Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
V

(Ballet de l'Opéra de) Vienne. (suite)

Avec la *Laitière suisse (1821), Ph. *Taglioni s'engage sur la voie ouverte par Aumer et fait débuter sa fille M. *Taglioni en 1822 dans le divertissement Réception d'une jeune nymphe à la cour de Terpsichore, tandis que F. *Elssler danse déjà dans le corps de ballet. Die Fee und der Ritter (1823, A. *Vestris) et Danina ou *Jocko, le singe du Brésil (1826, Ph. Taglioni) figurent parmi les productions majeures de cette période, ainsi que le ballet féerique de J. *Perrot, Der Kobold (1838, mus. Wilhelm Reuling). Venu régler quelques-uns de ses ballets en 1854, A. *Bournonville dirige la compagnie de 1855 à 1856, mais il est confronté à P. *Taglioni qui, à partir de la création de *Satanella (1853), va s'imposer à Vienne jusqu'en 1874. Les *Aventures de Flick et Flock (1865) et Carnevals Abendteuer in Paris (1858, P. *Borri) restent parmi les succès retentissants à cette époque.

L'inauguration, en 1869, du nouvel opéra, dit « Haus am Ring », ouvre une ère nouvelle : P. Taglioni signe son monumental Sardapanale (1869) et dès 1870, alors que K. *Telle est maître de ballet, l'École de ballet du Hofoper est officiellement créée. *Coppélia (1876) puis *Sylvia (1877) entrent au répertoire. Marqué par la création d'*Excelsior (1881, L. *Manzotti), tournant esthétique dans l'histoire du ballet d'Europe centrale, J. *Hassreiter paraphrase le modèle italien avec Die Puppenfee (1888), *divertissement *pantomime dont le succès lui permet d'accéder au poste de maître de ballet (1889-1919). Seul Wiener Waltzer (1885), imposant ballet de Louis Frapparts, reçoit alors un accueil du même ordre. La période 1897-1907, durant laquelle G. *Mahler dirige le Hofoper, est marquée par son conflit avec Hassreiter. S'amorce alors le déclin de cette époque fastueuse des ballets viennois, que ni les œuvres léguées par J. *Strauss, dont Cendrillon (1908, Hassreiter), ni les œuvres réformatrices Der Schneemann (1910, Carl Godlewski, mus. Erich Wolfgang Korngold) et Der Schleier der Pierrette [le Voile de Pierrette] (1911, m. en sc. Wilhelm von Wymetal, mus. E. von *Dohnányi) ne pourront éviter.

Après la chute de la monarchie, les tentatives se succèdent pour ouvrir de nouvelles perspectives. H. *Kröller, maître de ballet de 1923 à 1928, crée deux œuvres importantes sur des musiques de R. *Strauss : la Légende de *Joseph (1922) et Schlagobers (1924). Le ballet est ensuite soumis à l'influence de la danse *libre avec Sacha Leontieff, puis les chorégraphes invitées G. *Wiesenthal et V. *Kratina, tandis que B. *Nijinska échoue dans sa tentative de s'installer à Vienne : Der Taugenichts in Wien (1930, Wiesenthal, mus. Franz Salmhofer) reste l'œuvre marquante de cette période. M. *Wallmann, autre représentante de la danse libre, maître de ballet de 1934 à 1938, crée notamment Fanny Elssler (1934, mus. Michael Nádor) et Der liebe Augustin (1936, mus. Alexander Steinbrecher). L'arrivée d'E. *Hanka (1942-1958) marque un retour à une orientation plus classique : menant une politique de répertoire très judicieuse, elle signe une de ses meilleures productions avec Der *Mohr von Venedig (1955), créé à l'occasion de la réouverture de l'opéra détruit pendant la Seconde Guerre mondiale. Après la mort de Hanka, les maîtres de ballet se succèdent rapidement : D. *Parlic (1958-1962), A. von *Milloss (1963-1966 et 1971-1974), V. *Orlikovski (1966-1971), l'élément marquant de cette période restant la venue de R. *Noureev pour monter le *Lac des cygnes (1964) et *Don Quichotte (1966).

Sous la direction de G. *Brunner (1976-1990), le ballet crée plusieurs productions importantes, dont la version de J. *Neumeier de la Légende de *Joseph (1977), Grand Trio (1978, H. *Van Manen), Ulysses (1979, R. *Van Dantzig) et Orpheus (1986, Ruth Berghaus, mus. H. W. *Henze). En 1983, G. *Dill réalise une reconstruction exemplaire de Puppenfee. Par la suite seront aussi remontées des œuvres de représentantes autrichiennes de la danse libre telles que Wiesenthal, G. *Bodenwieser et R. *Chladek. A. *Wooliams, directrice du ballet après Elena Tchernichova (1991-1993), cède la place, en 1995, à Renato Zanella.

GOS

Giulio VIGANO (v. 1760-ap. 1836).

Danseur, chorégraphe et compositeur italien.

Fils d'O. *Viganò, orienté vers la musique par son oncle Luigi Boccherini, il compose des musiques pour ses propres ballets, ceux de son père, et de son frère Salvatore. En 1774, il danse pour son père à Venise puis travaille avec Giuseppe Traffieri et G. *Canziani. Il rejoint ensuite Salvatore à Vienne en 1804 et commence à chorégraphier en 1805. À partir de 1817, il travaille à la *Scala pour les ballets de son frère et assure, après la mort de celui-ci en 1821, les reprises les plus fidèles de ses ballets. En 1836, il se produit encore à la *Fenice dans des ballets d'A. *Cortesi.

CC

Onorato VIGANO (1739-1811).

Danseur, chorégraphe et imprésario italien.

Plus versé dans les rôles grotesques que sérieux, il fait ses débuts de danseur à Rome. En 1759, il est interprète des ballets de G. *Angiolini à Vienne. Comptant parmi les plus grands chorégraphes de son temps, il est un partisan du *ballet d'action et accorde une valeur particulière à la musique de ses ballets souvent confiée à ses fils Giulio et Salvatore. Célèbre en Italie comme à l'étranger, il travaille essentiellement à Rome et à Venise où on lui confie l'ouverture de la *Fenice. Il travaille aussi à Naples et à Padoue où il présente encore ses créations en 1809.

CC

Salvatore VIGANÒ (1769-1821).

Danseur, chorégraphe et compositeur italien.

Fils d'O. Viganò et de Maria Ester Boccherini, il étudie la composition avec son oncle Luigi Boccherini, ainsi que la littérature, l'histoire et la peinture. Il fait ses débuts de danseur en 1782 à Gênes, au Teatro San Agostino, dans des ballets composés par son père pour l'opéra Giunio Bruto de Domenico Cimarosa. En 1783 et 1784, il est primo ballerino en travesti au Teatro Argentina de Rome. Il travaille pour la compagnie de son père comme danseur et compositeur jusqu'en 1789, se rendant à Madrid, où il participe aux fêtes du couronnement de Charles IV. En Espagne, il rencontre J. *Dauberval et danse pour lui à Bordeaux et Londres entre 1789 et 1791. En 1789, il épouse la danseuse espagnole Maria Medina. Il travaille ensuite à Venise, où il est assistant chorégraphe de son père malade, et présente Raoul Signore di Crechi (1791, Teatro San Samuele), dont il compose la musique, et la *Fille mal gardée (1792, d'apr. Dauberval, *Fenice). En 1793, il danse à Vienne et à partir de 1795, il se produit avec sa femme dans toute l'Europe centrale (Prague, Dresde, Berlin, Hambourg), avant de revenir à Venise en 1798 et de se séparer d'elle. Entre 1799 et 1803, il est chorégraphe pour les théâtres impériaux de *Vienne, où il présente de nombreux ballets, dont Mazilli und Orisko (1800), les Créatures de *Prométhée (1801, mus. L. van *Beethoven ; nlle vers. *Prometeo, 1813, *Scala), Die Spanier auf der Insel Christina (1802, mus. J. *Weigl), Die Zauberschwestern im Beneventer Walde (1802, mus. Franz Xaver Süssmayr ; nlle vers. Il *Noce di Benevento, 1812, Scala). De retour en 1804, il se produit à Milan (Teatro Carcano), Padoue, Venise (Fenice), Turin (*Teatro Regio). De 1811 jusqu'à sa mort, il est chorégraphe à la Scala, où il collabore avec A. *Sanquirico en 1812, puis régulièrement à partir de 1815. Il y reprend certains de ses ballets viennois et crée notamment Mirra o sia la Vendetta di Venere (1817), Otello, Dedalo et La Vestale en 1818, I *Titani (1819), Alessandro nelle Indie (1820), Jeanne d'Arc (1821). La mort interrompt la préparation de son Didone, qui sera achevé par son frère Giulio.