Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
J

Ben JONSON (1572-1637).

Dramaturge, librettiste et poète anglais.

Il devient acteur après avoir servi dans l'armée aux Pays-Bas. De 1598 à 1630, il écrit des pièces comportant de nombreuses chansons pour plusieurs compagnies de théâtre londoniennes. Il demande aux meilleurs compositeurs de mettre ses vers en musique, ainsi qu'un certain nombre de ballades folkloriques. En 1603, la reine Anne, venue d'Écosse, assiste à son Entertainment at Althorpe et lui commande des livrets pour des *masques à la cour. Après The Masque of Blackness (1605), il en écrit plus de 25 jusqu'en 1631, dont 22 sont représentés à la cour. Il contribue à faire évoluer la structure du masque et de l'antimasque vers un drame symbolique complexe. Collaborant dans un premier temps avec I. *Jones, il se querelle ensuite violemment avec lui à propos des mérites comparés du livret et du décor. Dans Bartholomew Fair (1614), il caricature Jones sous les traits d'un marionnettiste ignare.

MI

Autres livrets. Hymenaei (1606) ; The Queen's Masque (1609) ; Oberon (1611) ; Love Restored (1612) ; Golden Age Restored (1615) ; Vision of Delight (1617) ; Pleasure reconcilied to Virtued (1618) ; News of the New World (1620) ; Masque of Augurs (1622).

Per JONSSON (né en 1956).

Danseur et chorégraphe suédois.

Représentant de la génération *post-moderne, il se révèle en 1983 avec Schakt [Fosse], un ballet court pour petit ensemble masculin. Son style est caractérisé par un registre de mouvement très personnel, plutôt staccato. Il signe des œuvres inventives, parfois humoristiques, données aussi bien en Suède qu'à l'étranger (Grande-Bretagne et Australie, notamment).

BH

Chorégraphies. Nimrud (1987) ; Okänd dans [Danse inconnue] (1991).

Kurt JOOSS (1901-1979).

Danseur, chorégraphe, directeur de ballet et pédagogue d'origine allemande naturalisé britannique.

Il étudie le chant et le théâtre à Stuttgart, où il rencontre R. *Laban et devient son élève. Il l'assiste dans son école à Mannheim et Hambourg, danse en même temps avec la Tanzbühne et crée ses premiers solos. De 1924 à 1926, il est maître de mouvement au théâtre de Münster et fonde la Neue Tanzbühne. Parmi ses collaborateurs, qui formeront le noyau des futurs Ballets Jooss, figurent alors le compositeur F. A. *Cohen, le décorateur H. *Heckroth, le danseur S. *Leeder et la danseuse Aino Siimola, qu'il épouse en 1929. Les premières chorégraphies de groupe de cette époque portent encore des traits *expressionnistes (Der Dämon, Die Brautfahrt, Groteske, Larven, en 1925 ; Tragödie, Kaschemme en 1926). Cofondateur de l'École Folkwang d'*Essen en 1927, il prend la direction du département de danse avec S. Leeder comme professeur principal. Un an plus tard, il crée le Folkwang Tanztheater-Studio avec ses anciens collaborateurs de Münster et ses élèves. En 1930, il est nommé *maître de ballet au théâtre d'Essen, où son groupe est promu ensemble officiel. Lors du Concours international de la danse de Paris en 1932, il obtint la médaille d'or avec la *Table verte et acquiert une reconnaissance internationale. En 1933, lorsque les nazis prennent le pouvoir, Jooss est sommé de renvoyer ses collègues juifs. Il quitte l'Allemagne avec sa compagnie, nommée entre-temps Ballets Jooss, et trouve asile à *Dartington Hall en Grande-Bretagne. Il y ouvre la Jooss-Leeder School of Dance avec Leeder en 1934 et poursuit ses tournées internationales avec les Ballets Jooss. Avec la guerre, la compagnie et l'école quittent Dartington et s'intallent à Cambridge en 1942. Deux ans après la dissolution des Ballets Jooss pour des raisons financières en 1947, Jooss rentre en Allemagne et reprend la direction du département de danse de l'École Folkwang. Il relance le Folkwang Tanztheater en 1951 puis forme le Folkwangballett quelques années plus tard avec ses élèves de dernière année. Après sa retraite en 1968, il travaille en tant que professeur invité et chorégraphe en Allemagne et à l'étranger.

Jooss compte parmi les grands réformateurs de la danse en Allemagne. Dès les années 1920, il défend une éducation systématisée de la danse *moderne, dont est alors dépourvue l'*Ausdruckstanz, basée sur la personnalité de chaque danseur. À l'École Folkwang, qui reste jusqu'aujourd'hui le seul institut de formation en danse moderne s'appuyant sur une tradition continue, il établit un programme qui ne fait pas seulement du futur danseur un « instrument bien affuté », mais qui l'aide à développer une recherche consciente sur le mouvement. Il fonde son enseignement sur les principes du mouvement mis à jour par Laban, notamment la *choreutique et l'*eukinétique. À l'inverse de ce que prônent les danseurs modernes de sa génération, Jooss introduit aussi des éléments du ballet et des danses traditionnelles dans ses cours. Cette ouverture guide autant ses activités pédagogiques qu'artistiques, qu'il ne sépare jamais totalement : ce n'est pas le danseur mais l'homme qui danse qui est au centre de sa recherche.

Son *Tanztheater, narratif, soutenu par une « dramaturgie du geste », s'inspire d'attitudes et d'actions humaines. Pour Jooss, la danse moderne est portée par ce geste qui fait la symbiose entre le mouvement extérieur et le vécu intérieur de l'être, et tout l'art du chorégraphe réside dans sa capacité à trouver le geste juste pour s'exprimer avec vérité. Il puise sa matière autant dans les mouvements naturels et *quotidiens que dans les vocabulaires codifiés de la danse et - par le biais de la stylisation, du rythme et de la dynamique -, il la transforme en danse dramatisée. Ses commandes musicales sont souvent créées en collaboration avec le compositeur et toujours conçues pour deux pianos. Il privilégie les scènes dénudées, laissant à la lumière le soin de sculpter sa danse. Jooss est l'un des premiers chorégraphes à traiter sur scène des contenus politiques (la Table verte) et des thèmes sociaux (*Pavane pour une infante défunte, 1929 ; *Grossstadt, 1932 ; *Ein Ball in Alt-Wien, 1932). Son Tanztheater est le premier à opposer un contre-modèle au ballet en Allemagne. Se détachant de l'individualisme propre à l'*Ausdruckstanz, Jooss crée des œuvres qui, grâce à leur thématique universelle, à leur forme et à leur structure de mouvement claires, sont transmissibles à d'autres interprètes.