Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
D

Jean-Etienne DESPRÉAUX (1748-1820)

Danseur français

Mari de M. M. *Guimard, il fait carrière à l'Opéra de *Paris où son père est musicien. Chansonnier, comme il aime à le faire remarquer, il est aussi l'auteur de l'Art de la Danse (Paris, 1806), poème humoristique calqué sur l'Art Poétique de Boileau. Rédigé vers 1790, il contient bon nombre de notes sur la technique, l'histoire et la biographie des danseurs mentionnés. Par ailleurs, Despréaux met au point un système de *notation du mouvement qui ne semble pas avoir eu de succès.

ERou

Georges DESRAT (vers 1830-apr. 1895).

Danseur et pédagogue français.

Il est l'auteur d'un Dictionnaire de danse (Paris, 1895 ; fac-sim. Slatkine, 1980) qu'il dédie à son père dont il fut l'élève. Ouvrage historique, encyclopédique et technique, il présente un panorama de la danse depuis les Grecs jusqu'à son époque. Pas toujours exempt d'erreurs, surtout en ce qui concerne les danses des XVIe, XVIle et XVIIIe s. que l'on venait de redécouvrir, son contenu a néanmoins le mérite de faire l'objet d'une réflexion personnelle. Cependant, l'incontestable valeur de l'ouvrage réside dans la vaste bibliographie, historique, technique et esthétique, réunie en fin de volume et commentée par l'auteur dans le but de " planter les jalons de l'histoire de la danse ". À ses autres écrits sur le *cotillon et le *quadrille (1855) s'ajoutent une Méthode de danse complète (1863) et un Nouveau Traité de danse historique et pratique (1883).

ERou

Robert Guy Desrosiers (né en 1953).

Danseur, chorégraphe et directeur artistique canadien.

Il étudie à la National Ballet School de Toronto, chez R. *Franchetti et F. *Blaska à Paris, et chez Maggie Black et Stanley Williams à New York. Danseur exceptionnel (Ballet national du *Canada, *Grands Ballets Canadiens, *Toronto Dance Theatre), il est toutefois mieux connu comme chorégraphe (il fonde le Desrosiers Dance Theatre en 1980). Ses œuvres sont des tableaux surréalistes hallucinatoies mêlant poésie, provocation, tai chi, mime, acrobatie et music-hall en autant de visions allégoriques étranges dont le meilleur exemple est l'extravagant Blue SnakeBlue Snake (19841984). À partir de 1990, les effets spectaculaires cèdent le pas à un travail plus chorégraphique.

LHB

Autres chorégraphies. Incognito (1988), White Clouds (1993).

Jean-Léon DESTINÉ (né en 1928).

Danseur et chorégraphe haïtien.

Il se forme à Saint-Marc (Haïti), auprès de Lina Mathon-Blanchet, fondatrice de la première compagnie professionnelle haïtienne, avec laquelle il danse à New York, où, par la suite, il s'installera. En 1946, il rejoint la troupe de K. *Dunham, où il est très applaudi pour son interprétation du jeune homme possédé dans Shango. Il fonde l'Afro-Haitian Dance Company en 1949 et crée, la même année, l'opéra dansé Troubled Island. Sa chorégraphie est une synthèse réussie de mouvements empruntés à l'Afrique, aux Caraïbes et au *vaudou. En 1960, il fonde la First National Folk Troupe, puis devient attaché culturel de la république d'Haïti aux États-Unis.

TDF

Autres chorégraphies. Echoes of Africa (19??), Witch Doctor (195?).

Deutsche Meisterwerkstätten für Tanz [Atelier allemand des maîtres danseurs].

Premier centre national de formation professionnelle créé à Berlin à l'initiative de R. *Laban en avril 1936.

Inspiré du projet d'École supérieure de danse élaboré au congrès des danseurs de 1930, il offre une quatrième année de formation aux diplômés des écoles privées souhaitant se spécialiser dans la chorégraphie, l'interprétation ou la pédagogie. Y enseignent, entre autres : R. *Bode, T. *Gsovski, J. *Klamt, A. *Knust, H. *Kreutzberg, G. *Palucca, M. *Terpis et M. *Wigman. Placé sous la tutelle du ministère de la Propagande, il consacre l'ascension institutionnelle et culturelle de la danse sous le IIIe Reich. Chacun des directeurs successifs tente de faire de cette académie un laboratoire d'émergence de la " danse allemande " et modèle en conséquence les programmes de formation. Rudolf *Laban (1936-1937) promeut l'*Ausdruckstanz dans un ensemble interdisciplinaire axé sur les arts de la scène. R. *Cunz (1937-1939) privilégie la synthèse völkisch des styles moderne, classique, social et folklorique. H. *Niedecken-Gebhard (1940-1941) entend dépasser le dualisme du classique et du moderne à travers le Tanzdrama. Rudolf Kölling (1941-1944) privilégie le ballet et le folklore. À défaut de continuité artistique, l'académie aura toutefois assuré une continuité idéologique, avec ses cours d'histoire de la danse et de " science de la race " dispensés par F. *Böhme et G. *Fischer-Klamt.

LGui

Serge de Diaghilev (1872-1929) .

Directeur de compagnie russe.

Issu d'une famille noble aux titres modestes, élevé dans un milieu qui pratique la musique, il apprend le piano et s'initie à l'art lyrique. Tout en faisant des études de droit à Saint-Pétersbourg de 1890 à 1894, il est l'élève de N. *Rimski-Korsakov au Conservatoire, mais il renonce à ses ambitions de compositeur et de chanteur et se tourne vers les arts plastiques. Lié dès cette époque à A. *Benois et à L. *Bakst, il devient critique et organise des expositions en Russie. En 1898, il fonde une revue, Mir Iskousstva [le Monde de l'art], qui paraît jusqu'en 1904. Il y défend la peinture impressionniste et post-impressionniste, et fait redécouvrir le patrimoine pictural russe. Nommé " attaché de mission spéciale " auprès du prince Volkonski, directeur des théâtres impériaux, il est chargé, en 1900, de la publication de l'Annuaire de ces théâtres, dont il rénove la forme en y joignant un supplément littéraire illustré par les meilleurs artistes du moment.

En 1901, alors qu'il projette de monter le ballet *Sylvia, il est destitué de ses fonctions. Il s'emploie alors à révéler aux Parisiens le meilleur de l'art russe, méconnu à l'époque hors de Russie : il présente une exposition de peinture (1906, Salon d'automne), organise cinq concerts (1907) et produit l'opéra Boris Godounov de M. *Moussorgski, avec le chanteur Chaliapine (1908, Opéra de *Paris). En 1909, il propose la première saison des *Ballets Russes au théâtre du Châtelet. De cette expérience couronnée de succès naît une compagnie régulière dont il assure la direction avec passion jusqu'à sa mort.

Homme cultivé et d'esprit curieux, parlant couramment le français et l'allemand, il sait détecter les jeunes talents. Mais son rôle ne se résume pas à celui d'imprésario : ni danseur ni chorégraphe, il est pourtant à l'origine de tous les projets des Ballets Russes et du choix de ceux qui sont appelés à y collaborer. Rompant avec la tradition, il sollicite des compositeurs non spécialistes de la musique de ballet et des peintres au lieu de décorateurs de théâtre. Préférant des œuvres courtes aux grands ballets en plusieurs actes, il invente la " soirée de danse ". Enfin, il en confie la réalisation à des chorégraphes qui bouleversent les schémas hérités du XIXe siècle : M. *Fokine, V. *Nijinski, L. *Massine, B. *Nijinska et G. *Balanchine. Plaçant la rencontre de tous les arts au cœur de son projet, il catalyse l'essentiel de la création de son temps et marque profondément la conception du ballet au XXe siècle.