Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
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Échange

Action consistant à se déposséder d'un bien, d'un facteur de production, d'un droit de propriété ou d'un revenu pour obtenir en contrepartie l'un de ces éléments.

L'échange peut se faire sans utilisation d'un intermédiaire (monnaie ou numéraire) : il s'agit alors d'un troc. Mais, avec le développement d'une production destinée à être vendue et non à satisfaire directement le besoin des producteurs, l'échange est devenu monétaire dès l'époque féodale. On peut parler aujourd'hui d'économie d'échange monétaire généralisée, bien que dans divers pays du tiers-monde resurgisse une économie informelle parallèle à l'économie de marché.

Un grand problème en économie est l'étude du rapport d'échange qui s'établit entre les marchandises, c'est-à-dire leur prix. Celui-ci peut être exprimé soit à l'aide d'un des deux biens échangés (une table vaut deux chaises), soit à l'aide d'une unité de compte (une table vaut cent kilogrammes de blé, une chaise vaut cinquante kilogrammes de blé), ou à l'aide d'une monnaie (une table vaut 200 francs et une chaise vaut 100 francs)

P. B.

➙ Capitalisme, prix, termes de l'échange, troc

Échange inégal

Analyse des relations économiques entre les pays développés et ceux du tiers-monde, reposant sur des transferts de richesses des seconds vers les premiers.

Le fondement de cette analyse, approfondie par A. Emmanuel, repose sur les écarts de salaires entre pays développés et pays du tiers-monde, permettant aux premiers d'augmenter leurs richesses par le biais des échanges internationaux. Les pays développés à hauts salaires peuvent vendre plus cher leurs produits (très recherchés par les pays du tiers-monde qui ne peuvent pas les produire) contre des biens primaires abondants, vendus d'autant moins cher qu'ils nécessitent moins de capital, que les salaires sont bas et que la concurrence internationale est vive. Le processus s'opère même si le temps de travail nécessaire pour obtenir les biens échangés est le même : l'échange est donc « inégal ». De plus, il profite à toutes les catégories sociales des pays développés : les entreprises peuvent continuer à exporter et à engranger des profits malgré leurs coûts importants ; les salariés peuvent bénéficier de revenus élevés leur permettant d'acheter facilement des produits primaires importés.

Cette théorie a suscité de nombreuses controverses dans les milieux marxisants, car elle laisse entendre que les travailleurs des pays développés participent à l'exploitation de ceux des pays pauvres

P. B.

➙ Dépendance, (A.) Emmanuel, termes de l'échange

Échéance

Date à laquelle un effet de commerce, une facture, un emprunt, tout paiement sont impérativement dus d'après les conventions passées.

J. R.

Échéancier

Document où sont classés selon leur ordre d'échéance les effets, factures, etc.

J. R.

École classique

Regroupement des principaux économistes britanniques et français de la période 1760-1848 autour de principes fondamentaux concernant la théorie des prix et la répartition des revenus.

Les économistes classiques n'ont pas formé une école au sens strict du terme, comme les physiocrates ont pu le faire au xviiie siècle en France. Ce terme de « classique » qualifie, sur une période d'un siècle environ, des auteurs qui diffèrent très souvent entre eux sur des points importants de la théorie économique : la valeur y est mesurée soit en termes de temps de travail (Ricardo, Smith), soit en tenant compte de la demande (Malthus, Say) ; la rente est soit un prix de monopole (Smith, Say), soit une rente différentielle (Malthus, Ricardo) ; la possibilité de crise générale est rejetée par certains (Say, Ricardo) et admise par d'autres (Malthus, Sismondi). Cependant, ces différents économistes ont une parenté, que l'on peut attribuer à plusieurs causes :

• premièrement, ils étudient tous la formation d'un système économique nouveau, caractérisé par la montée du salariat et de la monétarisation de l'économie ;

• deuxièmement, ils accordent de l'importance à la notion de production, à la croissance de l'activité et aux conditions de reproduction du système économique en longue période ;

• troisièmement, ils sont généralement confiants dans les effets de la libre concurrence

P. S.

➙ (T. R.) Malthus, marginalisme, (J. S.) Mill, (F.) Quesnay, (D.) Ricardo, (J.-B.) Say, (A.) Smith

École néoclassique

Courant de pensée rompant partiellement avec les économistes classiques du début du xixe siècle, mais autant attaché qu'eux au libéralisme et constituant la nouvelle théorie économique dominante au xxe siècle.

Le terme de néoclassique a d'abord été utilisé par T. Veblen pour désigner péjorativement les auteurs libéraux et marginalistes de la fin du xixe siècle. Il a ensuite été revendiqué par ceux qui voulaient construire une théorie économique établissant une continuité entre classiques et marginalistes, puis, après la Seconde Guerre mondiale, par ceux qui acceptaient un certain apport keynésien.

À partir des années 1870, un certain nombre d'auteurs ont modifié l'approche « classique » des phénomènes économiques en les envisageant comme le résultat de comportements individuels (individualisme méthodologique), tournés vers la recherche d'un maximum de satisfaction (utilitarisme) et déterminés par l'appréciation des variations de petites quantités de biens produits ou consommés (marginalisme).

Certains de ces auteurs (A. Marshall, en particulier) avaient le sentiment de prolonger la pensée classique en spécifiant l'origine de la demande des consommateurs, sans pour autant renoncer à l'idée que la valeur des biens dépend en longue période de leur coût de production. Mais la plupart d'entre eux (S. Jevons, C. Menger, L. Walras, entre autres) insistèrent sur le fait que la valeur des choses dépend de l'utilité éprouvée par le consommateur et de leur rareté, contrairement à la pensée de Ricardo ou de Marx.

La libre concurrence comme point de convergence

La principale filiation entre classiques et néoclassiques réside finalement dans l'idée que la libre concurrence conduit à la meilleure situation possible. L. Walras, en particulier, reprit la vision de l'équilibre macroéconomique de J.-B. Say, mais l'exprima sous la forme d'un modèle mathématique dit « d'équi-libre général ». V. Pareto définit les conditions pour que cet équilibre soit un optimum.