Dictionnaire de l'économie 2000Éd. 2000
R

Refinancement (suite)

Les banques utilisent ces techniques (notamment l'escompte ou la pension d'actifs) pour combler chaque jour le décalage entre leurs ressources (leurs fonds propres, les dépôts de leurs clients, les emprunts) et les crédits qu'elles consentent. La banque centrale a alors un rôle majeur, car elle répond aux besoins des banques en réescomptant leurs titres et en fournissant ou en retirant des liquidités sur le marché monétaire. Le refinancement peut aboutir à la création de monnaie

S. F.

➙ Banque centrale

Régionalisation

Réforme transférant des pouvoirs de l'État central aux régions dans le but d'améliorer l'efficacité de l'action publique.

La France, pays traditionnellement jacobin et centralisé, à la différence par exemple de l'Allemagne, de la Suisse ou des États-Unis, s'est lancée en 1982 dans la voie, pour elle quasi révolutionnaire, de la décentralisation. Plusieurs dizaines de lois et de décrets depuis quinze ans ont contribué à édifier un édifice juridique nouveau, qui se traduit par un allégement des contrôles de l'État sur l'action des collectivités locales et par un élargissement considérable du champ des compétences, notamment économiques, de ces dernières. En même temps, un effort a été fait pour que les pouvoirs gouvernementaux et administratifs concentrés à Paris soient « déconcentrés » au niveau des préfets, en particulier des préfets de région, pour les grandes opérations d'équipement.

Ce sont surtout les régions – collectivités beaucoup plus récentes que les communes ou les départements – qui auront bénéficié de cette nouvelle orientation, et cela essentiellement depuis 1986, date des premières élections des conseils régionaux au suffrage universel. Leurs budgets ont beaucoup grossi depuis cette date, atteignant près de 70 milliards de francs en 1997, contre 12 en 1983. Ceux des communes restent beaucoup plus importants (428 milliards et 209 milliards), mais la montée en puissance des régions a été beaucoup plus remarquable d'autant plus que leurs dépenses sont essentiellement des investissements.

Le clivage est-ouest

On voit se constituer des ensembles suprarégionaux comme l'arc atlantique (de Porto à l'Écosse en passant par Bordeaux et Nantes), l'euro-région Lille-Bruxelles-Londres grâce au tunnel sous la Manche, ou – autre ensemble à une plus petite échelle – la communauté de travail du Jura entre la Franche-Comté et le canton suisse voisin. L'objectif de ces regroupements au-delà des frontières est à la fois de cimenter des solidarités géographiques, historiques, voire ethniques, et de faire pression sur les autorités de Bruxelles, qui, à travers les fonds structurels dotés de moyens financiers importants, peuvent orienter les politiques d'équipement, de grands travaux transfrontaliers et de création d'emplois.

La « grande peur » des régions françaises situées à l'ouest d'une ligne Lille-Toulouse reste cependant de se retrouver « marginalisées » à cause de leur situation périphérique, qui ne ferait que s'accentuer avec l'entrée dans l'Union européenne des pays d'Europe centrale et des rives de la Baltique.

F. G.

➙ Régions

Régions

Les Régions ont un poids démographique, une taille, un budget, une équipe de fonctionnaires et d'experts différents. L'Île-de-France, avec ses 10 millions d'habitants, n'est guère comparable au Limousin ou à la Corse (qui bénéficie depuis 1992 d'un statut particulier).

Les Régions françaises – 22 en métropole et 4 outre-mer – ont une existence administrative depuis le début des années 1950 mais elles n'ont acquis leur reconnaissance juridique entière en tant que collectivités territoriales (au même titre que les communes ou les départements) qu'en 1982-1983. C'est à ce moment en effet que, sous l'impulsion de Gaston Defferre, alors ministre de l'Intérieur, et de la décentralisation, furent votées des lois qui leur permettent d'organiser leurs services à leur guise ou de fixer leurs ressources fiscales en quasi-liberté.

En Europe, selon qu'elles sont situées à la périphérie (Poitou-Charentes, Bretagne) ou au cœur d'un espace dynamique, ou encore proches de ce que les géographes appellent la « banane bleue » – ce croissant allant de Londres à Milan en passant par Bruxelles, Francfort et se prolongeant vers Barcelone –, les régions auront plus ou moins de chance d'attirer des activités, des centres de recherche d'entreprises multinationales, des grands congrès internationaux. Par exemple, si Disneyland s'est installé à l'est de Paris, dans le périmètre de la ville nouvelle de Marne-la-Vallée, c'est non seulement parce que les gouvernements ont facilité – financièrement et administrativement – l'arrivée de la firme multinationale mais aussi à cause de la situation géographique elle-même : proximité de l'aéroport de Roissy, gare d'interconnexion TGV, bonne desserte en autoroutes, vivier démographique (donc de visiteurs) important.

La dimension européenne des Régions

Quand on établit un classement européen des 196 entités régionales, on note que l'Île-de-France est, en termes de richesse produite, au premier rang européen devant la Lombardie (capitale Milan) et le Grand Londres. Le PIB (produit intérieur brut) de la région parisienne est deux fois celui de l'Autriche. C'est l'Épire, en Grèce, qui est en queue de peloton. Mais, en France, pour une moyenne européenne de 100, le Languedoc-Roussillon est à 81 (ce qui est 2,4 fois moins que l'État de Hambourg), et la Corse ou le Limousin ne sont pas beaucoup mieux lotis dans ce classement comparatif.

La vie économique du continent européen se concentre sur une zone comprise dans un cercle de 500 km autour de Bruxelles. Cette zone, qui couvre seulement 8 ou 9 % du territoire européen, compte 65 millions d'habitants mais détient plus de la moitié de son potentiel industriel. Surtout – et même si les statistiques ne sont pas à prendre au pied de la lettre pour exprimer le progrès et le bien-être –, le PIB par habitant y est supérieur de 21 % à la moyenne communautaire. Au vu des premiers résultats du recensement de la population, diffusés en juillet 1999, il apparaît que les régions qui se placent en tête dans la course sont celles où des métropoles solides structurent l'espace : des villes comme Toulouse, Lyon, Montpellier, Nantes, Lyon, Rennes ou Strasbourg se développent souvent en « aspirant » la population rurale environnante et celle des petites villes proches. En revanche, l'Île-de-France et Paris connaissent un déclin relatif, dû aux départs de plus en plus nombreux de Franciliens vers la province.