Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
M

Henri MATISSE (1863-1954).

Peintre et scénographe français.

Clerc de notaire, il étudie dans l'atelier de Gustave Moreau (1893). Il fait partie, en 1905, du mouvement fauviste et crée son propre atelier en 1908. Deux ans plus tard, il propose ses premières études sur le thème de la danse. D'inspiration dionysiaque, la Danse exalte le jeu de cinq corps dansants, dont l'élan presque inachevé se donne paradoxalement comme une modalité de la perfection. Cette volonté d'exprimer la dimension sacrée de la danse révèle chez Matisse une compréhension exceptionnelle du mouvement, de sa dynamique et de son sens. Sollicité à plusieurs reprises par S. de *Diaghilev, il ne réalisera, en fait, que deux décors, à vingt ans d'écart, qui auront néanmoins une très grande influence sur la scénographie et la chorégraphie de son époque.

En collaborant avec les Ballets Russes pour le Chant du rossignol (1920, L. *Massine), il met en œuvre la double dimension de la décoration : la cérémonie et le lieu cérémoniel. En abordant le problème du costume, il invente et emploie sa méthode des papiers découpés aux ciseaux et coloriés. Dans cette pièce, il donne l'impression que la scène est une surface de tableau en disposant les danseurs en pyramides humaines. Pour sa deuxième scénographie, l'Étrange Farandole (1939, Massine), il donne au décor une fonction encore plus abstraite et intense, en s'inspirant des trois versions des peintures murales de la Danse (1931-1932) qu'il a conçues pour la Fondation Barnes. D'un extrême raffinement et dépouillement, cette création met en valeur l'élan épuré des lignes et fait surgir un espace cosmique, lumineux et aéré.

VR

Marisa MATTEINI (née en 1932).

Danseuse italienne.

Elle étudie auprès de Teresa et Placida Battaggi à l'École de l'Opéra de *Rome, où elle fait toute sa carrière. Interprète de fort tempérament, elle danse surtout dans les ballets de *Milloss dont La Giara (1959), Ungarica (1961), le *Sacre du printemps (1967), *Boléro (1969) mais aussi dans les ballets de D. *Parlic, N. de *Valois, K. *MacMillan.

CC

Matt MATTOX, [M. Harold Henry, dit ] (né en 1921).

Danseur, chorégraphe et pédagogue américain.

Attiré par la danse dès son plus jeune âge et grand admirateur de F. *Astaire, il prend ses premiers cours de *claquettes en 1933 avant de recevoir plus tard une solide formation classique avec E. *Belcher et Nico Charisse. Après la Seconde Guerre mondiale, il reprend la danse chez L. *DaPron et débute à *Broadway, en 1946, dans Are You With It ?. Sa rencontre avec J. *Cole dans *Magdalena (1948) change le cours de sa carrière. Il se produit alors dans d'autres *comédies musicales, dont Carnival in Flanders (1953, Cole et H. *Tamiris), Brigadoon (1954, A. *De Mille), signe des chorégraphies pour *Broadway, Say Darling (1958), What Makes Sammy Run ? (1964), paraît au cinéma dans des films musicaux, tels Gentlemen Prefer Blondes (1953, réal. Howard Hawks, *Fox), *Seven Brides for Seven Brothers (1954, *MGM), chorégraphie pour la télévision dans les années 1960 avant de créer sa propre compagnie et d'ouvrir un studio à New York. Professeur très recherché, il part enseigner à Londres en 1970, puis à Paris où il crée le Ballet Jazz Art avant de s'établir dans le midi de la France.

Considéré comme l'un des grands professeurs de danse *jazz, il préfère, quant à lui, parler de style libre, formulation qui lui paraît plus représentative de son besoin de totale liberté d'expression. Son style éclectique s'inspire de celui, fluide et animal de J. *Cole, qu'il mélange aux danses classique, moderne, ethnique et aux claquettes. Construite sur une progression d'exercices qu'il appelle " la barre ", sa méthode met l'accent sur l'isolation, la coordination, la polyrythmie de différentes parties du corps, la relaxation et la concentration. Ce système d'exercices précis, clairs et extrêmement stimulants transcende la danse jazz et forme des danseurs pluridisciplinaires.

ESe

Rosita Isabel Armanda Mauri (1856-1923).

Danseuse et pédagogue espagnole.

Fille d'un maître de ballet et comédien, elle se forme en Espagne puis à Paris auprès de Mme *Dominique. Elle se produit à Barcelone, Vienne, Berlin et sur plusieurs scènes italiennes dont la *Scala de MilanC. *Gounod la découvre. Il la fait engager à l'Opéra de *Paris où elle débute en 1878 et où se déroule ensuite toute sa carrière. Elle quitte la scène en 1898 pour devenir professeur de la classe de perfectionnement de l'École de l'Opéra de Paris jusqu'en 1920. Liée à Antonin Proust, elle pose plusieurs fois pour Edouard Manet.

Danseuse pleine de fougue, elle subjugue par sa technique d'une virtuosité digne de ses rivales italiennes (R. *Sangalli, C. *Brianza, A. *Dell'Era, P. *Legnani), tout en imposant un style harmonieux et coulé cher à l'école française. Brillante interprète des ballets de L. *Mérante (la Korrigane, 1880 ; les Deux Pigeons, 1886) et de J. *Hansen (la Maladetta, 1893), elle triomphe également dans les divertissements d'opéra, dont celui du Cid (mus. J. Massenet, 1885).

NL

Elisabeth MAURIN (née en 1963)

Danseuse française.

Formée à l'École de danse de l'Opéra, elle est engagée dans le ballet en 1979 et nommée *étoile en 1988 après le tournage du *Casse-Noisette de R. *Noureev. Technicienne éblouissante (1erprix à Osaka en 1984 avec M. *Legris), brillante et subtile (*Études), elle est une remarquable interprète du répertoire (la *Sylphide, *Giselle, *Coppélia, la *Belle au bois dormant). Son talent dramatique, tant comique (la *Fille mal gardée) que tragique (*Roméo et Juliette) séduit des chorégraphes comme J. *Neumeier (Magnificat) ou A. *Preljocaj (le Parc, Annonciation).

SJM

Ekaterina MAXIMOVA (née en 1939) .

Danseuse russe.

Elle est l'élève d'E. *Legat à l'École de danse du *Bolchoï. Engagée dans ce théâtre (1958-1988), elle est considérée comme le joyau de la compagnie, suivie tout au long de sa carrière par G. *Oulanova. Elle forme avec son mari V. *Vassiliev un couple légendaire dont la renommée devient internationale grâce aux tournées de la troupe à l'Ouest dans les années 1970 (Paris, Londres, New York). Elle danse le répertoire traditionnel (*Giselle, la *Belle au bois dormant, *Casse-Noisette, *Cendrillon, *Don Quichotte, *Roméo et Juliette) ainsi que les œuvres de Y. *Grigorovitch. Son mari crée pour elle les rôles féminins de ses ballets : *Icare (1976), Aniouta (1986). Avide d'élargir son répertoire, elle interprète avec lui le pas de deux de *Roméo et Juliette de M. *Béjart (1978), *Oneguine de J. *Cranko (1989). Ils participent au tournage de la Traviata, dont ils assurent le *divertissement (1982, réal. Zefirelli, mus. *Verdi) et Dominique Delouche leur consacre un film, Katia et Volodia (1989).