Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
C

Chine (suite)

Du modèle soviétique à l'« économie socialiste de marché »

La première tâche à laquelle s'attelle le nouveau gouvernement est, sur le modèle soviétique, l'application d'un système de planification marqué par la centralisation étatique et l'indépendance vis-à-vis de l'extérieur. Dans un premier temps, l'accent est mis sur la réforme agraire et la redistribution aux paysans pauvres des terres confisquées, puis sur le rendement industriel – principalement l'industrie lourde. Le premier plan quinquennal, commencé en 1953, s'achève en 1958 avec la création de « coopératives » de production, dont dépendent désormais les paysans. La collectivisation s'intensifie et s'emballe dès le début du second plan quinquennal, avec la création des communes populaires. Les années du « Grand Bond en avant » (1958-1962) sont marquées, outre les mesures économiques désastreuses, par la sécheresse : la famine provoque des millions de morts et replonge la Chine au fond du gouffre. Le pays se remet à peine lorsque Mao Zedong déclenche en 1966 la « Révolution culturelle », qui prend fin à sa mort en 1976. Les campagnes sont plus épargnées que les villes, la production céréalière progresse, mais la Chine est à nouveau complètement isolée et, de fait, manque le décollage technologique. Malgré tout, de 1952 à 1978, le revenu par habitant a progressé de 80 %.

Dès 1978, Deng Xiaoping lance le défi de redresser l'économie du pays et de rattraper le retard pris sur les grandes puissances en instaurant un système d'« économie socialiste de marché ». Décollectivisation, suppression des communes populaires et reprise des marchés libres sont les premières mesures prises en faveur des paysans. En janvier 1979, face à la progression démographique alarmante (970 millions de Chinois, 1 milliard en 1985, contre 582 millions en 1953), est décrétée la « politique de l'enfant unique ». Décentralisation, modernisation et ouverture contrôlée vers l'extérieur viennent ensuite, qui se concrétisent, en 1979, par l'ouverture aux investisseurs étrangers, l'autorisation de créer des entreprises mixtes sino-étrangères et la création, en mai 1980, de quatre zones économiques spéciales (ZES). Les investissements directs étrangers (IDE) dopent l'économie chinoise. En 1986, la Chine entreprend des négociations en vue d'adhérer à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), qu'elle devrait rejoindre au début du millénaire (bien qu'elle ne représente encore que 3 % du commerce mondial, la Chine exporte déjà en 1998 pour 98,2 milliards de dollars vers l'Asie, 38 milliards vers les États-Unis, 33,4 milliards vers l'Europe et 14,2 milliards vers le reste du monde).

Une formidable expansion économique fragilisée par une grande instabilité sociale

La répression du mouvement démocratique étudiant, marquée par le massacre de Tian'anmen en 1989, freine les relations de la Chine avec l'Occident. Deng Xiaoping gèle les réformes jusqu'en janvier 1992. En octobre 1992 le passage à l'« économie socialiste de marché » est accéléré. Dès 1993, on retrouve une forte accélération des investissements directs étrangers, encouragés par des réformes fiscales et monétaires et la libéralisation du contrôle des changes (janvier 1994). En mars 1996 débute la réforme des grandes entreprises du secteur public déficitaires, qui aura pour conséquence des millions de sans-emploi. À la mort de Deng Xiaoping, en février 1997, le Parti communiste chinois confirme sa volonté de poursuivre la politique de réforme économique, et en particulier celle des entreprises d'État. Le flux de travailleurs migrants, démunis, venus des campagnes vers les centres urbains ne cesse de s'accroître. L'instabilité sociale et la différence de revenus entre les régions côtières et intérieures rendent précaire l'équilibre économique, fragilisé par la crise asiatique de l'été 1997. Néanmoins, la Chine tient bon et refuse de dévaluer le yuan pour restaurer sa compétitivité face aux autres pays exportateurs d'Asie – s'imposant ainsi comme une puissance économique « responsable »

M.-F. B.

Chine

Population : 1 277 558 000 hab.

PNB (1997) : 886,05 milliards de $

PNB/hab. : 860 $

Structure de la population active : agriculture 49,1 %, mines et industrie 19,5 %, services 31,3 %

Taux de chômage : 3%

Chômage

Avec les relèvements successifs des prix du pétrole en 1974 et 1979, les pays occidentaux voient leurs taux de chômage augmenter substantiellement dans la première moitié des années 1980, puis à partir des années 1990-1991. Toutefois, la différence est nette entre les pays de l'Europe continentale, avec des taux de chômage qui se maintiennent à des niveaux élevés, surtout en France et en Europe du Sud, et les pays de l'Amérique du Nord et le Royaume-Uni, où la situation est souvent caractérisée, à la fin des années 1990, comme proche du plein-emploi, mais avec des inégalités salariales importantes.

Décrivant initialement le fait de ne pas travailler à l'occasion d'une fête rituelle, le chômage est une réalité et une notion récentes. Entré dans l'histoire économique avec les conséquences de la grande crise de 1929, il est devenu un problème central de la politique économique à partir du milieu des années 1970, qui a marqué la fin des Trente Glorieuses (années 1945-1975). Cette période avait été caractérisée par une forte croissance, de l'ordre de 4 à 5 % par an, et un faible taux de chômage, le plus souvent inférieur à 2,5 % en Europe.

Le taux de chômage est le rapport du nombre des chômeurs au nombre des actifs (ou population active), lui-même égal à la somme du nombre des actifs occupés et des chômeurs.

Ce taux diffère selon les catégories de travailleurs. En règle générale, il est plus élevé pour les jeunes, les femmes, les moins diplômés et les moins qualifiés des travailleurs. Toutefois, les raisons de ces différences sont diverses : recherche d'un emploi approprié par essais et erreurs de la part des jeunes, qui sont plus vulnérables (incidence du chômage, c'est-à-dire fréquence, plus forte) et plus employables (durées des épisodes de chômage plus courtes) que les femmes ou les travailleurs plus âgés et peu diplômés pour lesquels l'incidence du chômage est plus faible mais les durées sont bien plus longues.