Dictionnaire mondial des Films 2005Éd. 2005
V

Voyage à Tokyo

Tōkyō monogatari

Chronique familiale de Yasujiro Ozu, avec Chishu Ryu (Shukichi, le père), Chiyeko Higashiyama (Tomi, la mère), Setsuko Hara (Noriko, leur bru, veuve), Haruko Sugimura (Shige, leur fille, coiffeuse), So Yamamura (Koichi, leur fils, médecin), Kuniko Miyake (son épouse), Kyoko Kagawa (Kyoko, la fille cadette).

Scénario : Yasujiro Ozu, Kogo Noda
Photographie : Yushun Atsuda
Décor : Tatsuo Hamada
Musique : Saito Kojun
Montage : Hamamura Yoshiyasu
Production : Shōchiku
Pays : Japon
Date de sortie : 1953
Technique : noir et blanc
Durée : 2 h 20

Résumé
Un couple de provinciaux fait son premier voyage à Tokyo. Chez leur fils médecin, ils ne tardent pas à se sentir importuns. Quant à leur fille, revêche et cupide, elle les trouve gênants, et les confie aux soins de Noriko, leur bru, qui leur fait visiter la ville. Puis le frère et la sœur envoient leurs parents aux bains d'Atami, fort peu de leur âge, où la vieille dame a un malaise. Les voilà livrés à eux-mêmes pour une dernière nuit à Tokyo ! Le père la passe à boire avec des amis, tandis que la mère dort chez Noriko. Au retour, elle a une nouvelle attaque, dans le train. Après un bref séjour à Osaka, chez son fils cadet, elle meurt chez elle à Onomichi. La famille accourt, mais s'empresse de repartir, à l'exception de Noriko qui écoute le vieil homme et apaise Kyoko, la plus jeune des filles, avant de regagner la capitale.

Commentaire

Une beauté simple
Pince-sans-rire, Ozu voyait là « le plus mélodramatique » de ses films. Certes, la mort de la mère constitue une péripétie aléatoire, à laquelle s'associe un renversement du point de vue narratif, celui des enfants dominant désormais celui des parents, et le contraste est vif entre l'égoïsme de Shige et le dévouement de Noriko. Mais le dialogue use d'euphémisme ; la photo, grise, sacrifie le réalisme de l'espace à l'observation des personnes. La caméra demeure immobile, sauf en deux occasions : pour la visite de la ville, le paysage défile derrière les vitres de l'autocar ; lors de l'errance des deux vieillards revenus d'Atami, deux travellings se répondent, à gauche, puis à droite.

   Cet art rigoureux met en relief les gestes : défaillance de Tomi, grâce des ménagères, altruisme de Noriko et Kyoko, qui sont les seules à éventer autrui. Tournés vers la caméra, les regards recèlent l'émotion ; refusés obstinément, souvent pour se diriger vers la gauche, ils suggèrent le vague de la mélancolie. Tout est filmé avec une exemplaire patience : on parlera avec Robin Wood de la « beauté de l'accentuation » et avec Hubert Niogret de « la constance du système » stylistique.

   De la sérénité naît le pathétique : humour et gentillesse des parents, face à tant de refus ; humilité devant l'inévitable ; calme approche de la mort. De nouvelles familles défont la famille. Cela n'empêche pas la profondeur du sentiment, entre Tomi et Noriko par exemple, les deux seuls personnages qui aient un contact physique.

   Présenté au Festival d'art du Japon, Voyage à Tokyo obtint par ailleurs le deuxième prix de la revue Kinema Jumpo. À partir de 1956, il fonda la renommée d'Ozu en Amérique et sortit à Paris en 1978.

Voyage au bout de l'enfer

The Deer Hunter

Film de guerre de Michael Cimino, avec Robert De Niro (Michael), John Cazale (Stan), John Savage (Steven), Christopher Walken (Nick), Meryl Streep (Linda), George Dzundza (John).

Scénario : Deric Washburn, Michael Cimino, Louis Garfinkle, Quinn K. Redeker
Photographie : Vilmos Zsigmond
Décor : Ron Hobbs, Kim Swados
Musique : Stanley Myers
Montage : Peter Zinner
Pays : États-Unis
Date de sortie : 1978
Technique : couleurs
Durée : 3 h 03
Prix : Oscar du meilleur film (1978)

Résumé

Une petite ville industrielle de Pennsylvanie, en 1968. Michael, Nick et Steven trois amis, ouvriers métallurgistes d'origine lituanienne partent ensemble pour le Viêt Nam. Faits prisonniers, ils s'évadent grâce au sang-froid de Michael, mais sont séparés. Steven, grièvement blessé, devra être amputé des deux jambes ; Nick échoue dans un tripot de Saigon où il se livre à des parties de roulette russe. Michael, tombé amoureux de sa compagne Linda, part à sa recherche, mais ne pourra lui éviter la mort. Il rapatrie le corps de Nick aux États-Unis. Après les funérailles, la petite communauté tente de se donner du courage en entonnant « God Bless America ».

Commentaire

Sa construction ample et harmonieuse, son épaisseur romanesque, son lyrisme et sa puissance émotionnelle font de Voyage au bout de l'enfer un des films les plus marquants des années 1970. L'Amérique et l'Asie, la nature et le monde industriel, la chasse et la guerre, l'individualisme et la solidarité, le deuil et l'espoir sont ici indissolublement liés, par la vertu d'une mise en scène d'une rigueur toute classique. Voyage au bout de l'enfer est le premier film à inscrire le drame vietnamien dans la réalité quotidienne de l'Amérique, l'un des rares à éviter les pièges de la dénonciation politique et de l'autojustification. Le testament d'une génération flouée…

Voyage au centre de la Terre

Journey to the Center of the Earth

Film d'aventures de Henry Levin, d'après le roman de Jules Verne, avec James Mason, Pat Boone, Arlene Dahl, Diane Baker.

Pays : États-Unis
Date de sortie : 1959
Technique : couleurs
Durée : 2 h 12

Résumé
À Édimbourg à la fin du XIXe siècle, un savant monte une expédition pour retrouver les traces d'un explorateur qui s'était engouffré dans les entrailles de la Terre en descendant dans un volcan islandais éteint. Humour et action.

Voyage au pays de la peur

Journey into Fear

Film policier de Norman Foster, d'après le roman d'Eric Ambler, avec Joseph Cotten, Dolores del Río, Orson Welles, Agnes Moorehead.

Pays : États-Unis
Date de sortie : 1942
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 11

Résumé
En Turquie, un ingénieur américain est poursuivi par des espions-tueurs qui veulent l'éliminer. Scénario de Joseph Cotten, Orson Welles ayant supervisé la réalisation.

Voyage avec Anita

Viaggio con Anita

Comédie de Mario Monicelli, avec Giancarlo Giannini, Goldie Hawn.

Pays : Italie
Date de sortie : 1978
Technique : couleurs
Durée : 1 h 40

Résumé
En quête d'une compagne pour faire le voyage qui le conduira au chevet de son père mourant, un homme de 40 ans, marié, rencontre Anita, et ment, conscient de la médiocrité de sa vie. Un scénario conçu pour Fellini comme suite à La Dolce Vita.