Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
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Firmes multinationales

Est multinationale toute firme ayant réalisé des investissements directs à l'étranger (IDE), et disposant donc de filiales localisées hors de son pays d'origine, ou ayant pénétré certains pays hôtes grâce à des alliances avec des entreprises étrangères.

Les premières firmes multinationales sont apparues au xixe siècle. En 1914, elles détenaient dans le monde un stock d'IDE de 14 milliards de dollars. Ce stock est en 1997 de 3 540 milliards de dollars, à la suite de l'accélération des IDE à partir des années 1960. Le nombre de sociétés mères multinationales était de 6 000 en 1967, avec 27 000 filiales étrangères ; il était respectivement de 54 000 et de 449 000 en 1997. Les multinationales sont un phénomène économique parfaitement banal en cette fin de siècle. En 1997, 68 % des IDE sont localisés dans les pays développés, 17 % dans les nouveaux pays industriels, 13 % dans le tiers-monde et 2 % dans les pays de l'Est ; ils proviennent à 90 % de la Triade (Amérique du Nord, Europe, Japon). En 1970, 45 % des IDE étaient réalisés dans l'industrie, 32 % dans le tertiaire et 23 % dans le secteur primaire ; à la fin des années 1990, le rapport était respectivement de 39 %, 50 % et 11 %. Les multinationales se développent surtout dans les services.

Ces firmes utilisent trois moyens pour pénétrer dans un pays hôte :

• création d'une nouvelle filiale (greenfield investment) de toutes pièces ;

• rachat d'une entreprise existante du pays hôte ;

• recours à l'une des « nouvelles formes d'inves-tissement » (terminologie OCDE) telles que sous-traitance internationale, assistance technique, livraison d'usine clés en main, accord de coproduction, de gestion, de cofinancement ou alliance stratégique (portant le plus souvent sur la recherche industrielle menée en commun) avec une firme étrangère.

Les multinationales ont plusieurs stratégies de base pour leurs IDE :

• la stratégie d'approvisionnement, où la filiale étrangère fournit des produits à la société mère ;

• la stratégie de marché, où l'IDE se substitue aux exportations de la société mère vers le pays hôte ;

• la stratégie de rationalisation de la production, où la société mère délocalise la fabrication de ses produits dans des pays à faibles coûts de production (dont un faible coût unitaire du travail) ;

• une nouvelle stratégie, dite « globale », à laquelle quelques centaines de multinationales ont recours. La firme a alors une vision mondiale de la concurrence, des marchés et des avantages comparés entre pays ; elle localise ses activités là où elles sont le plus rentables à l'aide des nouvelles technologies d'information et de production flexibles, et organise en réseau ses filiales étrangères, qui peuvent être elles-mêmes liées avec d'autres sociétés mères multinationales. Ces firmes globales participent activement aux vagues de fusions entre firmes de pays différents (24 000 opérations en 1997, soit 1 500 milliards de dollars d'actifs dont la propriété a changé de mains).

La valeur des IDE dans le monde représente 12 % du produit mondial, et le chiffre d'affaires des 200 plus grandes multinationales, 28 %. Un tiers du commerce mondial est formé d'échanges entre les multinationales mères et leurs filiales ; un autre tiers se compose d'échanges entre elles et des firmes mono-nationales ; seul un tiers du commerce mondial échappe aux multinationales. Leur impact sur le commerce extérieur, l'emploi, le développement régional et le transfert de technologie a conduit tous les États du monde à prendre des mesures pour attirer les IDE. Les multinationales occupent une place originale dans la science économique, à la croisée des théories de la firme, de l'économie internationale, de l'économie industrielle et des analyses récentes de la mondialisation

W. A.

➙ Économie industrielle, entreprise

Fiscalité

Un système fiscal moderne comporte généralement des impôts directs sur le revenu et le patrimoine, des impôts indirects sur les échanges (consommation, achats d'actifs, importations), diverses taxes et redevances, et, à la marge du système fiscal, un mécanisme de financement de la protection sociale incarné notamment par les cotisations sociales. L'ensemble de ces charges constitue les prélèvements obligatoires auxquels sont soumis les contribuables. La France ne fait pas exception à la règle, même si elle se caractérise par un poids relativement faible de sa fiscalité directe, et par la complexité de son système fiscal, résultant d'une accumulation de réformes.

La fiscalité est définie comme le système de perception des impôts (et taxes) et comme l'ensemble des lois qui s'y rapportent (Code général des impôts, loi de finances).

Le total des recettes fiscales nettes de l'État est, en France, supérieur à 1 500 milliards de francs, dont près de 40 % au titre des impôts directs et plus de 45 % pour la seule TVA.

Impôts, taxes, taxes parafiscales : toujours plus et toujours plus complexe

L'impôt est une prestation pécuniaire requise, par l'autorité publique, des personnes physiques et morales, d'après leurs facultés contributives et sans contrepartie déterminée. Il sert principalement à financer les dépenses publiques. Il ne peut être institué que par la loi. Les impôts directs sont directement prélevés auprès du redevable. Ils sont donc les plus sensibles politiquement, d'autant qu'ils sont les seuls à permettre une certaine redistribution par l'application de barèmes progressifs, c'est-à-dire dont le taux augmente en fonction de la base imposable. L'impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP) et l'impôt sur les sociétés sont les plus connus d'entre eux. Les impôts locaux, perçus au bénéfice des communes, des communautés urbaines, des districts, des départements et des Régions, font également partie de la fiscalité directe : il s'agit, en France, de la taxe professionnelle, de la taxe d'habitation, de la taxe foncière sur le bâti et le non-bâti. Enfin, les impôts sur le capital viennent compléter ce dispositif. En France, l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) taxe la possession de patrimoine ; les droits de succession, de mutation et divers droits d'enregistrement et de timbre taxent sa transmission.