Dictionnaire de la danse 1999Éd. 1999
G

Théophile GAUTIER (1811-1872) . (suite)

SJM

Bibliographie. T. Gautier, Histoire de l'art dramatique en France depuis vingt-cinq ans, Hetzel, Paris, 1858-1859. - E. Binney, les Ballets de Théophile Gautier, Nizet, Paris, 1965.

George GE (ou GUÉ), [GRÖNFELDT G. ] (1893-1962).

Danseur et chorégraphe finlandais.

Il étudie avec N. *Legat à Saint-Pétersbourg, sa ville natale. Lors de la création de l'opéra d'Helsinki, il est engagé comme danseur principal et maître de ballet (1921-1935). Dès 1922, il y monte le *Lac des cygnes, signant ainsi la première version intégrale de ce ballet donnée hors de Russie. Il est également l'auteur en 1931 du premier grand ballet finlandais sur une musique d'Erkki Melartin : Siminen helmi [la Perle bleue]. Engagé comme danseur et répétiteur aux *Ballets russes de Monte-Carlo en 1935, puis dans la compagnie de R. *Blum après la scission de la compagnie, il est aussi chorégraphe à Paris aux Folies Bergères et au Théâtre Mogador. Chorégraphe résident au *Ballet royal suédois (1939-1945), il travaille ensuite comme maître de ballet au Théâtre du Chatelet (Paris) avant de retourner à Helsinki comme directeur du Ballet national de *Finlande (1953-1962).

Le goût du cabaret et de l'opérette qui marque son oeuvre, surtout en Suède pendant la période d'Occupation (Hollywood Rythm, 1944 ; Lualaba, 1944), masque un peu son réel talent attesté notamment par le ballet classique abstrait Concerto (1940), son oeuvre majeure, ou sa reprise de l'Épreuve d'amour de M. *Fokine en 1942.

BH

Cesc GELABERT (né en 1953).

Danseur et chorégraphe espagnol.

De 1971 à 1976, il mène de front des études d'architecture et une activité de danse, au sein du groupe d'Anna Maleras, puis en collaboration avec des artistes musiciens ou plasticiens (Frederic Amat). De 1978 à 1980, il séjourne à New York et y rencontre le compositeur catalan d'avant-garde Carles Santos. De retour en Catalogne, au début des années 1980, il se lie avec Lydia Azzopardi, danseuse contemporaine britannique. Ensemble, ils vont contribuer à la naissance de la *nouvelle danse catalane : ils créent leur compagnie (1986), ouvrent à Barcelone l'un des tout premiers studios de danse contemporaine (La Fabrica), et cosignent des pièces enflammées, qui revisitent certains pans de l'imaginaire espagnol : le románico médiéval dans Desfigurat (19XX), les Passions religieuses dans Requiem (19XX), la tauromachie dans Belmonte (19XX) avec un vigoureux lyrisme expressif. Au milieu des années 1990, il s'expatrie à Berlin, où il procède notamment à une reprise de solos du danseur et chorégraphe G. *Bohner.

JMA

Eva von Gencsy (née en 1924).

Pédagogue et chorégraphe canadienne d'origine hongroise.

Formée à l'Académie de ballet Troyanoff de Budapest, elle est soliste du *Royal Winnipeg Ballet (1948-1953), des Ballets *Chiriaeff (1954-1957) et des *Grands Ballets canadiens (1957-1959). Elle découvre la danse *jazz à New York en 1963, où elle étudie principalement avec E.-L. *Luigi. À Montréal, elle danse à la télévision, où elle signe ses premières œuvres. En 1972, elle fonde et dirige, avec Geneviève Salbaing et Eddy Toussaint, les Ballets jazz de *Montréal, compagnie qu'elle quitte en 1979 pour se vouer à l'enseignement comme professeur et chorégraphe invité d'écoles et compagnies internationales. Ses chorégraphies et sa méthode d'enseignement allient la discipline classique à la liberté individualisée du jazz. Elle devient le mentor de la jeune génération des années 1970, et contribue à la popularité de ce style, aujourd'hui encore très grande à Montréal : Louise Lapierre, André Lucas et Sylvie Normandin comptent parmi ses disciples et enseignent le jazz avec le même engouement. Jérémie (1971, Ballets jazz de Montréal), sur un argument de Marcel Dubé et une musique originale de Lee Gagnon, est un rare exemple de pièce narrative parmi ses œuvres généralement d'inspiration purement musicale, telle Jazz Sonata (1975), sur une composition du jazzman Trevor Payne.

IVT

Dame Adeline GENÉE, [ndn. JENSEN Anina ] (1878-1970).

Danseuse britannique d'origine danoise.

Elle se forme auprès de son oncle, Alexander Genée, maître de ballet à Aix-la-Chapelle, dont elle prend le nom. À dix ans, elle fait ses débuts à Christiania (actuelle Oslo). Elle intègre les compagnies des théâtres de Stettin (1893) et Berlin (1895) lorsque A. Genée devient maître de ballet dans ces villes. Elle débute comme soliste à Munich (1896), interprétant pour la première fois le rôle qui lui vaudra la célébrité : Swanilda (*Coppélia, Alexandre Genée), personnage dont elle rend toute la vivacité et la fantaisie. En 1897, elle part pour Londres avec un contrat de six semaines, qui se prolongera plus de dix ans. Après ses débuts dans Monte Cristo (K. *Lanner), elle règne sur l'*Empire Theatre, où on la compare à M. *Taglioni. En 1906, elle triomphe dans *Cendrillon (Fred Farren), où elle chorégraphie ses propres danses, avant de faire connaître le Coppélia de son oncle. En 1908, elle commence à Philadelphie une longue série de tournées américaines et, à partir de 1911, elle se produit au Coliseum et à l'*Alhambra Theatre de Londres, ainsi qu'à Copenhague avec H. *Beck, tournant aussi en Australie et en Nouvelle-Zélande. Elle quitte la scène en 1917.

Danseuse pleine de charme et d'une grande légèreté, personnalité très respectée pour sa contribution au développement de l'art de la danse, elle est présidente de la London Association of Operatic Dancing (future Royal Academy of Dancing) de 1920 à 1924, et crée en 1931 l'Adeline Genée Gold Medal, la plus haute distinction attribuée par cette institution. Elle est aussi membre fondatrice de la *Camargo Society. Anoblie en 1950, elle reçoit en outre diverses distinctions danoises.

CH

Bibliographie. I. Guest, Adeline Genée. A Lifetime of Ballet under Six Reigns, A & C. Black, Londres, 1958.

Jean Genet (1910-1986).

Écrivain et auteur dramatique français.

Découvert par J. *Cocteau, qui fait publier son premier roman, Notre-Dame-des-fleurs (1944), et rendu mondialement célèbre par l'ouvrage de Jean-Paul Sartre Saint-Genet comédien et martyr (1952), il délaisse peu à peu une écriture poétique et romanesque pétrie d'érotisme sur fond d'homosexualité pour s'engager, à partir de 1954, dans l'écriture et la théorie dramaturgique. Il prône un théâtre de la représentation rituelle où le corps se met en jeu dans ses travestissements, à l'intérieur de strictes contraintes gestuelles et textuelles, où le jeu théâtral se démasque comme jeu dans un cérémonial de mouvements, de masques et de personnages quasi chorégraphiés, dans un double jeu des apparences, inversant, reflétant ou trahissant le réel. Théâtre en miroir où le corps de l'autre trahit au double sens du terme l'image que se projette d'eux le spectateur : le Noir des Nègres, l'Algérien des Éventails, les domestiques des Bonnes. Théâtre du travestissement du corps où la cruauté et le cocasse, la danse et le carnaval sont les éléments nécessaires à un dialogue métaphysique entre la fête et la mort, l'excès et le vide. Si la danse est convoquée dans le théâtre de Genet, il écrit aussi la dramaturgie d'un ballet chorégraphié par J. *Charrat sur une musique de D. *Milhaud et dansé par R. *Petit : 'Adame Miroir (1948 ; autres vers. 1964, G. *Furtwängler ; 1990, P. *Koss), où l'Amour et la Mort jouent le jeu cruel du double et de la trahison du reflet. T. *Hijikata, qui adaptera Notre-Dame-des-fleurs (1960), et plus largement, les danseurs *butô feront de Genet une de leurs figures de référence, et l'esprit de son théâtre inspirera par ailleurs certains chorégraphes : les Bonnes (1957, H. * Ross, mus. Darius Milhaud ; 1968, Manfred Taubert, mus. B. *Bartók), les Nègres (1961, T. *Beatty ; 1988, E. *Wolliaston).

AFo