Dictionnaire mondial des Films 2005Éd. 2005
P

Pétain

Film historique de Jean Marbœuf, avec Jacques Dufilho (Pétain), Jean Yanne (Laval), Jean-Claude Dreyfus (Dumoulin), Jean-Pierre Cassel (Hans Roberto), Denis Manuel (Reynaud), Julie Marbœuf (Colette), Clovis Cornillac (François).

Scénario : Jean Marbœuf, Jean-Pierre Marchand, Alain Riou
Photographie : Dominique Bouilleret
Décor : Jérôme Clément
Musique : Georges Garvarentz
Montage : Anne-France Lebrun
Pays : France
Date de sortie : 1992
Technique : couleurs
Durée : 2 h 13

Résumé
Invasion allemande, soldats français déchiquetés par les schrapnell, exode éperdu des Français vers le Sud sous le mitraillage des Messerschmitt… dès les premières images, le décor est planté. Puis viennent les pleins pouvoirs accordés par l'Assemblée du Front Populaire au vieux maréchal (84 ans) encore auréolé de la gloire de Verdun. Commence alors l'étonnant compagnonnage-affrontement entre les deux hommes qui vont gérer la faillite de la France : Pétain et Laval.

Commentaire
Pour les auteurs du film il n'y a pas de doute sur le verdict final : Pétain et Laval se sont lourdement trompés et rien n'est passé sous silence des aspects les plus honteux du régime de Vichy : épuration des juifs et des francs-maçons, discrimination raciale, rafle du Vél d'Hiv, collaboration avec l'occupant. Cette volonté d'être complet est ce qui fait la force du film sur le plan historique mais l'affaiblit un peu sur le plan cinématographique : séquences trop courtes, style heurté, personnages esquissés à grands traits. Le film trouve son rythme quand se noue le lien ambigu entre Pétain et Laval. En présentant des portraits nuancés de Pétain et surtout de Laval, les auteurs du film nous font pénétrer plus avant dans la psychologie des deux hommes qui ont probablement cru servir leur pays. Cela n'amène pas le spectateur à en conclure que tout le monde avait raison et, à la fin de ce film historiquement crédible et psychologiquement vraisemblable, c'est avec soulagement que l'on voit danser la bannière étoilée derrière les dunes de Normandie, annonce de la fin de la cour mérovingienne de Vichy.

Peter et Elliott le dragon

Pete's Dragon

Comédie musicale de Don Chaffey, avec Helen Reddy, Sean Marshall, Jim Dale.

Pays : États-Unis
Date de sortie : 1977
Technique : couleurs
Durée : 1 h 45

Résumé
Un orphelin martyrisé par sa famille adoptive est protégé par un dragon vert bienveillant. Un agréable mélange d'animation et de comédiens en chair et en os.

Peter et Tillie

Pete n'Tillie

Drame de Martin Ritt, d'après le roman de Peter De Vries Witch's Milk, avec Walter Matthau, Carol Burnett, Geraldine Page, René Auberjonois.

Pays : États-Unis
Date de sortie : 1972
Technique : couleurs
Durée : 1 h 40

Résumé
Un homme et une femme d'âge mûr se rencontrent, s'épousent, ont un enfant. L'enfant meurt, le couple vacille et s'affronte.

Peter Gunn détective spécial

Gunn

Film policier de Blake Edwards, avec Craig Stevens, Laura Devon, Asner Edward.

Pays : États-Unis
Date de sortie : 1967
Technique : couleurs
Durée : 1 h 35

Résumé
Un détective privé enquête sur la mort d'un gangster qui lui avait autrefois sauvé la vie. Inspiré de la célèbre série T.V.

Peter Ibbetson

Peter Ibbetson

Drame romantique de Henry Hathaway, avec Gary Cooper (Peter Ibbetson), Ann Harding (Mary, duchesse de Towers), John Halliday (le duc de Towers), Ida Lupino (Agnes).

Scénario : Vincent Lawrence, Waldemar Young, Constance Collier, d'après George Du Maurier
Photographie : Charles Lang
Décor : Hans Dreier, Robert Usher
Musique : Ernst Toch
Montage : Stuart Heisler
Production : Paramount
Pays : États-Unis
Date de sortie : 1935
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 28

Résumé
Camarades d'enfance, à Paris, Mary et Peter sont séparés lorsque la mère du petit garçon meurt. Ils se retrouvent, adultes, en Angleterre. Mary est devenue duchesse de Towers ; Peter, architecte, a été engagé par le duc. Entre les deux personnages, rapprochés par les souvenirs d'enfance, l'amour naît et suscite la jalousie du mari. Peter, en état de légitime défense, le tue. Il est condamné à la réclusion perpétuelle, mais partage avec Mary le même rêve télépathique qui permet aux amants de se rejoindre, défiant la séparation dans l'espace, le passage du temps et jusqu'à la mort.

Commentaire

La vie transfigurée
Peter Ibbetson doit son statut mythique à l'admiration des surréalistes. Cet enthousiasme est parfaitement justifié tant par l'argument du récit que par la magie propre du cinéma. Le thème de l'amour fou est présent dès le roman de Du Maurier, un amour sublimé, jamais consommé, qui remonte à l'enfance et se joue des barrières du temps et de l'espace. Proche du fantastique, le procédé de la télépathie est commun à Peter Ibbetson et plusieurs autres « drames romantiques », notamment l'Heure suprême de Borzage. À ce motif se rattache le personnage de l'aveugle qui « voit » la couleur des vagues dans une marine de Turner. Profondément romantique, en effet, est l'idée que l'esprit (ou plutôt l'âme) a autorité sur la matière. Le voyage dans le temps ou le télescopage de l'espace ne dépendent pas de techniques compliquées : ils sont un acte de foi. Loin de l'anarchie créatrice d'un Vigo, Peter Ibbetson appartient à la lignée académique dans laquelle s'inscriront aussi le Portrait de Jennie et Pandora. Les conventions du récit littéraire, telle la division en chapitres, sont perpétuées. La retenue du style met en valeur, par un effet de contrepoint, certains moments privilégiés. C'est ainsi que le premier « chapitre » se conclut par un long travelling arrière qui, combinant l'ornement rhétorique et le point de vue subjectif, rend la séparation des enfants vertigineusement « réelle » dans l'espace de la fiction. De même les séquences rêvées acquièrent-elles une force spécifique grâce à la nature même – à la fois concrète et fugitive – de l'image cinématographique. Si elles constituent un rêve à l'intérieur d'un rêve (celui de la projection du film dans une salle obscure), cette mise en abîme, loin d'en souligner le caractère précaire, leur confère un « être-là » équivalent. Il est juste, cependant, de préciser que si Gary Cooper est touchant dans son rôle d'architecte victorien, Ann Harding a quelque chose de pincé face à la vitalité cockney qu'incarne Ida Lupino.