Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
L

David LICHINE, [Lichtenstein D., dit ] (1910-1972).

Danseur, chorégraphe et pédagogue américain d'origine russe.

Formé à Paris auprès de L. *Egorova, puis de B. *Nijinska, il débute sa carrière de danseur dans la compagnie de I. *Rubinstein (1928), rejoint celle d'A. *Pavlova (1930), puis l'Opéra *Russe à Paris (1931-1932). Devenu soliste des Ballets *Russes de Monte-Carlo en 1932, il demeure jusqu'en 1940 dans la compagnie du colonel de *Basil, où il signe ses premières chorégraphies. Émigré aux États-Unis en 1941, il règle des chorégraphies pour le *Ballet Theatre (1941-1943), où il se produit à l'occasion avec son épouse T. *Riabouchinska jusqu'en 1955. Chorégraphe invité à travers le monde (*Teatro Colón de Buenos Aires, 1947 ; B. des Champs-Élysées, 1948 ; *London Festival B., 1950-1952, 1957 ; troupe du marquis de *Cuevas, 1949 et 1956 ; Deutsche Staatsoper de *Berlin, 1962), il fonde en 1953 et dirige avec Riabouchinska le Los Angeles Ballet Theatre et son École. Il règle les danses de deux *comédies musicales données à *Broadway (1942 et 1944) et celles de quelques films hollywoodiens (dont the Unfinished Dance, MGM, 1947, avec C. *Charisse).

Danseur élancé et élégant, il aborde aussi bien les rôles de genre sérieux et noble que ceux du registre humoristique, marquant la création d'œuvres de G. *Balanchine (*Cotillon, le Bourgeois gentilhomme) et de L. *Massine (Jeux d'enfants et le Beau Danube, 1932 ; Choreartium et les *Présages, 1933). Sans posséder la culture artistique ni l'envergure de M. *Fokine (dont il termine Helen of Troy, 1942), il se révèle un chorégraphe ingénieux, habile dans les épisodes réunissant peu de personnages et les *pas de deux. Il signe une version réussie du *Fils prodigue (1938) et impose son sens de la stylisation plastique dans la Création (1948), un ballet sans musique, ainsi que dans la *Rencontre ou Œdipe et le Sphinx.

GP, NL

Autres chorégraphies. Nocturne (1933, d'après le Songe d'une nuit d'été, mus. J.-Ph. *Rameau) ; Francesca de Rimini (1937, mus. P. *Tchaïkovski) ; *Graduation Ball (1940) ; Un moulin enchanté (1949, mus. F. *Schubert) ; Symphonic Impressions (1951, mus. G. *Bizet) ; Image chorégraphique (1962, mus. S. *Prokofiev).

Irène LIDOVA (1907).

Écrivain et critique française d'origine russe.

Après des études de Lettres à la Sorbonne, elle commence à écrire des critiques de danse en 1939 dans Marianne, puis dans de nombreux périodiques français (dont les Saisons de la Danse) et étrangers (Ballet Annual, Dance News). Elle rédige également les textes des albums de photos de danseurs de son mari Serge Lido. En 1944, elle crée, au théâtre Sarah-Bernhardt, à Paris, les Soirées de la danse, qui deviennent en 1945 le Ballet des Champs-Élysées, et où elle présente la jeune danse française (R. *Petit, J. *Charrat, N. *Vyroubova, J. *Babilée, C. *Marchand, I. *Skorik, E. *Pagava, etc.). Elle est l'auteur de 17 Visages de la danse française (Art et Industrie, Paris, 1953), et Ma Vie avec la danse (Plume, Paris, 1992).

GP

Rolf LIEBERMANN (1910-1999).

Compositeur et directeur d'opéra suisse.

Après avoir suivi des études de droit à l'université de Zurich et musicales au Conservatoire privé de José Berr, il occupe diverses fonctions : ingénieur du son (Radio Zurich), intendant de l'Opéra de *Hambourg (1959-1973 et 1983-1988), administrateur général de l'Opéra de *Paris (1973-1980).

Homme éclectique et passionné de musique, il donne une impulsion nouvelle à la danse à l'Opéra de Paris en faisant entrer au répertoire la première intégrale de *la Belle au bois dormant de M. *Petipa dans la version d'Alicia *Alonso (1974) et l'acte des Ombres de la *Bayadère de R. *Noureev (1974), la version originale de l'*Après-midi d'un faune de V. *Nijinski (1976) et celle des *Noces de B. *Nijinska (1976). Onze ballets de G. *Balanchine et quatre de J. *Robbins établissent un lien permanent avec le *New York City Ballet. Il fait appel à des chorégraphes comme M. *Béjart, R. *Petit et ouvre la porte aux contemporains américains, G. *Tetley, M. *Cunningham. Il donne le titre particulier d'*étoile-chorégraphe à C. *Carlson et contribue à la naissance du *GRTOP. Liebermann innove aussi dans le domaine de l'administration du ballet : il affecte un budget propre et nomme une directrice, C. *Bessy, à l'École de danse, et crée le titre de directeur de la danse que R. *Franchetti, *maître de ballet, sera le premier à porter.

MP

Maris-Roudolphe Liepa (1936-1989).

Danseur russe d'origine lettonne.

Il fait ses études à Riga, puis à l'École de danse de *Moscou. Il danse de 1956 à 1960 au Théâtre *Stanislavski, puis jusqu'en 1984 au *Bolchoï. Danseur viril, aux poses sculpturales, aux gestes larges et expressifs, il interprète tous les grands rôles du répertoire classique, mais c'est surtout ceux qu'il crée dans les ballets de Y. *Grigorovitch qui lui valent la célébrité, en particulier celui de Crassus dans *Spartacus (1968). Il crée aussi Lionel (Jeanne d'Arc, 1957, V. *Bourmeister), Vronski (Anna Karénine, 1972, M. *Plissetskaïa), Rogojine (l'Idiot, 1980, chor. B. *Eifman, d'après Dostoïevski). Son fils Andris Liepa (né en 1962) et sa fille Ilse Liepa (née en 1963) font également une carrière de danseur.

ESou

Serge LIFAR (1905-1986).

Danseur, chorégraphe, maître de ballet et théoricien russe.

Formé par B. *Nijinska à Kiev (1921-1923), il travaille ensuite avec E. *Cecchetti et se perfectionne auprès de L. *Egorova, N. *Legat et V. *Trefilova. Il débute au sein des *Ballets russes de *Diaghilev qu'il rejoint en 1923. Devenu premier danseur de la troupe en 1925, il y crée jusqu'en 1929 les principaux rôles des ballets de L. *Massine (*Ode, le *Pas d'acier ), G. *Balanchine (*Apollon Musagète, le *Fils prodigue) et réalise sa première chorégraphie (repr. *Renard, 1929). Dès lors, il mène de front une double carrière d'interprète et de chorégraphe. Il monte les Créatures de *Prométhée à l'Opéra de *Paris (1929) à la demande de J. *Rouché, se produit dans les revues Cochran à Londres (1930) puis s'installe pour seize années à l'Opéra de Paris comme premier danseur et *maître de ballet, répondant à l'occasion aux invitations du *Ballet russe de Monte-Carlo et de l'Original *Ballet Russe (1938, 1939 et 1940). Renvoyé de l'Opéra de Paris à la Libération, il dirige le Nouveau Ballet de *Monte-Carlo (1945-1947) mais revient à l'Opéra comme maître de ballet (1947-1958) et danseur (1949-1956). Il poursuit son activité de chorégraphe à travers le monde jusqu'en 1969. Il fonde et anime avec passion l'Institut chorégraphique de l'Opéra (1947) et l'Université de la danse (1957).