholm et formé à l'École du Ballet royal, Ch. L. *Didelot n'y crée que quelques chorégraphies en 1787 ; engagé comme premier danseur en 1803, Ph. *Taglioni épouse une Suédoise, mais quitte Stockholm après la naissance de sa fille Marie en 1804 et n'y reviendra que brièvement comme maître de ballet en 1818 ; Ch. *Johansson, élève de l'École puis premier danseur (1829-1840), fait ensuite carrière à Saint-Pétersbourg.

De 1833 à 1856, Anders Selinder, premier maître de ballet suédois, se distingue par son intérêt pour les danses folkloriques du pays, qu'il transpose en versions pour la scène, contribuant à la naissance d'un répertoire de « danses populaires » qui, depuis, fait référence. Le ballet décline ensuite, malgré la présence à la direction générale du théâtre d'August *Bournonville (1861-1864), qui se révèle surtout comme un excellent metteur en scène. Seul le niveau de l'École est alors préservé.

L'arrivée de L. *Fokine, comme maître de ballet (1913-1914) marque un bref renouveau : il remonte ses principales œuvres (les *Sylphides, *Schéhérazade, Cléopâtre, etc., mais la création, sur son encouragement, des *Ballets suédois par R. de *Maré provoque le départ des meilleurs éléments, dont J. *Börlin, ce qui affectera durablement la compagnie. Subissant le désintérêt du public et entravé par la direction, J. *Algo, maître de ballet de 1931 à 1948, ne parvient pas à enrayer le déclin, pas plus que G. *Gé, alors régulièrement invité comme chorégraphe.

Il faut attendre les années 1950 pour que le ballet soit relancé. Si A. *Tudor (1949-1950) y contribue en apportant son *Jardin aux lilas et une superbe version de *Giselle, c'est de M. *Skeaping (1953-1962) que viendra le salut. Ses reprises du *Lac des cygnes et de la *Belle au bois dormant, encore jamais montés en Suède, provoquent un sursaut tant de la compagnie que du public. Les années 1950 voient aussi se révéler des grands chorégraphes suédois dans le sillon tracé par l'engouement pour les courants modernes qui marque la Suède durant l'entre-deux-guerres. B. *Cullberg, I. *Cramer, B. *Åkesson signent ainsi des œuvres marquantes pour la compagnie, mais cette ouverture ne dure pas. À partir de la fin des années 1960, l'orientation nettement classique se confirme : en dehors du maintien du grand répertoire russe et l'intégration d'œuvres de G. *Balanchine, les créations sont pour la plupart confiées à des chorégraphes invités (F. *Ashton, M. *Béjart, J. *Kylián, J. *Neumeier, W. *Forsythe). Dirigée par Gösta Svalberg de 1968 à 1996, l'École, dont sortent pratiquement tous les danseurs de la compagnie, reste un atout majeur pour celle-ci.

BH

Bibliographie. The Royal Swedish Ballet 1773-1998, Stockholm, 1998.