Dictionnaire mondial des Films 2005Éd. 2005
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Cabaret

Cabaret

Comédie musicale de Bob Fosse, avec Liza Minnelli (Sally Bowles), Michael York (Brian Roberts), Helmut Griem (Max), Joel Grey (le meneur de jeu), Marisa Berenson (Natalia), Fritz Wepper (Fritz).

Scénario : Jay Presson Allen, d'après la comédie musicale de John Van Druten inspirée du roman de Christopher Isherwood Adieu Berlin
Photographie : Geoffrey Unsworth
Décor : Jay Allen
Musique : Ralph Burns
Chansons : John Kander, Fred Ebb
Montage : David Bretherton
Pays : États-Unis
Date de sortie : 1972
Technique : couleurs
Durée : 2 h 08
Prix : Oscars (1972) : 8 dont meilleur metteur en scène, meilleure photo et meilleure actrice (Minnelli)

Résumé

Dans le Berlin des années 1930, Sally Bowles est chanteuse au Kit Kat Club. Elle fait la connaissance de Brian, un Anglais. Le couple essaie en vain de se protéger du monde extérieur, symbolisé par un aristocrate bisexuel. Restée seule, Sally se retranche dans le cabaret désormais envahi par les uniformes à croix gammée.

Commentaire

Ce film aux huit Oscars réalisé par le chorégraphe Bob Fosse ne mêle jamais musique et Histoire. Ce sont les numéros du Kit Kat Club qui commentent satiriquement la montée du nazisme, l'antisémitisme, l'homosexualité ou le triolisme. Cabaret offre son meilleur rôle à Liza Minnelli. Elle s'inspire de Louise Brooks, Marlene Dietrich et Judy Garland, sa mère, pour composer l'extravagante Sally aux ongles verts qui s'exclame sans cesse « Divine décadence ! ». Jolie formule pour un nouveau genre de musical.

le Cabaret des étoiles

Stage Door Canteen

Film musical à grand spectacle de Frank Borzage, avec Katharine Hepburn, Tallulah Bankhead, Johnny Weissmuller, Merle Oberon, George Raft, Paul Muni, Xavier Cugat et son orchestre.

Pays : États-Unis
Date de sortie : 1943
Technique : noir et blanc
Durée : 2 h 12

Résumé
Film de propagande destiné à distraire les G.I.'s. Count Basie, Benny Goodman, Xavier Cugat et leurs rythmes accompagnent l'ensemble.

Cabascabo

Cabascabo

Comédie dramatique d'Oumarou Ganda, avec Oumarou Ganda.

Pays : Niger
Date de sortie : 1968
Technique : noir et blanc
Durée : 45 min

Résumé
Les péripéties d'un ancien tirailleur d'Indochine de retour dans son village natal.

le Cabinet des figures de cire

Das Wachsfigurenkabinett

Film fantastique de Paul Leni, avec William Dieterle (le poète), Emil Jannings (Haroun al-Rachid), Conrad Veidt (Ivan le Terrible), Werner Krauss (Jack l'Éventreur).

Scénario : Henrik Galeen
Photographie : Helmar Lerski
Décor : P. Leni, Ernst Stern
Pays : Allemagne
Date de sortie : 1924
Technique : noir et blanc
Durée : 2 140 m (environ 1 h 19)

Résumé
Un jeune poète visite un musée de cire dans une fête foraine. Il écrit les aventures imaginaires des trois figures qui l'ont frappé : Haroun al-Rachid, Ivan le Terrible et Jack l'Éventreur. Mais il s'endort en écrivant la troisième histoire et fait un cauchemar.

Commentaire
Chaque épisode possède un style propre. Celui consacré à Ivan le Terrible, avec son espace paradoxal, écrasant et étroit, a de façon évidente influencé Eisenstein pour son film du même nom, tandis que l'épisode oriental avec ses labyrinthiques escaliers déliquescents et ses molles coupoles évoque des peintures ultérieures de Dali. L'histoire de Jack l'Éventreur est la plus conforme à l'esprit expressionniste avec ses nombreuses surimpressions, ses angles aigus et son montage haletant. Le film marque l'aboutissement des recherches formelles de l'expressionnisme, et sa fluidité pleine de formes et d'idées étonnantes tranche avec la sèche abstraction du Cabinet du Docteur Caligari. Mais c'est aussi une œuvre déjà maniériste qui systématise des procédés devenus conventionnels dans le cinéma allemand.

le Cabinet du docteur Caligari

Das Kabinett des Doktor Caligary

Film fantastique de Robert Wiene, avec Werner Krauss (Dr Caligari), Conrad Veidt (Cesare), Friedrich Feher (Franz), Lil Dagover (Jane), Hans H. von Twardowski, Rudolf Lettinger.

Scénario : Carl Mayer, Hans Janowitz
Photographie : Willy Hameister
Décor : Hermann Warm, Walter Röhrig, Walter Reinmann
Costumes : Walter Reinmann
Musique : Peter Schirman (version 1932)
Production : Erich Pommer (Decla)
Pays : Allemagne
Date de sortie : 1920
Technique : noir et blanc
Durée : 1 420 m (environ 1 h 18)

Résumé

Franz raconte son histoire. Dans une petite ville au nord de l'Allemagne, lui et son ami Alan se rendent à la foire. Le secrétaire de mairie refuse de louer une baraque foraine au Dr Caligari. Le lendemain, on le retrouve assassiné.

   Franz et Alan assistent au spectacle du Dr Caligari qui présente Cesare, son somnambule. Cesare prédit à Alan qu'il mourra avant l'aube et, effectivement, son cadavre est découvert quelques heures plus tard. Franz suspecte Caligari et demande à un médecin, le père de Jane, sa fiancée, d'examiner le somnambule. Sans résultat. Franz ne s'aperçoit pas que Caligari a remplacé Cesare, dans son cercueil de foire, par un mannequin. Caligari envoie Cesare tuer Jane, mais il ne fait que l'enlever, et va mourir d'épuisement après une longue poursuite. Caligari parvient à s'échapper ; Franz le retrouve dans un asile dont il est le directeur. Dans la chambre de celui-ci, on découvre un livre du XVIIIe siècle sur un forain italien, Caligari. Le directeur est enfermé.

   Ayant terminé son récit, Franz regagne l'asile dont il est pensionnaire avec Jane et Cesare. Il se jette sur le directeur : celui-ci comprend que Franz le prend pour Caligari et promet de le guérir de sa folie.

Commentaire

L'expression idéale d'une certaine Allemagne

Dans l'Écran démoniaque, Lotte H. Eisner écrit : « Le penchant aux contrastes violents, que la littérature a transposé en formules taillées à coups de hache, de même que la nostalgie du clair-obscur et des ombres, nostalgie innée chez les Allemands, ont évidemment trouvé dans l'art cinématographique un mode d'expression idéal. Les visions nourries par un état d'âme vague et troublé ne pouvaient trouver un mode d'évocation plus adéquat, à la fois concret et irréel ». Les décors peints sur toile du Cabinet du Dr Caligari, en perspectives faussées, déformées à l'excès, où dominent angles, cubes, lignes obliques s'entrecoupant, contribuent, tout autant que l'interprétation, stylisée, concentrée, abstraite et toujours d'une extrême intensité, à donner au film son atmosphère oppressante, trouble, qui inquiète et terrorise le spectateur.

   Caligari est un film expressionniste, le modèle du courant expressionniste allemand. Par la forme, incontestablement. Mais les thèmes du destin, de la folie, de la mort, de l'oppression sociale le rattachent à la tradition romantique allemande. Comme l'affirme Siegfried Kracauer dans De Caligari à Hitler, il est (comme de nombreux films de cette époque) le reflet direct de la mentalité populaire – de cette période de dépression de la république de Weimar – et annonce la prise de pouvoir par les nazis.

   Robert Wiene a signé avec Caligari son seul film important. Mais il s'agit bien d'un chef d'œuvre de l'art expressionniste, autant que d'une certaine forme cinématographique, qui a influencé de nombreux films d'épouvante allemands, mais aussi, quelques années plus tard, hollywoodiens.