Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
B

Yves BRIEUX (1905-1991).

Danseur et pédagogue français.

Élève de G. *Ricaux, danseur au dynamisme acrobatique et au grand sens théâtral, il quitte l'Opéra de *Paris au débute des années 1930 pour se produire en gala à travers l'Europe avec sa partenaire Ione. Dès 1940, il se consacre à l'enseignement, élaborant une méthode précise, exigeante, musclée. Professeur au *CNSMD de Paris (1947-1974), il dirige aussi la classe des sujets à l'Opéra de Paris de 1963 à 1970. Perfectionniste, il excelle à faire travailler les rôles. Après C. *Sombert, qui figure parmi ses premières élèves, il forme une pléiade de grandes danseuses françaises, de C. *Motte à M. *Loudières, ce qui lui vaut le surnom de « Maître des étoiles ».

MFC

Dr Peter BRINSON (1923-1995).

Conférencier et écrivain britannique.

Producteur du premier film de danse stéréoscopique The Black Swan (1952), il contribue régulièrement à The Dancing Times et Ballet. En 1964, il fonde le Ballet For All, groupe lié au *Royal Ballet visant à élargir l'audience de la danse dans le pays. Directeur de la Royal Academy of Dancing (1968-1969), puis de la section Grande-Bretagne et Commonwealth de la Fondation Gulbenkian (1971-1982), il préside ensuite l'Audit national sur l'éducation en danse (1975-1980) et devient directeur des études supérieures du *Laban Centre (1982-1987). Il est l'auteur de The Choreographic Art (avec P. *Van Praagh, 1963), Background to European Ballet (1966), Ballet for All (avec C. Crisp, 1970).

CH

Edward Benjamin BRITTEN (1913-1976) .

Compositeur britannique.

De talent précoce, il étudie notamment avec Frank Bridge. En 1935, il rencontre le poète H. W. Auden, qui écrira pour lui différents textes et le livret de son premier travail théâtral, l'opérette Paul Bunyan (1941). Avec lui et avec le ténor Peter Pears, compagnon et collaborateur d'une vie, il s'installe aux États-Unis, où il reste jusqu'en 1942. Très vite remarqué par la critique, il n'atteint toutefois une notoriété internationale qu'en 1945 avec l'opéra Peter Grimes. Deux ans plus tard, il contribue à la création de l'English Opera Group, qui vise à encourager la création d'un répertoire d'opéra britannique. En 1948, il fait partie des organisateurs du festival d'Aldeburgh, petite ville du Suffolk où il s'installe. Accompagnateur de piano raffiné et chef d'orchestre, il est considéré comme l'une des plus grandes figures de la musique britannique et l'un des compositeurs d'opéra majeurs du XXe siècle. D'une structure substantiellement tonale mais ouvert à l'usage de techniques variées, son langage réussit à fondre de multiples influences sans renoncer à une personnalité marquée, qui se précise surtout dans les œuvres vocales et théâtrales, tels les opéras The Turn of the Screw (1954), le Songe d'une nuit d'été (1960), dont J. *Cranko règle les danses, et Death in Venice (1973), sa dernière œuvre, où la danse joue un rôle non négligeable et dont F. *Ashton signe les chorégraphies. Sa production pour le ballet reste modeste, avec seulement deux titres : Plimouth Town, œuvre de jeunesse inédite, composée en 1931 d'après un livret de Violette Alford, n'a jamais été montée ; le *Prince des pagodes (1957), créé en collaboration avec Cranko, connaît un meilleur sort et diverses reprises verront le jour. Plusieurs de ses œuvres ont régulièrement inspiré des chorégraphes, tout particulièrement Variation on a Theme of Frank Bridge composé en 1937 (Jinx, 1942, L. *Christensen ; le Rêve de Leonor, 1949, Ashton ; Variations on a Theme, 1954, Cranko ; House of Shadows, 1955, A. *Carter ; Eaters of Darkness, 1958, W. *Gore ; Stages and Reflections, 1968, J. *Neumeier ; Night Moves, 1981, D. *Bintley) ainsi qu'Illuminations (1950, Ashton ; 1961, T. *Gsovska), Simple Symphony (1944, Gore ; 1961, W. *Dollar ; 1962, P. *Lacotte) et The Young Person's Guide to the Orchestra (Fanfare, 1953, J. *Robbins ; Variations on a Theme of Purcell, 1955, Ashton).

ESpe

Sur la musique de Britten. *Humphrey (*Ruins and Visions, 1953) ; *MacMillan (Winter's Eve, 1957 ; Gloriana, 1977) ; *Ailey (Choral Dances, 1971 ; *Sea Change, 1972) ; *Kudelka (A Party, 1976 ; All Night Wonder, 1981 ; Diversion, 1985) ; *Neumeier (Tanz für den Anfang, 1977 ; Unsere Schule, 1982) ; *Kylián (Forgotten Land, 1981) ; *Tetley (Dances of Albion, 1980) ; *Alston (The Brilliant and the Dark, 1982) ; ? ? *Cohan (Metamorphoses, 1989) ;? ?. *Davies (Something to Tell, 1980 ; Bridge the Distance, 1985)

BROADWAY.

Grande artère de New York, entièrement dédiée au spectacle.

Concentrant la majorité des théâtres de la ville depuis le milieu du XIXe siècle (dont les plus importants : le St James, le Majestic, l'Alvin), Broadway se situe entre Harlem au nord et, au sud, Coney Island où se déploie au début du XXe siècle un autre univers parallèle : « Luna Park », le parc d'attraction de F. Thompson conçu en 1903 dans la grande tradition de l'utopie triomphale et qui trouvera plus tard sa suite logique dans le *Radio City Music-Hall, autre établissement générateur de mythes. L'activité de Broadway ne se cantonne pas, loin s'en faut, au spectacle musical. Le théâtre sous toutes ses formes y tient une place prééminente. C'est d'ailleurs en contraste avec ce "théâtre des mots", dans un désir de féerie, que naît et se définit ce théâtre spécial, ni drame, ni comédie, que l'on appelle le musical de Broadway.

Comme le pays et la ville dont il est le reflet, le théâtre musical de Broadway évolue à partir de traditions diverses et de cet amalgame va surgir un genre autonome, à la dramaturgie élaborée (P. G. Wodehouse, Donald Ogden Stewart), au langage musical influencé par le *jazz (C. *Porter, J. *Kern, G. *Gershwin), servi par de grands chorégraphes (G. *Balanchine, A. *De Mille, J. *Robbins, J. *Cole, B. *Fosse, M. *Bennett, G. *Champion) et le professionnalisme d'artistes polyvalents, chanteurs et danseurs. Il existe un son, un look, une qualité "Broadway", héritage d'un goût particulier pour les scènes chahuteuses du passé américain. Le musical de Broadway, c'est le « baratin » rythmé de New York, une forme de théâtre conçu délibérément non comme un art mais comme un divertissement. Son époque de première maturité (1900-1914) est marquée par la personnalité de grands promoteurs de spectacles tels les frères *Shubert, F. *Ziegfeld, le principe de la *revue trouvant son apogée entre les deux guerres mondiales. Dès 1927, la *comédie musicale y devient un genre majeur : symbole à ses débuts de l'optimisme et de la joie de vivre américains, son évolution va traduire progressivement les changements de la conjoncture historique et des sensibilités collectives. Le genre se créée très tôt ses propres légendes : entre compétition en coulisses et magnificence de la scène, l'univers de Broadway devient le lieu mythique de révélation des artistes. L'esprit commercial n'y est pas nécessairement synonyme de médiocrité : si les productions sont révélatrices des goûts du grand public, elle n'ignorent ni l'audace ni le risque.

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