Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
T

Nikolaï Tsiskaridzé (né en 1973).

Danseur géorgien.

Elève de l'École de danse de Tbilissi (1984-1987) puis de Moscou, il danse au *Bolchoï à partir de 1992 interprétant notamment le Conférencier dans l'Âge d'or, Mercutio dans *Roméo et Juliette, l'Oiseau bleu dans la *Belle au bois dormant. Il se distingue aussi dans Paganini (L. *Lavrovski) et le *Spectre de la Rose (M. *Liepa d'apr. M. *Fokine) et crée le rôle du Roi-Démon qui remplace Rothbart dans la nouvelle version du *Lac des cygnes (1996) de V. *Vassiliev.

ESou

Arcangelo Tuccaro (v. 1535-v. 1602).

Maître sauteur et théoricien italien.

Sa grande renommée le conduit à exercer son art dans les cours royales européennes. Il arrive en France à la cour de Charles IX en 1571. Il est l'auteur d'un traité de sauts acrobatiques, Trois Dialogues de l'exercice de sauter et voltiger en l'air (Paris, 1616 ; rééd. 1959), dont un chapitre est consacré à une controverse sur la danse.

MFB

Antony TUDOR, [COOK William, dit ] (1908-1987).

Danseur, chorégraphe et directeur de compagnie britannique.

Il commence sa formation auprès de M. *Rambert, en 1928, et devient deux ans plus tard l'homme à tout faire de son Ballet Club. En 1931, il signe sa première chorégraphie (Cross-Garter'd, mus. Girolamo Frescobaldi) à partir de la Nuit des rois de W. *Shakespeare. Trois ans et neuf chorégraphies plus tard, il crée The Planets (1934, mus. G. *Holst), peut-être la première pièce caractéristique de son style, puis The Descent of Hebe (1935, mus. Ernst Bloch). En 1936, il signe son premier chef-d'œuvre, *Jardin aux lilas, et l'année suivante une deuxième œuvre maîtresse, *Dark Elegies. En 1938, il forme sa compagnie, The London Ballet, dont les créations comprennent The Judgment of *Paris, Soirée Musicale (mus. G. *Rossini, arrgt. B. *Britten) - l'une de ses rares entreprises de pur divertissement - et Gala Performance, réflexion et commentaire sur la différence entre les *écoles française, italienne et russe, que les reprises font malheureusement basculer dans la farce. En 1939, Tudor accepte de rejoindre l'*ABT, où il reste jusqu'en 1950. Il reprend immédiatement Jardin, Elegies et Judgment of Paris, et, après deux pièces éphémères, crée une nouvelle œuvre majeure, *Pillar of Fire. En 1951-1953, il chorégraphie pour le *NYCB et le Jacob's Pillow, avant de se consacrer principalement les dix années suivantes à ses élèves de la *Juilliard School. Cette période un peu terne s'achève par une création importante, Echoing of Trumpets (1963, mus. B. Martinů) pour le Ballet royal *suédois, suivie par un autre chef-d'œuvre, *Shadowplay. The Leaves are Fading (1975) et The Tiller in the Fields (1978), ses deux dernières créations, sont chorégraphiées pour l'ABT, sur des musiques de *Dvořák.

Même si Tudor ne se risque jamais à danser un rôle virtuose, ses prestations retiennent toujours l'attention, apportant souvent le calme dans la tempête si essentielle à la majeure partie de son œuvre, surtout dans Pillar of Fire. Nullement intéressé par les pas en tant que tels, il les utilise pour faire réfléchir le public, résumant ainsi sa pensée : « Balanchine travaille dans le motion [mouvement], et moi dans l'émotion. » Comme M. *Fokine avant lui, il évite par conséquent les enchaînements et combinaisons conventionnels appris en classe : chez Tudor, les danseurs ne se placent jamais dans l'une des cinq *positions avant une *pirouette, sauf dans Gala Performance, où cela fait partie du propos même. Pour lui, les mouvements sont censés expliquer l'état mental du personnage. Sa réussite à exprimer en mouvement la nature du personnage ainsi que ses motivations font qualifier ses ballets de « psychologiques », à tort toutefois si l'on considère que la psychologie n'est au fond qu'affaire de pensée. Cette démarche alors toute nouvelle influence de nombreux chorégraphes, de même que son enseignement lumineux, parfois teinté d'ironie, marque tous les danseurs qui l'ont suivi : il atteint de son vivant un statut de maître égal à celui de G. *Balanchine, sans bénéficier toutefois, pendant sa vie ni après sa mort, de la même attention respectueuse de la part des médias.

JS, LK

Autres chorégraphies. Dim Lustre (1943, mus. R. *Strauss) ; Undertow (1945) ; Knight Errant (1968, mus. Strauss, *Royal B. Touring Group) ; Continuo (1971, mus. Johann Pachelbel, Juilliard Sch.).
Bibliographie. S. J. Cohen, « Tudor and the Royal Ballet », Saturday Evening Post, 1947.

David TUDOR (1926-1996).

Pianiste et compositeur américain.

Élève de Stefan Wolpe, il acquiert une première notoriété en aidant J. *Cage à réaliser ses œuvres pour piano préparé. Très vite, il devient le pianiste officiel de la nouvelle musique, non seulement comme exécutant de nombreuses créations, mais aussi comme médiateur important entre les compositeurs européens et américains. Avec Cage, M. *Feldman, Earle Brown et Christian Wolff, il crée en 1951 le Project of Music for Magnetic Tape. Expérimentateur infatigable, il alterne l'enseignement avec sa carrière de pianiste. Laissant toujours un grand espace à la recherche créative, il pratique d'une façon très personnelle et libre, différents langages et techniques, de la musique électronique à l'*improvisation et la *performance. C'est dans le cadre de cette démarche d'exploration des frontières que se place sa longue collaboration avec M. *Cunningham : Rainforest (1968), Signals (1970), Landrover (1975), Sounddance (1978), Exchange (1981), *Channels / Insert (1981), Quartet (1982), Phrases (1984), Shards (1987), *Points in Space (1987), Polarity (1990), *Enter (1992), Ocean (1994).

EQ

Pierre TUGAL (1883-1964).

Écrivain français.

Nommé conservateur des Archives internationales de la danse par R. de *Maré lors de leur fondation, en 1931, il reste à ce poste jusqu'à leur dispersion, en 1950, entre la Bibliothèque nationale de France et le Dans Museet de Stockholm. Délégué à l'Unesco, il est l'auteur de diverses préfaces sur la danse et publie la Danse et les danseurs (Nathan, Paris, 1951) et la Danse classique sans maître (en collaboration avec Lucien Legrand, Librairie théâtrale, Paris, 1956).

MFC

Tommy TUNE, [James Thomas, dit ] (né en 1939).

Danseur, acteur, chanteur, chorégraphe et metteur en scène américain.

Formé à la danse au Texas par Camille Hill, Emma Mae Horn, Shirley Dodge, il poursuit simultanément des études d'acteur et de metteur en scène. Il fait ses débuts à *Broadway dans le *chorus de Baker Street (1965), travaille pour la première fois avec M. *Bennett dans A Joyful Noise (1966) et poursuit sa carrière avec How Now, Dow Jones (1967). Il paraît dans le film Hello Dolly ! (1969, réal. G. *Kelly, 20th Cent. *Fox), puis chorégraphie pour The Boy Friend (1971, réal. Ken Russell, *MGM), où son succès de claquettiste le ramène à Broadway cosigner la chorégraphie de Seesaw (1973), avec Bennett. Réussissant à combiner une carrière de chorégraphe-metteur en scène avec celle d'interprète, il obtient de multiples récompenses. Surnommé « trésor national », il est considéré comme l'une des têtes de file du théâtre musical américain.