Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
A

Baruch AGADATI [ndn. CAUSHANSKY B] (1895-1976. (suite)

GA

Autres chorégraphies. Extase yéménite (1927) ; Bacchanale juive (1927) ; Prière du matin (v. 1927) ; Hora Agadati (v. 1927).

comte Filippo San Martino d'AGLIÉ (1604-1667).

Homme politique, danseur et chorégraphe piémontais.

Descendant d'une famille illustre, il entre au service du prince cardinal Maurice de Savoie à Rome, puis passe à celui du duc Charles Emmanuel Ier à Turin en 1627. À la mort du duc en 1637, la duchesse Christine en fait son homme de confiance puis son conseiller. En 1640, en pleine guerre civile de Savoie, il est arrêté et incarcéré à Vincennes sur ordre de Richelieu. Resté fidèle à la duchesse régente, il reprend sa place au sein de la maison ducale à sa libération en 1643 et cumule alors des charges importantes, dont celle d'organisateur des cérémonies officielles.

Homme de cour accompli, il conjugue ses dons de poète, de compositeur et de chorégraphe dans la conception des fêtes (*carrousels, *mascarades, *ballets de cour) données en Savoie par la famille régnante de 1628 à 1660. Il imagine des spectacles destinés tout autant à instruire qu'à divertir, usant habilement de la mythologie comme d'une source inépuisable de métaphores interprétables à plusieurs niveaux pour flatter le souverain, célébrer sa gloire et celle des siens (Il Trionfo d'Amore, 1628 ; L'Educatione d'Achille e delle Nereide sue sorelle nell'Isola Doro, 1650). Il sait aussi donner des adaptations inattendues aux mythes pour honorer la duchesse Christine (La Fenice rinovata, 1644 ; Il Gridelino, 1652) et promouvoir opportunément sa patrie (les Montagnards, donné à Monceaux, 1631 ; Il *Dono del re dell'Alpi a Madama Reale, 1645). Au rire, il préfère l'humour mêlé d'ironie (Il *Tabacco, 1650) et nombre de ses réalisations sont louées pour leur finesse et leur esprit. Les danses qu'il règle sont souvent remarquées en raison de leur variété, de leur cachet et de l'adéquation qu'il sait trouver entre les pas ou attitudes et les personnages représentés. Proches dans leur conception des *ballets de cour donnés à la même époque en France, ses spectacles sont souvent cités en exemple par C. F. *Ménestrier.

NL

Autres chorégraphies. Il Giudicio di Paride (1635) ; Hercole et Amore (1640) ; L'Unione per la peregrina margherita reale e celeste (1660).

Esmeralda AGOGLIA (née en 1926).

Danseuse, directrice et chorégraphe argentine.

Elève de Mercedes Quintana, M. *Borowski et E. *Bulnes, elle intègre le Ballet du *Teatro Colón en 1942. En 1943, elle est choisie par le colonel de *Basil pour la création d'El Malón de Vasnia Psota avec les artistes de l'Original *Ballet Russe. En 1949, elle est nommée primera bailarina du Teatro Colón, où elle travaille avec L. *Massine, D. *Lichine, M. *Walmann, G. *Balanchine, A. *Milloss, S. *Lifar, J. *Charrat, G. *Skibine, J. *Carter et J. *Taras.

Comptant parmi les figures les plus représentatives de la seconde génération de danseurs argentins, elle assume les rôles des grands ballets romantiques ou du répertoire classique et participe à des versions intégrales du *Lac des cygnes et de la *Belle au bois dormant de Carter. Elle danse avec I. *Youskevitch dans *Apollon Musagète et reprend le rôle de T. *Toumanova dans *Phèdre (S. Lifar). Son solide registre technique et sa forte présence théatrale lui permettent de triompher principalement dans Rojo y negro (L. Massine), *Joan de Zarissa (T. *Gsovska) et *Pillar of Fire (A. *Tudor). Elle se consacre ensuite à la transmission du répertoire en Amérique du Sud et aux États-Unis, notamment pour la reprise de Concierto de Mozart de Balanchine à Tulsa (Oklahoma), elle dirige pendant de longues périodes le Ballet du Teatro Argentino de La Plata et codirige le Ballet du Teatro Colón.

AF

Alvin AILEY (1931-1989).

Danseur, chorégraphe et directeur de compagnie américain.

Né au Texas, il grandit à Los Angeles et commence à se former en danse auprès de L. *Horton en 1949. Il intègre la compagnie de celui-ci et crée sa première chorégraphie en 1953 (Work Songs ). En 1954, il part pour New York et se produit sur *Broadway tout en suivant les cours de H. *Holm, A. *Sokolow et C. *Weidman. En 1958, il fonde l'Alvin Ailey American Dance Theater, appelé à prendre une place unique parmi les compagnies de répertoire américaines. Créant *Blues Suite lors de son premier concert, la compagnie, principalement constituée de danseurs afro-américains, rencontre d'emblée le succès. Dans un premier temps Ailey danse dans ses propres chorégraphies ; son interprétation du solo Hermit Songs (1961) recueille autant de louanges pour la chorégraphie que pour la théâtralité et la sensualité qui se dégagent de lui. Sa puissance et son charisme en font un partenaire redoutable notamment pour C. de *Lavallade dans Roots of the Blues (1961). S'intéressant surtout à la chorégraphie, il cessera de danser en 1965.

Dès 1960, il signe avec *Revelations son chef-d'œuvre incontestable qui fait de lui le meilleur porte-parole de l'expérience afro-américaine. Soucieux de soutenir sa communauté, il ne tarde pas à inviter d'autres chorégraphes afro-américains, dont T. *Beatty et D. *MacKayle, à créer des pièces pour la compagnie ; celle-ci devient un véritable vivier de danseurs et de jeunes chorégraphes, de même que l'école (fondée en 19XX), dont la politique vise à faciliter l'accès à la danse pour des élèves originaires de communautés ethniques variées. Son propre travail, cependant, dépasse l'étiquette " ethnique " : Ailey se penche sur les fondements de l'humanité et sur la possibilité de dialoguer par la danse. Il compose de magnifique solos pour ses principaux danseurs, tels J. *Jamison (*Cry, 1971) et D. *Williams (Love Songs, 1972). Faisant preuve d'une grande aisance dans le mélange des genres, il crée également des ballets sur *pointes, des pièces de danse moderne et des mises en scène de théâtre. Il est aussi un des premiers chorégraphes modernes à réussir à s'exprimer dans le ballet classique : il crée des œuvres pour le *Joffrey Ballet (*Feast of Ashes, 1962), le *Harkness Ballet (*Ariadne, 1965) et l'*American Ballet Theatre (The *River, 1970), chacune combinant un phrasé rythmique du mouvement à une théâtralité éclatante.