Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
A

Jean-Pierre AUMER (1776-1833). (suite)

Grâce à ses expériences à l'étranger, il renouvelle profondément le répertoire français qu'il inscrit dans le romantisme. Conscient que le spectacle ne peut se réduire à la seule chorégraphie, il s'intéresse aux costumes, aux décors, à la *machinerie, comme en témoignent ses archives. Les livrets de ses ballets, à la rédaction desquels il participe, dérogent parfois aux conventions de l'époque et s'orientent vers des thématiques proprement romantiques. Le sujet historique d'Alfred le Grand (1822), d'abord présenté en Italie (1820, mus. G. von *Gallenberg), dérange la critique par ses implications politiques et la complexité de ses combats. Il aime aussi les mélodrames (la *Somnambule,1827) et pratique le mélange des genres (la *Belle au bois dormant, 1829). Son chef-d'œuvre est l'adaptation chorégraphique du roman de l'abbé Prévost, Manon Lescaut (1830, mus. L. J. *Hérold), pour lequel il s'est adjoint E. *Scribe comme librettiste. On y trouve une parodie des spectacles du XVIIIe s., destinée à bien faire comprendre que les temps ont changé mais, surtout, Manon est la première héroïne de ballet à mourir en scène, avant la *Sylphide ou Giselle. Originalité pour l'époque, toutes ses œuvres comportent des rôles de travestis comparables à celui de Chérubin, qui assurent la longévité du succès des *Pages du duc de Vendôme (126 représentations à l'Opéra de Paris), mais son répertoire est abandonné à l'arrivée de L. *Véron à l'Opéra de Paris.

SJM

Autres chorégraphies. Aline reine de Golconde (1815, Vienne) ; le *Page inconstant (1815, Vienne) ; Astolphe et Joconde (1827, mus. Hérold, Op. de Paris) ; Lydie (1828, mus. Hérold, Op. de Paris).

Georges AURIC (1899-1983).

Compositeur français.

Après des études au Conservatoire de Paris, il participe à la création du groupe des Six. En l'appelant aux côtés des *Ballets Russes dès 1924, S. *Diaghilev lui ouvre les portes de l'Opéra de *Paris, qu'il dirigera entre 1962 et 1968. Connue du grand public par des musiques de film, son œuvre abondante se révèle originale, concise et ironique pour le ballet, alors qu'il fait preuve ailleurs d'un tempérament quasi romantique par exemple dans la Sonate en fa (1930).

Il aborde la scène chorégraphique au sein du groupe des Six avec les *Mariés de la tour Eiffel (1921, *Ballets suédois), dont il compose l'ouverture, avant de s'imposer avec les Fâcheux (1924) de B. *Nijinska et les Matelots (1925) de L. *Massine qu'il retrouvera pour les Enchantements d'Alcine (1929, cie *Rubinstein), le Peintre et son modèle (1949, *B. des Champs-Élysées) et le Bal des voleurs (1960, B. Europeo). Si l'on excepte les Matelots et *Phèdre (1950), tragédie chorégraphique de S. *Lifar, ses compositions pour la danse sont souvent pleines d'humour.

NC, PLM

Autres compositions. La Pastorale (1926, *Balanchine) ; la Concurrence (1932, Balanchine) ; les Imaginaires (1934, *Lichine) ; Quadrille (1946, Roger Fenonjois) ; le Chemin de lumière (1952, *Gsovski ).
Sur la musique d'Auric. R. *Petit (les Chaises musicales, 1950) ; *Milloss (Coup de feu, 1952) ; *Robbins (3 X 3, 1958).

Australian Ballet (The)

Compagnie nationale australienne installée à Melbourne.

Son histoire est intimement liée à l'introduction du ballet classique en Australie. Dès le xixe s., des tournées sont organisées par des producteurs de spectacles et directeurs de théâtre privés. Au début du xxe s., grâce à James Cassius Williamson, l'Australie découvre A. *Genée et les danseurs du Ballet impérial russe (1913), puis A. *Pavlova (1928 et 1929). Suivent O. *Spessivtseva (1934), les Ballets de *Monte-Carlo (1936), le Covent Garden Russian Ballet (1938-1939), l'Original *Ballet Russe (1939-1940), ces deux dernières compagnies, dirigées par le Colonel de *Basil, faisant forte impression par la diversité des chorégraphies, des décors et des musiques. À la suite de ces tournées, plusieurs danseurs s'installent en Australie, dont Helene Kirsova qui fonde une compagnie avec d'autres solistes immigrés à Sydney (1942-1946) et le couple *Borovanski, qui profite du studio ouvert à Melbourne par Eunice Weston, pédagogue britannique réputée, avant de créer le Borovanski Australian Ballet placé sous la direction administrative de J. C. Williamson (1943-1960). À la mort d'E. *Borovanski, en 1959, P. *Van Praagh devient directrice artistique de la compagnie pour sa dernière saison. En 1959, un comité de danseurs, dont Geoffrey Ingram (président), Margaret Scott, Paul Hammond et Rex Reid, lance l'Australian Ballet Foundation avec Williamson, ainsi que l'Australian Elizabethan Theatre Trust. Sous le nom d'Australian Ballet, la nouvelle compagnie, subventionnée par l'État et le mécénat privé ou d'entreprise, se produit pour la première fois à Sydney en 1962. P. Van Praagh en est la directrice artistique jusqu'en 1975, avec R. *Helpmann comme codirecteur (1965-1976). Lui succèdent Anne Woolliams (1976-1978), M. *Jones (1979-1982), M. *Gielgud (1983-1996) et, depuis 1997, Ross Stretton, un des anciens principal dancers de la compagnie au nombre desquels figureront aussi Vicki Attard, Miranda Coney, Li Cunxin, Steven Heathcote, David McAllister, Justine Summers, Damien Welch. Depuis sa tournée inaugurale de quatre mois en 1965 où elle se produit au festival de Baalbeck (Liban) et au Commonwealth Festival of the Arts (Grande-Bretagne), puis en Europe et aux États-Unis avec M. *Fonteyn et R. *Noureïev comme artistes invités, elle effectue des tournées dans plus de 40 pays avec un répertoire d'environ 200 œuvres. Constituée de 64 danseurs, la compagnie se produit en général avec l'Orchestre du Victorian State ou de l'Australian Opera and Ballet de Sydney et accueille des chorégraphes résidents, tels Stephen Baynes ou Stanton Welch. L'Australian Ballet School, fondée en 1964, est d'abord dirigée par M. *Scott et, à partir de 1991, par Gailene Stock.

NP

Albert AVELINE (1883-1968).

Danseur, chorégraphe et pédagogue français.

Entré en 1894 à l'école de danse de l'Opéra de *Paris, il est engagé en 1905 dans la compagnie où il fait toute sa carrière, gravissant rapidement les échelons. Il assume les fonctions de maître de ballet en 1917 et se produit comme danseur jusqu'en 1934. Il aborde la chorégraphie en 1935 avec la Grisi (mus. Olivier Métra arrangée par Henri Tomasi). Professeur des petits sujets, il est à la tête de l'école de danse de 1920 à 1935 avec C. *Zambelli, puis seul jusqu'à sa retraite en 1956.