Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
G

Luisa Grinberg (née en 1912).

Danseuse, pédagogue et chorégraphe argentine.

Pionnière de la danse moderne en Argentine, elle se produit en soliste dans son pays et à l'étranger. Directrice fondatrice et chorégraphe du Ballet Stylos et d'autres compagnies, elle développe par la suite un travail en gérontologie, appliquant ses connaissances artistiques aux recherches sur la vieillesse. Présidente honoraire du Centro de Investigación, Experimentación y Estudio de la Danza, elle est l'auteur de Recreación a través del ritmo y el movimiento, étude présentée lors de congrès à Buenos Aires et à Lima.

SK

Maggie GRIPENBERG (1881-1976).

Danseuse, chorégraphe et pédagogue finlandaise.

Après avoir vu danser Isadora *Duncan en 1905, elle étudie avec É. *Jaques-Dalcroze. Diplômée de son école en 1911, elle débute à Helsinki, où elle est la première danseuse à se produire pieds nus. De 1919 à 1921, elle danse en solo aux États-Unis, avant de revenir en Finlande, où elle enseigne la danse moderne, formant également de nombreux élèves au Danemark et en Suède. Parmi ses œuvres se détachent Valse triste (1911), Dibbuk (1939, Bruxelles), La vie continue (1945, Stockholm), ainsi que des chorégraphies dans des pièces dramatiques ou lyriques, notamment pour Myrsky [la Tempête] (1929, mus. J. *Sibelius) de W. *Shakespeare. Considérée comme l'introductrice de la *rythmique en Finlande, son travail exerce une forte influence sur la gymnastique féminine. Elle est aussi la fondatrice de l'Association des danseurs finlandais (1939), et publie son autobiographie, Spellbound Rhythm (? ? ? ?, en anglais et en finlandais).

BH

Juan GRIS (1887-1927).

Peintre et décorateur espagnol.

Il fait ses études à l'École des arts appliqués de Madrid. En 1906, il s'installe à Paris, où il devient un des principaux représentants du cubisme. Il collabore à quelques reprises avec les *Ballets russes, signant des costumes et des décors où les couleurs sont mises en évidence comme des objets, des abstractions. Son sens de la composition de l'espace diffracte la lumière et crée une transparence habitée et suspendue dans le temps.

CD

Collaborations. B. *Nijinska (les Tentations de la bergère, 1924) ; G. *Balanchine (les Dieux mendiants, 1928).

Carlotta Grisi (1819-1899).

Danseuse italienne.

Formée à l'École de danse de la *Scala, dont elle est la vedette du ballet d'enfants en 1829, elle rencontre J. *Perrot lors d'une tournée à Naples en 1834. Elle devient son élève, sa partenaire et sa maîtresse, appelée Mme Perrot jusqu'à leur séparation en 1842, même s'ils n'ont jamais été mariés. Le couple se produit à travers l'Europe (Londres, Vienne, Milan, Munich, Naples), tente vainement en 1836 et 1837 de s'imposer à Paris, et finit par conquérir le public de la capitale en 1840 dans une série de danses de *caractère incluses dans l'opéra Zingaro, donné au théâtre de la Renaissance. En 1841, l'Opéra de *Paris ouvre ses portes à la danseuse, qui y triomphe jusqu'en 1849. Elle se produit régulièrement à Londres (1842-1851), poursuit brillamment sa carrière à Saint-Pétersbourg (1850-1853) et fait ses adieux à la scène en 1854 pour vivre en Suisse une retraite dorée que lui offre le prince Radziwill.

Comme ses cousines Giulia et Giuditta Grisi, cantatrices réputées, elle possède une jolie voix. Repoussant les conseils de Giuditta Pasta et Maria Malibran, elle choisit la danse plutôt que le chant, mais il lui arrive à l'occasion de faire valoir ce talent, par exemple dans Grisélidis, ballet de J. *Mazilier (1848, mus. A. *Adam). Façonnée par Perrot, la ballerine se révèle dans le rôle-titre de *Giselle(1841, mus. Adam), dévoilant une virtuosité technique transcendée par une interprétation sensible. Muse de Th. *Gautier (la *Péri, 1843, mus. August Burgmüller), partenaire de L. *Petipa, elle danse dans les ballets d'A. *Albert, J. *Coralli et Mazilier, mais reste l'une des interprètes privilégiées de Perrot, dont elle crée la *Esmeralda (1844, mus. C. *Pugni, Londres), les *Éléments (1847, mus. Bajetti, Londres), la Filleule des fées (1849, mus. Adam, Paris), la Naïade et le pêcheur (1851, Saint-Pétersbourg), Gazelda ou les Tziganes (1853, Saint-Pétersbourg). De taille moyenne, les yeux et la carnation clairs, « une Italienne qui a l'air d'une Allemande à s'y tromper » selon Gautier, elle joue de sa délicate féminité, mais subjugue surtout par ses audacieuses prouesses techniques. La sûreté et la stabilité de ses *pointes stupéfient, particulièrement dans *Paquita. Son *élévation remarquable et son étonnante *batterie, sa légèreté et la précision dans l'exécution des pas les plus difficiles la mettent au rang des meilleures ballerines de l'époque, telles M. *Taglioni, F. *Cerrito et L. *Grahn avec lesquelles elle brille dans le *Pas de quatre (1845, mus. Pugni). À l'aise dans les passages de pantomime, elle possède de réelles qualités dramatiques : moins tragédienne que F. *Elssler (notamment dans son interprétation de Giselle), elle excelle dans un registre plus léger, montrant des dispositions pour la comédie dans le *Diable à quatre. Considérée par la critique française comme la continuatrice de Taglioni et de Elssler, elle demeure à jamais la troisième des « Grâces » du ballet *romantique.

NL

Bibliographie. S. *Lifar, Carlotta Grisi, Paris, 1941 ; I. Guest, Jules Perrot : Master of the Romantic Ballet, Dance Books, Londres, 1984.

Eugene Von Grona (né en 1908).

Chorégraphe et directeur de compagnie américain d'origine allemande.

De mère américaine et de père allemand, il se forme auprès de M. *Wigman, avant de partir pour les États-Unis en 1925. Son premier solo, Spirit of Labor (1927), accompagné de bruits d'usine, illustre par des gestes de martèlement le thème du piège de l'industrialisation. Pendant les années 1930, il crée des œuvres de contestation sociale, dont Two Roads : An Intuitive Dance Essay (1932) et Swastika (1935). En 1934, décidant de fonder une compagnie avec des interprètes afro-américains, il fait passer une annonce dans l'Amsterdam News proposant des cours de danse gratuits au YMCA de Harlem. Après trois ans de formation des trente candidats retenus, l'American Negro Ballet, qui se propose d'aborder « la race noire sous l'angle de ses richesses les plus profondes et les plus intellectuelles », fait ses débuts le 21 novembre 1937 au Lafayette Theater de Harlem. Von Grona met en scène des groupes compacts, bras levés dans des positions géométriques et pieds bien plantés dans le sol. Le programme propose une allégorie de la Création (Children of the Sun), une œuvre narrative (Southern Episode, mus. D. *Ellington et W. C.? ? ?? ? ? ? ? Handy), une œuvre religieuse (Air, mus. J.-S. *Bach, Air on a G String) et une version de l'*Oiseau de feu. Accueillie avec réserve par la critique et le public, la compagnie cesse de se produire au bout de cinq mois. En 1939, elle apparaît dans Blackbirds de L. *Leslie et à l'Apollo Theater, sous le nouveau nom de Von Grona's American Swing Ballet. À la fin de l'année, Von Grona, en faillite, dissout la compagnie, dont font partie L. *Williams, Jon Edwards et Al Bledger.