Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
S

Valentine de Saint-Point, [Desglans de Cessiat-Vercell Anna-Jeanne-Valentine-Marianne, dite ] (1875-1953).

Écrivain et danseuse française.

Elle est l'auteur du Manifesto della donna futurista (1912), du Manifesto della lussuria (1913) et de la Métachorie (1913), autre manifeste précédant ses spectacles à la Comédie des Champs-Élysées. Présentées pour la dernière fois lors d'un récital à New York en 1917, ses danses « métachoriques » sont reniées par F. T. Marinetti pour leur froideur et leur statique : exécutées pieds nus, le corps couvert de voiles, selon des tracés géométriques et en se démarquant délibérément du rythme musical, elles doivent beaucoup au symbolisme.

PV

Bibliographie. G. Berghaus, « Dance and the Futurist Woman : The Work of Valentine de Saint-Point », Dance Research, vol. XI, n° 2, 1993 ; L. Satin, « Valentine de Saint-Point », Dance Research Journal, 22/1, 1990.

Camille SAINT-SAËNS (1835-1921).

Compositeur français.

Pianiste prodige, il suit les cours d'Halévy au Conservatoire. Son excellence en tant qu'organiste provoque l'admiration de F. *Liszt qui aide à la diffusion de son œuvre. Chef d'une école où G. *Fauré et A. *Messager seront ses disciples, il cherche avant tout la perfection de la forme. Son œuvre abondante qui touche tous les genres est parfois taxée d'académisme.

Il ne compose pas pour la danse, mais quelques-unes de ses œuvres connaîtront une destinée chorégraphique remarquable. Son Carnaval des animaux tout d'abord, dont est extraite la musique du célèbre solo créé par A. *Pavlova, la *Mort du cygne (1907), sera chorégraphié dans sa totalité par A. *Howard (1943), L. *Chiriaeff (1957) et F. *Blaska (1974). Son poème symphonique la Danse macabre, que danseront M. *Wigman (1920) et A. *Sakharoff (1926), servira de support en 1922 au premier film dansé synchronisé avec la musique (réal. Dudley Murphy, chor. A. *Bolm). Diverses pages seront également utilisées pour Javotte (1896, Mariquita ; 1902, P. *Guerdt ; 1909, L. *Staats) tandis que son bref Rondo capriccioso inspirera K. *Lester (1940), B. *Nijinska (1950) et S. *Lifar (1954).

NC, PLM

Alexandre Sakharoff (1886-1963).

Danseur, chorégraphe et théoricien ukrainien.

Venu étudier la peinture à Paris en 1903, il s'installe à Munich en 1908 où il collabore aux expériences de correspondances entre les arts de W. *Kandinsky. En 1910, il débute à Munich comme danseur *libre, probablement le premier de sexe masculin en Europe. À partir de 1917, il forme avec C. von *Derp (qu'il épouse en 1919) l'un des couples les plus célèbres de l'histoire de la danse. Après leur débuts à Londres en 1922, leur renommée s'étend en Europe, en Chine et au Japon. Ils émigrent en Amérique du Sud en 1940 (Sakharoff est juif), puis, de retour en Europe, ils ouvrent une école à Rome (1952).

Soliste d'une plasticité travaillée à l'extrême sans exclure pour autant la fantaisie (Golliwog's Cakewalk, Vision du Moyen Âge, Caprice de cirque, Pavane royale), splendide partenaire en duo (Danse), il est le théoricien du couple et signe deux livres : Réflexions sur la danse et la musique (1943), Esprit et art de la danse (1968). Accusés de maniérisme par A. *Levinson, ces « mimes abstraits », selon R. Lannes, créent un art subtil et raffiné, marqué par une profonde fusion avec la musique et par un idéal de spiritualité qui maintient la danse dans un champ esthétique symboliste.

PV

Bibliographie. É. Vuillermoz, Clotilde et Alexandre Sakharoff, Centrales, Lausanne, 1933 ; ouvr. coll. (dir. P. Veroli), I Sakharoff un mito della danza, Bora, Bologne, 1991.

Jorge SALAVISA (né en 1939).

Danseur, pédagogue et directeur de compagnie portugais.

Après des études de danse au Portugal, il rejoint la compagnie du marquis de *Cuevas, puis le *London Festival Ballet (1963-1972), où il côtoie L. *Massine, H. *Lander, S. *Lifar, M. *Fonteyn entre autres. Il cesse de danser en 1975 et se consacre à la pédagogie. Appelé au *Ballet Gulbenkian en 1977 comme *maître de ballet, il en prend, quelques mois plus tard, la direction artistique. Artisan du succès international de la compagnie, il est également enseignant de composition chorégraphique au Conservatoire de Lisbonne.

JMA

David SALLE (né en 1952).

Peintre américain .

Il suit les cours au California Institute of the Arts de Valencia jusqu'en 1975, puis s'installe à New York. Artiste de la nouvelle figuration, il peint des tableaux de grands formats jouant sur la superposition d'images hétérogènes, reproduites en transparence sur fond monochrome. Il combine les styles figuratif et abstrait à une échelle souvent démesurée.

Il collabore à plusieurs reprises avec K. *Armitage, réalisant pour elle des toiles de fond qui laissent libre la majeure partie de la scène et concevant les costumes qui se conjuguent avec. Caractéristiques de la culture des années 1980, ses toiles de fond représentent des objets du quotidien, sortis de leur contexte, et des corps comme projetés dans l'espace, qui sont l'équivalent pictural et métaphorique des déviations que fait subir la chorégraphe à la danse académique. Pour Go Go Ballerina (1988), Salle imagine, avec la complicité de Jeff Koons, un décor néo-pop et kitsch où les danseurs, déguisés en Arlequin, jouent avec un énorme cochon rose gonflable, aux connotations sexuelles évidentes.

PC

Autres collaborations. Armitage (Hipsters, Flipsters and Finger Poppin' Daddies, 1986 ; The Elisabethan Phrasing of the Late Albert Ayler, 1986 ; The Mollino Room, 1986 ; The Tarnished Angels, 1987 ; Duck Dances, 1988 ; Kammerdisco, 1988 ; Contempt, 1989).

Marie Sallé (v. 1707-1756).

Danseuse et chorégraphe française.

Fille d'un acrobate et directeur d'une petite troupe de comédiens ambulants, elle fait ses premiers pas en famille sur les tréteaux de la Foire à Paris, se produisant notamment sur la scène de l'Opéra-Comique à Paris en 1718. Elle paraît pour la première fois à l'*Académie royale de musique (ARM) en 1721, remplaçant à l'improviste F. *Prévost, dont elle est l'élève, dans une entrée des *Fêtes vénitiennes. Mais aucune place n'étant vacante dans la compagnie, elle retourne à la Foire, puis part danser à Londres (1725-1727). Engagée à l'ARM de Paris, elle débute en 1727 dans les Amours des dieux (mus. J. -J. *Mouret), obtenant plusieurs congés pour se produire à Londres (saisons 1730-1731, 1733-1734 et 1734-1735). Elle se retire de l'ARM en juin 1740, consentant à paraître lors de quelques représentations à la cour jusqu'en 1752.