Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
P

Francis POULENC (1899-1963).

Compositeur français.

Il commence le piano dès cinq ans puis devient l'élève de Ricardo Viñes, l'interprète de prédilection de M. de *Falla et M. *Ravel. À dix-huit ans, il écrit une Rhapsodie nègre qui surprend le milieu musical et lui vaut d'être enrôlé par É. *Satie dans le groupe des Six. Là, il se montre original dans sa contribution au développement de l'esthétique néoclassique, détourné du wagnérisme par Charles Kœchlin avec qui il travaille la composition. Son travail revêt deux formes éloignées des courants de l'avant-garde de l'époque et que résume bien la formule célèbre de C. Rostand : « Il y a chez lui du moine et du voyou. » L'une se caractérise par une ironie très française, l'autre par une certaine gravité teintée de mysticisme (Dialogues des carmélites, 1957). Plus proche de la mélodie que de la grande forme, il laisse de très nombreuses œuvres chorales et plusieurs concertos pour clavier qui lui ont assuré une certaine renommée.

Outre sa contribution aux *Mariés de la tour Eiffel (1921), Poulenc est l'auteur de trois ballets qui sont autant de succès. S. *Diaghilev, qui voulait retrouver l'esprit des *Sylphides en les modernisant, lui commande tout d'abord les *Biches (1924, B. *Nijinska) : dans des décors et des costumes de M. *Laurencin, Poulenc donne une version contemporaine des fêtes galantes du xviiie s. en mélangeant les genres (rag, jazz, mazurka) et les emprunts (W. A. *Mozart, P. *Tchaïkovski, I. *Stravinski). Dans le second, Aubade, chorégraphié par Nijinska pour une soirée privée en 1929, Poulenc recrée le style galant des opéras-ballets de J.-Ph. *Rameau ; le compositeur désapprouvera toutefois la première publique en 1930, réglée par G. *Balanchine dans un esprit plus érotique. Il adoptera un ton plus sombre dans son troisième et dernier ballet, les *Animaux modèles (1942, S. *Lifar ; 1951, Y. *Georgi). Les chorégraphes trouveront également leur inspiration dans nombre de ses œuvres, de la forme orchestrale ou pour instrument soliste à la forme chorale.

NC

Sur la musique de Poulenc. J. *Börlin (Sculpture nègre, 1920) ; R. *Page (Garçonnette, 1930) ; H. *Lander (Football, 1933) ; W. *Gore (Paris Soir, 1939) ; G. *Palucca (Villageoises, 1946) ; J. *Charrat (la légende de la Licorne, 1946) ; J. *Cranko (Secrets, 1958) ; E. *Walter (Concert champêtre, 1965) ; J. *Neumeier (Aria da capo, 1966) ; G. *Tetley (Voluntaries, 1973) ; K. *MacMillan (Gloria, 1980) ; P. *Martins (Poulenc sonata, 1985) ; H. *Tomasson (Concerto in D, 1986) ; Mark *Morris (Sonate pour clarinette et piano, 1987) ; R. *Petit (Chéri, 1996).

Eleanor POWELL (1913-1982).

Danseuse américaine.

Formée à la danse *classique, elle débute à *Broadway en 1928 dans The Optimists et commence les *claquettes à New York avec John Boyle et J. *Donohue. Poursuivant sa carrière sur Broadway (Follow Through, 1929 ; Hot Cha! 1932, George White's Scandals, 1933), elle danse simultanément avec les grands orchestres de New York, et sera la première claquettiste à se produire au Carnegie Hall en 1930. Introduite au cinéma par le film George White's Scandals of 1935, elle signe avec la *MGM un contrat de sept ans qui la propulse au rang de star. Elle se retire en 1945, réapparaissant épisodiquement à la télévision (1953) et dans les night-clubs de toute l'Amérique pour ses adieux dansés (1961).

Créant ses propres *routines dans un style très personnel qu'elle qualifie de " masculin ", elle est réputée pour sa force, sa vitesse et sa grande technicité (tours glissés très rapides, cambrés profonds et très souples). À l'instar de F. *Astaire et G. *Kelly, sa recherche permanente d'innovation l'amène à utiliser des « partenaires » aussi variés que particuliers (un chien, une cape de matador). Si elle n'expérimente pas, comme eux, les effets spéciaux et les mouvements de caméra, elle insiste également pour être prise en pied avec le moins de coupures possibles. Surnommée en 1929 " la plus grande claquettiste du monde ", elle est considérée comme la réplique féminine de Astaire.

ESe

Filmographie. Broadway Melody of 1936 (1935, réal. XXXXX, chor. D. *Gould) ; Born to Dance (1936, réal. XXXXX, chor. Gould) ; Rosalie (1937, réal. XXXXX, chor. Gould) ; *Broadway Melody of 1940 (1940, avec F. *Astaire et B. *Connolly) ; *Lady Be Good (1941, avec les Berry Bros., B. *Berkeley) ; I Dood It (1943, réal. XXXXX) ; Thousands Cheer (1943, réal. XXXXX, avec G. *Kelly) ; That's Entertainment! (1974, réal. XXXXX, 1976, 1993).
Bibliographie. M. Schultz, Eleanor Powell : a Bio-Bibliography, Greenwood, Westport, 1995.

Michael PRAETORIUS (1571-1621).

Compositeur, théoricien de musique et organiste allemand.

Parallèlement à sa formation musicale, il suit des cours de théologie et de philosophie, avant d'être engagé comme maître de chapelle à la cour du duc de Brunswick-Lüneburg. Son œuvre comprend surtout des pièces de musique sacrée. Mais celle à laquelle il doit aujourd'hui sa notoriété est sans conteste Terpsichore (v. 1612), un recueil de trois cent douze danses. Composées par des danseurs français, elles sont arrangées par Praetorius pour quatre ou cinq instruments, sur demande d'Antoine Emeraud, maître à danser du duc. Les airs à danser français les plus connus de l'époque figurent à côté des airs espagnols, italiens et anglais. On y trouve aussi de nombreuses « suites » et « ballets » probablement chorégraphiés pour la cour. Par sa richesse, l'ouvrage constitue une source inestimable pour l'étude de la musique à danser de la fin du XVIe et du tout début du XVIIe siècle.

MI

Prague (Ballet de chambre de).

Compagnie tchèque fondée en 1975.

Après le succès obtenu par le Balet Praha (1965-1970), qu'il animait avec L. *Ogoun, P. *Šmok lance cette nouvelle compagnie afin de développer ses idées chorégraphiques. De ce modeste groupe non subventionné (quatre danseurs au départ), il fait très vite une des compagnies contemporaines les plus en vue, tournant souvent à l'étranger et produisant des ballets créés pour la plupart sur des musiques tchèques. D'abord constitué d'œuvres de Šmok, le répertoire s'élargit bientôt, assumant les premières en Tchécoslovaquie de ballets signés J. Kylián, G. *Bohner, R. North, Pieter de Ruiter, et accueillant des chorégraphes tchèques tels P. *Zuska et L. *Vaculík. Ce dernier prend la direction de la compagnie en 1998.

HK